dimanche 12 janvier 2014

    Éphémérides 2014 : L'année de tous les Dangers !


    Bonjour chères lectrices et chers lecteurs…

    Avec la nouvelle année, il est l’heure pour moi de faire une sorte de bilan de ce blog. Cela fait trois ans que je nourris une fois par mois cet espace de liberté où je publie ce qui me traverse la tête dont cet article patchwork. Chaque changement de date est l’occasion de poser des jalons et de regarder ce qui a été fait et ce qui reste à faire. J’achèverais l’article fleuve sur les vampires, bien que les productions que je vise de mes piques - la Bit-Lit dans ce qu’elle peut avoir de plus clichée - s’essoufflent. Il ne reste que quelques indécrottables fanatiques qui ne parviennent pas à voir que la fête est finie.

    Ce dernier point m’inspire une petite réflexion : on pourra me rétorquer que j’ai "beau jeu" de me poser en "père la morale" alors même que j’utilise un univers empreint d’un bestiaire fantastique d’une étonnante similitude avec ce type d'ouvrage que je ridiculise… Après tout, les frasques d’Ethel Arkady se déroulent dans un monde fictionnel en tous points similaire.  N’ai-je pas tout à gagner à la pérennité de ce sous-genre ? Pour ma défense, j’arguerais que les vampires et autres créatures appartiennent à l’ordre de la métaphore. J’en use comme bon me semble et selon l’angle d’attaque que j’ai fixé pour aborder le sujet. Le vampire incarne pour moi « le Capitaliste Ultime ». Il est destiné à être la Némésis d'Ethel Arkady qui symbolise de son côté « la Liberté » dans ce qu’elle peut avoir de plus paradoxale : Arkady pouvant aussi bien décapiter un nouveau-né avec les dents que sauver un SDF sur un coup de tête…

    Ce petit détour par mes propres écrits que je m’applique à rendre cohérent depuis sept ans déjà me fait songer au dilemme qui secoue notre monde humain et dont nous sommes tous les jours pollués par les éructations sonores. Le mantra de nos marionnettistes nous souhaite constamment tendus comme des cordes d’arc obsédées par une « crise » qui n’existe que pour justifier leurs rapacités pantagruéliques. Dans cet environnement mental délétère, ont surgi du net des gourous phagocytant de nobles causes, amalgamant tout et son contraire pour redistribuer des votes en direction du Front National.

    Ce ne serait pas important si ces clébards en rut ne rencontrez pas un tel succès public auprès d’une frange de la population séduite par les sophismes de ces malfaisants dans lesquelles on trouve parfois des pépites d’informations correctes disséminées ça et là comme les cailloux d’un Petit Poucet sadique. Ces amalgames soigneusement conçus rendent d’autant plus virulents les messages conçus par ces crypto-facistes. Tous ces amalgames ont créés une culture dévoyée, profitant des lacunes béantes d’un système d’éducation largement déficitaire qui ne procure pas aux nouveaux citoyens les protections idéologiques dont ils auraient besoin pour juger un tel discours à l’aune d’un esprit critique bien charpenté. Les agitateurs qui se drapent dans les oripeaux d’un catéchisme « antisystème » le savent bien et ils ne proposent que la stratégie du bouc-émissaire. Une méthode qui a en d’autres temps fonctionnée, jusqu’à un certain point…

    Les extrêmes fleurissent comme des champignons, augurant un futur des plus sombres. C’est pourquoi il faut tenter de se rappeler que seul l’Imagination et l'ingéniosité donnent à l’humain l’occasion de s’élever au-delà de sa pitoyable condition. Les solutions à de nombreux problèmes avec lesquels les médias nous angoissent existent, entre les pages des livres, dans la magie de la technologie. Il ne manque que la volonté de les mettre en œuvre. Il est de notre responsabilité de ne pas succomber à la névrose ambiante, de contrôler l’irrationalité qui s’empare de nous lorsque nous sommes acculés par la rumeur pour émerger hors de la vase.

    En cette nouvelle année je ne changerai donc pas mon fusil d’épaule d’autant que les histoires d’Ethel Arkady me permettent de rassembler plusieurs préoccupations qui me tiennent à cœur et qui participent autant de l’observation de la « réalité » tel que nous la construisons que du fantastique le plus pur.

    Pour finir, je vous propose une petite sélection du meilleur et du pire de l’année 2013 (selon moi). Une manière de se faire du bien et de vous recommander quelques nourritures de l’esprit tout en crachant un peu de venin puisque ceci sera le seul article « Foutage de Gueule » de l’année 2014.

    1. Littérature :


    Le meilleur : 

    les Ombres de Canaan / Robert E. Howard.

    Je me replonge avec délectation dans l’univers imaginaire de l’écrivain texan, surtout depuis que ses nouvelles ont été révisées, corrigées et compilées par le traducteur Patrice Louinet qui nous épargne les ajouts de Lyon Sprague De Camps. Rassemblant une sélection de contes horrifiques de Howard, le recueil suit l’évolution de son art dans le domaine du fantastique depuis ses débuts incertains jusqu’à ce que l’auteur trouve sa voie.

    Si Howard est plus connu pour la Fantasy à tendance bourrine avec les aventures de Conan, c’est un réel plaisir de le retrouver sur le terrain du fantastique pur et dur. Les premières nouvelles sont constituées d’hommage à l’écrivain William Hope Hodgson [1]. Elles rappellent par leurs ambiances maritimes et gothiques les récits de Jean Ray [2]. Par la suite Howard se fend de quelques Lovecrafteries et si l’on reconnaît l’empreinte du maître de Providence, la patte d’Howard leur confère une singulière brutalité. La Pierre Noire en particulier, avec son rite démoniaque retranscrit de façon presque clinique par l’écrivain demeure un summum de gore pur et dur.

    Puis le style d'Howard s'affermit. Il décide de transposer des légendes de son Texas natal au sein de sa fiction. Il se débarrasse de toutes influences parasites, dont celle de Lovecraft, qu’il gratifiera d’un pied de nez dans la nouvelle Les Pigeons de l’Enfer. Avec son titre très série Z cette histoire d’horreur d’une efficacité redoutable propose une des plus terrifiantes et originales apparitions de zombie qu’il m’ait été donné de lire. Et après m’être enfilé quelques bouses infâmes sur le sujet (Bonjour le comics Walking Dead), autant dire que cela fait du bien !

    Parsemant l’ouvrage on trouve quelques nouvelles traitant à plusieurs reprises de la réincarnation. Howard accordait du crédit à cette croyance, ce qui donne parfois lieu à des fictions aussi troublantes que poétiques comme « Pour l’amour de Barbara Allen », dans lequel l'auteur change de registre et rédige quelques pages d’une insondable tristesse…

    Tâcheron pissant de la ligne pour les uns ou génie méconnu pour les autres, Howard se situe quelque part entre les deux, mais son talent de conteur ne peut être remis en doute tant ses récits foncent le pied au plancher au cœur du sujet pour embarquer le lecteur ailleurs…

    Le Pire :

    Comprendre l’Empire Alain Soral.

    Quelques précisions préalables : Je suis par essence apolitique et si je respecte votre foi à l’égard des questions religieuses, je déteste que l’on me fasse chier avec un prosélytisme malsain. Il en de même avec des idées issues des égouts de la pensée. Je suis par nature opposé aux régimes maltraitants leurs populations et à toutes formes de censures. Je n’ai pas de carte de partis politiques, ni de sigil ! Maintenant que ceci est clair, allons-y !

    Je me fendais précédemment d’un paragraphe sur les gourous du net, en voici un exemple vivant ! Convaincu par un ami de longue, j’empruntais cet opuscule à la bibliothèque pour m’éclater les rétines à sa lecture. Car qui pourrait trouver des qualités à cette chose puérile d’un homme s’auto congratulant auteur et sociologue. Soyons honnêtes :ceci est un livre de merde !

    Non seulement Alain Soral mélange les sujets les plus diverses qu’il picore dans l’actualité, mais en plus le bougre justifie ses innombrables sophismes par je cite : « Des années de lecture ! » ce à quoi on aimerait demander : « Lesquelles ? » puisque Soral ne nous gratifie d’aucune bibliographie, ceci afin de sauvegarder son lecteur de toutes lourdeurs universitaires. Soral néglige donc l'intelligence de son lecteur tout en l’abreuvant de mots techniques que celui-ci doit maîtriser sous peine de ne pas comprendre les enjeux du texte… Pourtant, une petite bibliographie aurait pu être d’une quelconque utilité à lecteur plus curieux qui aurait apprécié de se désaltérer aux sources de la connaissance de ce grand philosophe qu’est Alain Soral… Égal à lui-même, l'auteur est illogique jusque dans la conception de sa poussive rédaction censée nous expliquer la vie, la mort, le cul en quelque 150 pages.

    Ne nous faisons pas d'illusions, l'auteur ayant autrefois tapiné [3] dans des émissions de télé-réalités sordides pour y exposer son palmarès de dragueur invétéré, il ne faudra pas s’attendre à un style littéraire relevé ni encore moins à des saillies textuelles intelligentes. On nage en plein dans la boue des lieux communs. Combinant un ensemble de phénomènes aléatoires en une seule explication simpliste (tout est de la faute des sionistes-francs-maçons... Ils empoisonnent de l’eau pour qu’on attrape tous un psoriasis…). Lassé de courir après le cul des femmes, je suppose que Soral fait la cour à un pays dans son entier en faisant le pari de le ramener dans le giron d’une extrême droite décomplexée.

    Tout cet assemblage brinquebalant de cliché ne serait pas tragique si l'acculturation causée par les mêmes télé-réalités et leurs logorrhées pour lagomorphes neurasthéniques n’avait envoyé l’esprit critique de la plupart de nos concitoyens dans les chiottes. Comment adhérer aux idées d’un Soral portant aux nues des personnages politiques aussi dangereux que Poutine par exemple, lequel a autrefois descendu froidement sa propre population pour résoudre une prise d’otage.

    Comprendre l’Empire ne propose aucune nouvelle grille de lecture pour saisir les immenses ramifications du pouvoir. L’auteur ne fait aucune différence entre l’ancien capitalisme, défini par son théoricien Adam Smith et le Néo-libéralisme, pas plus qu’il ne suggère de solutions pour sortir de cette solide toile d’araignée où nous sommes tous interconnectés. Pour mettre au point une vision d’avenir il eut fallu se renseigner auprès de scientifiques, d’ingénieurs ; il eût fallu maîtriser tous les paramètres d’un monde complexe en permanente transformation et non en négliger des aspects importants, par exemple l’impact des activités humaines sur l’environnement.

    Soral ne fait qu’exciter l’appétit de la foule pour les explications les plus simples au travers d’un discours brassant dans toutes les doctrines « altermondialistes » pour ne pas révéler les traits grimaçants de sa véritable nature. Derrière son apologie du travail (encore…), du français bien français et du musulman bien musulman se dissimule une haine virulente de tout ce qu’il ne peut comprendre.

    Les allures de matamore du sieur Soral et de sa clique ne doivent pas tromper ! Lui et les siens adoptent une double position paradoxale, faite de provocations morbides dans un premier temps puis, dans un mouvement de reflux pouvant parfois être assimilé à de la lâcheté pure et simple, ils assument une posture de victimes outrées, cibles d’une intelligentsia de « bobos » manipulée par les lobbies « Maçonnico-sioniste » ! Rassurons un peu ces paranoïaques pathologiques [4] : les fameux lobbies existent ! Cependant, ils ne font pas grand-chose pour empêcher les idées malsaines de Soral et de ses complices de se diffuser, Comprendre l’Empire ayant été un succès en librairie… Les concepts d’extrêmes droites auraient-ils quelques invisibles protecteurs, encourageant cette gangrène philosophique à se disséminer dans le corps social ?

    Je ne vais pas m’étendre sur l’énormité de la chose, d’autres l’ont fait mieux que moi, mais il est dommageable de voir à quel point ces idéaux grotesques se répandent, trouvant un terreau durable dans les cerveaux malléables. La multiplication des signaux d’alarme impliquant un signe désormais trop célèbre témoignent d'un dangereux ballet idéologique où les camps opposés se nourrissent de leur haine mutuelle en espérant que le jeu de manipulation leur sera à tous deux favorable… [5]

    2. Bande-dessinée :

    Le Meilleur :


    - Moto Hagio Anthologie Moto Hagio

    En musardant de ça et de là entre les rayonnages encombrés des libraires on peut tomber sur de bonnes choses. Dans le domaine du manga ce sera l’auteure méconnue dans nos contrées Moto Hagio qui dans un style vaporeux démontre sa maîtrise implacable de l’histoire courte à tendance parfois horrifique, souvent fantastique. Reconnue comme l’une des créatrices du shojô [6] dans les années 1970, Moto Hagio explore une narration explosée dosant de manière subtile l’angoisse.

    Enfant meurtrier, double envahissant, gémellité troublante peuplent un univers trouble qui rappelle souvent les meilleurs écrivains du fantastique comme Edgar Allan Poe ou Henry James. Le diable se loge dans les petits détails et le passage d'une case à une autre peu amener un retournement de situation redoutable. En outre Moto Hagio n’hésite pas à changer de genre, arpentant parfois les arcanes d'une SF complexe. Avec Nous Sommes Onze, l’auteure montre toute l’étendue de son talent dans un angoissant huis clos spatial. On regrettera que la suite des aventures des onze se disperse un peu trop. Un écueil largement tempéré par la qualité de la narration et la description d'un univers cohérent.

    Plus qu’une BD classique, cette œuvre participe d’une recherche à la fois graphique et thématique sur le médium tout en repoussant les limites des genres. Malheureusement, la publication qui lui est consacrée par Glénat démontre encore une fois toute la médiocrité de cet éditeur qui nous offre à nouveau des livres fragiles, mal encollés et mal imprimés… Capitalisme sauvage quand tu nous tiens...


    - Sandman / Neil Gaiman.

    Dans le petit monde du comics, Sandman a gagné ses titres de noblesse grâce à un récit morcelé dont chaque fragment peut se lire comme une histoire complète, mais dont l’ensemble des parties forme une vaste saga sur le rêve dont les personnages récurrents ne cessent de se croiser. De 1989 à 1996, Neil Gaiman construit un univers foisonnant, passant d’une époque à une autre pour les besoins de son scénario. Picorant à toutes les traditions de contes et légendes, il cimente sa fiction dans un faisceau de références qui aboutiront à une fin aussi tragique qu’inévitable. Les variations de style graphique peuvent rebuter, chaque chapitre bénéficiant du travail d'un dessinateur différent. Cependant, ces fluctuations possèdent une justification, Neil Gaiman confiant chaque partie de son script à un artiste capable de lui conférer l’ambiance idoine.

    Pourquoi parler d’une BD qui n’est pas récente ? Tout simplement parce que les éditions Urban Comics ont décidé de réimprimer l’ensemble des épisodes en faisant table rase des forfanteries éditoriales de Panini Comics. La traduction a été repensée et quelques planches bonus ont été ajoutées. Des analyses de scénarios et des interviews complètent ces monstrueux ouvrages nous permettant de nous replonger dans un classique de la littérature. On pourra reprocher le prix excessif aux alentours de 35,00 € par album ce qui ne met pas la série à portée de toutes les bourses, mais vous pouvez toujours les faire venir dans vos bibliothèques !

    Quoi qu'il en soit, en passant de la fantasy à l’horreur gothique, Sandman offre en une seule histoire un gigantesque panorama de toute la richesse du fantastique. Une saga qui demeurera l’unique diamant de son auteur, Sandman ayant, épuisé toutes les audaces narratives de Neil Gaiman.  Il ne retrouvera jamais une telle virtuosité et ce ne sont pas ses médiocres romans qui me convaincront du contraire. Une œuvre dont la perfection dépasse tous les codes, les conventions et les stéréotypes du genre… Ce qui est déjà pas mal pour des « petits Mickey »…


    - Cromwell Stone / Andreas.

    Ma découverte de cet auteur complet allemand ne date, à ma grande honte, que de l'année dernière. Doté d’un style anguleux et jouant des possibilités narratives induites par le découpage, Andreas a trituré les capacités de la BD à explorer de nouveaux territoires au travers de scénarios flirtant toujours avec le fantastique et la science-fiction. Cette recherche de l'inquiétante étrangeté va conduire l'Allemand à s'intéresser de près à l'œuvre d'Howard Phillip Lovecraft.

    On a beaucoup glosé sur les difficultés qu’il y avait à adapter Lovecraft dans d’autres médias que la littérature. Ceci s’explique sans doute par une technique d’écriture oscillant entre une précision chirurgicale dans les nombreuses descriptions qui émaillent ses récits et un goût pour l’hypertrophie adverbiale confinant aux délires lorsque les abominations du cosmos achèvent de rendre fous les héros. Cette méthode de narration consistant à empiler les adjectifs et les adverbes les uns derrière les autres créent un effet incantatoire, une ivresse par le verbe.

    À côté de cela on lui reprochera de bâtir des dialogues plats et de négliger la caractérisation de ses personnages, mais c’est oublier que les protagonistes de Lovecraft ne sont que des appareils sensoriels placés là où ils sont pour transmettre aux lecteurs une vérité angoissante avant d’être broyés. À ces difficultés s’ajoute encore la maîtrise totale de la structure de l’histoire. Perfectionniste, Lovecraft peaufinait l'architecture narrative de ses contes. À cet égard, des nouvelles comme l’Appel de Cthulhu, l’Affaire Charles Dexter Ward ou les Montagnes Hallucinées sont des modèles de construction dramatique.

    Ces pièges ne parviennent pas à annihiler l’attrait des beautés morbides suggérées par l’écrivain et de nombreux artistes, toutes pratiques confondues, se sont frottés de front à son l'univers suintant. La plupart ont connu un échec prévisible en tentant de visualiser les créatures du « Mythe de Cthulhu » mais celles-ci s’apparentent à l’incarnation du concept « d’Horreur Cosmique ». Elles sont donc, du fait de leur statue à la limite du symbolique, peu aptes à être matérialisées de manière crédible. Certains exégètes lovecraftiens, plus prudents dans leurs démarches ont biaisé le problème en adaptant les nouvelles de Lovecraft à leurs visions propres. Cette option peut parfois aboutir à des résultats assez étranges comme le Néonomicon d’Alan Moore.

    À l’opposé de ce traitement, Andreas contourne les écueils qui lui barraient la route en s’inspirant de la cosmogonie de Lovecraft sans faire référence à aucun de ses textes. Pourtant, le synopsis de ce triptyque contient tous les éléments pour figurer dans l'univers du reclus de Providence. Ainsi le personnage principal, Cromwell Stone, nous apparait-il d’abord comme un homme traqué par de mystérieux tueurs pour avoir participé à une croisière qui fut le théâtre de phénomènes étranges. Il se réfugie dans une immense bâtisse hantée tandis que d'inquiétants voisins surgissent dans son environnement anxiogène. Le lecteur s’en doute : la maison est liée aux événements de la funèbre croisière, eux-mêmes connectés à l’émergence d’une entité divine perdue sur notre planète. Cromwell Stone, tiraillé par des forces occultes qui le dépasse n’échappera pas à son destin et connaîtra lui aussi un sort bien plus pervers que la mort…

    La dimension d'horreur cosmique donne toute son essence lovecraftienne à un récit mené tambour battant est obtenue grâce au travail graphique d’Andreas rappelant certaines gravures du 19ème siècle. Le noir et blanc tranché apporte une indéniable atmosphère à cette BD qui multiplie les visions dantesques. Cromwell Stone, bien qu’en marge de l’univers de Lovecraft peut se lire comme une synthèse de toutes ses thématiques de prédilection. Au travers de cette BD d'une rare intelligence, Andreas prouve que les meilleures adaptations sont celles qui conservent l’esprit particulier d’un auteur sans en suivre la lettre…

    Le Pire :

    Les sorties de bouses imprimés ont été si nombreuses en 2013 que je n’aurais pas assez d’un livre de 2300 pages pour en venir à bout. Autant se concentrer sur ce qui est bon…

    3. Cinéma :

    - Le meilleur : 


    Je me suis déjà fendu d’un article au sujet de ce film et de ses nombreux détracteurs. Que dire sinon que Tarantino essaie toujours d’exhumer une certaine forme de divertissement populaire sans pour autant renoncer à en faire un objet qui ne serait qu’uniquement marchand. Si on peut lui reprocher sa gouaille et quelques tics de réalisation, le résultat est néanmoins efficace et digne des séries B d’antan. Un spectacle intelligent qui marque le retour du western spaghetti sur grand écran. Que demander d’autre ?





    - Le Pire : 



     - Le Hobbit : La Désolation de Smaug / Peter Jackson.
    En s’occupant du Hobbit, juste après être sorti de la réalisation du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson tente de refaire ce qui a fait son succès dans la fantasy. Las, il semble bien que le système hollywoodien ait dévoré l’âme de Peter Jackson avec la même rapidité que le dragon Smaug croquant un nain.

    Le moindre tic stylistique du réalisateur est multiplié par 1000. Les prises de vue aérienne se muent en complexes mouvements de caméra aussi inutiles que gerbant. Le montage accuse une paresse inouïe là où Peter Jackson n’hésitait pas  autrefois à faire des cuts violents, incisifs qui frappaient par leurs brutalités et donnaient un impact dramatique puissant au passage d’une scène à une autre. La direction photographique atonale ne saisit aucune ambiance. Les différentes séquences éclairées de façon similaire sombrent dans une platitude exaspérante. Ainsi la description d’une ville a-t-elle exactement le même étalonnage qu’une scène angoissante impliquant hallucinations et araignées géantes… La technique du 48 images par seconde confère une texture de plastique à tous les objets, achevant de sortir le spectateur de l’univers du film. Comment prendre fait et cause pour des personnages ressemblant à des playmobiles ?

    D'autre part, le scénario souffre de béances monstrueuses dues aux ajouts qui ont été nécessaires pour faire du Hobbit une saga en trois volets. Ainsi, la love-story esquissé entre un nain semblable à un surfeur californien et une elfe, totalement inutile pour le récit, leste une bonne partie du métrage d’une enfilade de stéréotypes embarrassants. Les exemples de pareilles bourdes abondent pendant ces longues et pénibles 3 heures de projection. Je ne parle pas du jeu misérable des acteurs qui torpille un ensemble déjà saumâtre.

    Le pire étant de voir que de nombreux spectateurs apprécient un tel plat faisandé. Le pire étant de constater qu’un réalisateur que j’ai admiré a définitivement vendu son âme au diable. Le pire étant d’avoir payé ma place pour cette bouse de dragon fumante, espérant encore, niais que je suis, assister à un moment de cinéma et non à un film en plastoc…

    Les résolutions 2014 :

    - Compte tenu des impératifs temporels et du besoin que l’on a parfois de se décrasser la tête (lectures, sport, jeux et autres…) je posterais un peu moins d'articles originaux. Pour l’année 2014, je me contenterais d'achever le long texte sur les vampires et j’entamerais lorsque mon emploi du temps me le permettra la révision d’un article sur H.P.Lovecraft et ses nombreuses déclinaisons.

    - À côté de cela je m’astreindrais remettre en ligne mes illustrations, BDs, peintures, courts-métrages et photographie. Ceci afin de ne pas perdre ce rendez-vous mensuel avec vous.

    - Quelques courtes critiques apparaîtront pour nourrir la Bibliothèque des Ombres, car je m’aperçois que j’ai de plus en plus tendance à oublier ce que j’ai lu. En un autre temps, je tenais un journal de lecture et le moment est venu de me contraindre de nouveau à cette discipline. Si vous rodez en ces lieux vous pourrez y trouver de quoi sustenter votre esprit ou, parfois, passer votre chemin sur tel ou tel gâchis de papiers ayant la forme d’un livre…

    Bonne Année à tous et à toutes.


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    [1] - Auteur qui influencera H.P.Lovecraft, notamment pour l'ambiance maritime déliquescente.

    [2] - Écrivain dont je raffole également et que j’avoue avoir plus lu que Hodgson, ceci expliquant cela…

    [3] - Pour reprendre son expression favorite qui revient de manière pathologique dans son discours...

    [4] - Mon avis, pour ce qu'il vaut dans le bras de fer Valls / Dieudonné : Je m'en bats les couilles ! Dieudonné, autrefois piètre humoriste s'est acoquiné à Alain Soral, ce qui le disqualifie d'office comme étant quelqu'un de raisonnable. L'attitude de Valls dans cette affaire est au choix stupidement conne ou dangereusement suicidaire. En tendant à Dieudonné (qui n'attendait que ça !) une aussi belle exposition médiatique il gave une certaine extrême-droite de nouveaux convertis ! A croire que Dieudonné à trouver un nouveau partenaire pour ses sinistres pantalonnades...

    [5] - Pour ceux que la pensée intéresse réellement et qui veulent élargir leurs champs d'investigations et qu'un peu d'effort dans la lecture ne rebute pas, je recommandes quelques ouvrages qui valent bien plus que la marmelade de mots de Soral :  Éloge de la Fuite / Henri Laborit ; La Nouvelle Grille / Henri Laborit ; Ecoute Petit Homme / Wihelm Reich ; Psychologie de masse du Fascisme / Wihelm Reich ; Essai d'exploration de l'Inconscient / C.G.Jung ; L'unique et sa Propriété / Max Stirner ; liste non exhaustive, bien évidemment... D'une manière générale préférez toujours l'original à l'imitation...

    [6] - Qu’on nommera manga « pour fille » bien que cette définition ne corresponde pas vraiment à la réalité d’un courant tiraillé entre d’énormes différences de tonalité...