dimanche 21 août 2022

    Dessin du Dimanche : Une chevauchée dans le Royaume de Yelgor

    Un retour à l’aquarelle pour une illustration qui sera utilisée dans le cadre d’une animation autour du jeu de rôle. Celle-ci s’adressant autant aux amateurs de ce loisir qu’aux néophytes, j’esquive les poncifs des guerriers agressifs et des petites pépés en « bikini-chaimail »[1] pour une ambiance plus posée, qui invite à la contemplation et au voyage plutôt qu’à la confrontation.

    Je souhaitais aussi exposer en une seule image plusieurs genres phares du loisir, d’où la présence du vaisseau spatial qui oriente la composition vers la science-fantasy, une sous-catégorie de la SF dans laquelle se range ma propre sage des Chroniques de Yelgor. Cette vision s’intégrerait parfaitement dans cet univers, dans lequel la magie ne joue qu’un rôle marginal, quand elle n’est pas d’origine technologique.

    Cette envie d’une ambiance plus sereine me vient avec l’âge et la pratique du jeu. Mes goûts en la matière se portent de plus en plus vers des scénarios moins axés sur le combat et plus sur la négociation, sur les rapports entre les personnages et cette image exprime ce changement de paradigme.


    Voici les différentes étapes par lesquelles je suis passé :

    1/ En premier lieu, une série de croquis pour placer les personnages dans l’espace et réfléchir sur l’atmosphère globale du dessin. Comme je gambergeai sur cette image depuis un moment, je l’ai très vite trouvée. En les analysant à froid, je réalise aussi que mes compositions intègrent souvent un cadrage sur les diagonales additionné à plusieurs triangles qui s’entrecroisent pour orienter le regard du spectateur.

     

     

     

     

     

    2/ Un second croquis pour dégrossir la scène. À ce stade, je souhaite conférer un aspect intimidant à la femme-chat (une sylvestre dans le monde de Yelgor, je l’appellerai ainsi pour le reste de l’article). J’y renoncerai au fur et à mesure de mes réflexions et des différentes versions.


     





    3/ Encrage du croquis pour avoir une idée des masses sombres et claires, mais aussi pour préciser le dessin. La sylvestre possède toujours son bras mécanique, et elle a dégainé son épée. À la base, elle correspondait à un PNJ qui confrontait mes joueurs à la fin du scénario. Comme cette image a été créée pour du matériel de promotion, j’abandonnerai le côté « guerriére badass » au profit de quelque chose invitant plus à la contemplation. Cela se justifie d’autant plus que le combat contre cette sylvestre n’est qu’une option parmi d’autres et notamment celle de s’en faire une alliée.





    4/ Premier essai, pas vraiment concluant, pour notre protagoniste. Elle possède toujours son bras artificiel. Je l’effacerai dans les prochaines versions, mais je conserverai son équipement de base : épée, arc et carquois. Je modifierai son costume en fonction de mes recherches bibliographiques.







    5/ Pour le smilodon qui sert de monture à la sylvestre, j’ai lorgné sur les peintures de Charles R. Knight, mais je n’ai pas réussi à maîtriser mon trait, conférant au félin un côté tigre asiatique.

     
     
     
     
     
     
    6/ Après avoir dessiné le smilodon, je lui ai enfin accolé sa cavalière. C’est là que j’ai changé son aspect, optant pour une posture moins agressive. Le bras artificiel a disparu. Le harnachement, la tenue et l’équipement s’inspirent des cavaliers lourds turco-mongols du XIIe siècle. Seule la couleur de l’armure diffère, car j’ai employé le bleu pour détacher la sylvestre en vadrouille du reste de l’environnement qui baigne dans une palette plutôt chaude. Pourquoi un choix historique si précis ? Parce que je souhaitai esquiver le sempiternel chevalier moyenâgeux pour quelque chose de plus dépaysant. Une démarche qui est aussi au cœur Des Chroniques de Yelgor dans lequel je m’amuse à tordre les poncifs esthétiques du genre pour dépeindre d’autres ambiances.


    7/ Enfin, j’ai associé le tout dans le crayonné, cette fois au format A3.













    8/ Encrage réalisé au feutre. Celui-ci n’est pas indispensable, mais comme j’utiliserai l’aquarelle, et que le papier conçu pour cette technique est épais, je renforce le trait en prévision du transfert sur la feuille définitive via la table lumineuse. Je synthétise aussi quelques détails, car moins il y en a pour la pose des couleurs, et mieux c’est.










    9/ À l’aide d’une photocopie, j’ai réalisé un ombrage pour m’aider. Une étape un peu superfétatoire puisque je ne l’ai même pas achevé et que je m’en suis peu servi.