Quoi ?? Du shôjo manga chez Gernier !! Oui, oui, en tant que bibliothécaire je me fais un devoir de rester curieux. Une amie à moi m'a donnée quelques conseils pour explorer cette contrée de la BD, très vaste qui s'étend jusqu'aux confins de l'horreur !! En espérant vous en montrer plus prochainement, il y a des auteurs qui valent vraiment le déplacement....
Black Rose Alice reprend le mythe du vampire pour lui faire faire un demi-tour sur lui-même et l’amener là où on ne l’attend pas forcément. Il faut oublier les vampires scintillant de « Twilight » tout comme les monstres sauvages des versions antérieures. Ici des plantes parasitent des hommes, lesquels deviennent des sortes « d’arbres » au corps remplis d’insectes. On ne peut que s’incliner devant la manière dont l’auteur a intégralement changé les donnes du vampire pour aborder la thématique de l'instinct de conservation qui va avoir court tout au long de ce récit assez étrange.
Dimitri chanteur soliste à Vienne en 1908 a la mauvaise surprise de faire une rencontre frontale avec un cheval paniqué. Il meurt mais revient à la vie en tant que vampire et découvre horrifié suite à un suicide de masse après un concert qu'il donnait que sa voix tue. Tétanisé par son pouvoir, le jeune-homme tue la jeune femme qu’il convoite. Il parvient à maintenir le corps en vie, bien que sans âme. Ce qui nous amène en 2008 au Japon où une jeune femme, Azusa, meurt d’un accident. Dimitri, avec ses acolytes vampires va s’emparer de son âme et la transvaser dans le corps sans esprit de sa bien-aimée. Azusa va ainsi se réveiller dans le corps d’un vampire et être l’objet de toutes les convoitises....
Car nos vampires se regroupent en nid. Cette donnée permettra à l’auteure de placer les figures archétypales du shôjo (les jumeaux, le jeune expansif et le ténèbreux et de les faire jouer dans un étrange ballet de séduction car l’accouplement des vampires entraînent la mort de ceux-ci. De même que la femme ensemencée par le vampire donne naissance dans la mort à des graines (Une scène très poétique idéalement placé montre cela.).
Il sera donc question pour nos personnages de déterminer ce qui répond aux impératifs de la survie de l’espèce (but de tout acte reproductif), de séparer les sentiments et les ressentis de l’impératif naturel. Evident ? Pas vraiment. Même si l’auteur fait ici beaucoup de projection pour traiter son thème, elle utilise une façon de faire qui va au-delà de toutes les niaiseries que l’on a déjà pu produire sur le sujet en exploitant les rapports entre les personnages et les aspects finalement profondément irrationnels qui dorment en nous. L’auteur construit donc à travers tout son récit tout un dialogue interrogatif entre ce qui meut les émotions et la pulsion mécaniste, entre la conscience de soi et celle de l’espèce.
Vaste sujet que l’auteur exploite habilement dans un récit tout en nuance, utilisant toutes les possibilités de la mythologie vampirique qu’elle installe peu à peu, à des lieux d’une exploitation classique du monstre. Si vous souhaitez commencer à vous intéresser à cette autre versant de la BD du pays du Soleil-levant, voici une série propre à vous interpeller…. En douceur….
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