samedi 16 juin 2012

    Foutage de Gueule Ultime : Prometheus.


    Un film sur les grosses têtes....

    Autrefois, lorsque j’étais enfant, mon père, un fan de SF autant littéraire que filmique me montra Alien. Ce film fut un véritable choc. J’en ai fait des cauchemars, des visions d’horreur : spécialement la chose nommée « Face-Hugger », inquiétante combinaison d’une main, d’une araignée et d’un scorpion. Une créature qui par son design peu ragoutant a fait date dans l’histoire du cinéma.

    Par la suite, j’ai suivi tous les autres films de la saga. Quelques peu inégaux, présentant toujours certaines idées bien barrées, cette série a bercé toute une partie de ma jeunesse, jusqu’à l’adolescence. Principalement cet étrange vaisseau, perdu sur une planète de cauchemar, contenant dans sa soute les redoutables choses qui n’ont jamais censé de faire carburer mon imagination.
     
    Alien est un conte d’horreur dans un univers appartenant à la SF que son approche sensitive place dans une optique très particulière, celle de la terreur matérialiste. Il n’y a pas de fantôme et pas de divinité à laquelle se raccrocher. Contenant une complexe histoire sous-jacente que le scénariste Dan O’Bannon s’est bien gardé de nous révéler, le film envoie le spectateur et ses personnages dans un univers glacial. C’est l’histoire d’une rencontre du troisième type qui bascule dans le cauchemar. L’Autre est une chose incompréhensible et destructrice, une créature en constante mutation dont on ignorera tout. Cette manière d’envisager les rapports de force entre extraterrestres et humains n’est pas loin de l’approche de l’horreur de H.P.Lovecraft.

    La présence d’une technologie reposant sur un concept aussi monstrueux que le mélange de la chair à la mécanique a engendré toute une pléthore d’œuvres parallèles. Il est à parier que nombres de monstres de jeux vidéos, de bandes-dessinées, voire même de romans doivent beaucoup à ce film. Et je ne parle même pas du cinéma bis qui a enfanté une armada de pellicules pompant allègrement le schéma scénaristique du premier Alien (Métamorphosis : The Alien Factor, Contamination, Créatures, la Galaxie de la Terreur et bien d’autres….)
    Œuvre phare de la Science-fiction adulte Alien, en se vautrant dans la saleté, a fait basculé le genre du space-opera en pyjama dans le cyberpunk. Cette esthétique allait rapidement gagner en popularité dans les années 80. Adieu l’USS Enterprise de Star-Trek, véhicule spatial trop propre sur lui et bonjour le vaisseau poussiéreux, hanté par un ordinateur de bord aux ordres d’une multinationale aussi rapace que tentaculaire. Adieu équipage trop souriant, trop poli, portant sur eux des joggings ou des combinaisons inadéquates. Dans Alien, on a droit à un équipage de prolos de l’espace. Des personnages bien construits, stressés par leurs situations et qui ne pourront qu’improviser face à des événements les dépassant totalement.

    Alien premier du nom a donc été aussi novateur que 2001,l’odyssée de l’espace, dans un tout autre style. Le scénariste a fait le pari payant de bétonner son univers, jouant avec l’imagination du spectateur pour lui suggérer le pire.

     Aidé par la réalisation de Ridley Scott alors au zénith de son talent, nous sommes embarqués dans ce monde menaçant, fait d’ombres où la lumière est une denrée aussi précieuse que trompeuse, le clair-obscur dissimulant sournoisement le danger. L’excellent travail sonore comportant tout un jeu de sons feutrés, lesquels seront distincts selon les différents secteurs du Nostromo, contribuera à nous immerger dans une atmosphère angoissante. Ajoutons à cela une musique discrète mais inspiré de Jerry Goldsmith et vous avez un classique de la SF horrifique qui demeure toujours d’actualité 33 ans après sa production.

    Cette longue introduction sert à faire le parallèle entre deux périodes de la saga qui nous permettant d’assister à l’agonie d’un certain cinéma puisque Prometheus est la préquelle de Alien. Tourné en 2012 et en 3D, Prometheus sent déjà la naphtaline.
     
    A 30 minutes à peine du début, impossible de rester de marbre face à un massacre intégral : acteurs de seconde zone, déluge d’incohérences, scènes ratées, raccord avec le film original capillotracté, réalisation molle…. L’impression d’avoir été pris pour un crétin est intense… Logique d’une époque de capitaliste triomphant qui biaise par le bas tout ce qu’elle touche. On n’est plus là pour rêver mais pour consommer.

    Les auteurs n’auraient-ils pas revu leur copie avant de s’atteler à la rédaction de ce truc ? Il y avait pourtant matière à introduire une dose de folie en partant de la découverte du vaisseau transportant les œufs d’Aliens. Pourquoi les créateurs des humains et des Aliens sont-ils de foutus anthropomorphes quand tout semble suggérer le contraire ? Est-ce que cela n'aurait pas eu plus de sens de faire ressembler les extraterrestres à des formes évoluées de la célèbre créature de Giger, ce qui paraissait suggéré dans le premier film plutôt qu'à des fans de SM ?? Quid de leurs origines biomécaniques ? Sont-ils à base de silicium ?? Etc… Ne cherchez pas une once d’imagination durant ces 2 heures 10 de film.
    Un "Ingénieur" donc....
    Le scénariste Damon « Lost » Lindelof[1], appliquant la recette de sa série à succès sans réfléchir, multiplie les personnages sans ne jamais en développer aucun. Il en sera de même pour les idées qui parsèment le film : Je suis à peu près certains que mieux présentées certaines d’entre elles auraient pu aboutir à quelque-chose, un embryon de long-métrage plus intéressant. Cette méthode engendre une quantité invraisemblable d’incohérences de toutes sortes, à un tel point qu’on se demande si le film n’a pas été rédigé par un adolescent sous cocaïne !! Le malheureux spectateur, attiré par la promesse d’un bon film de SF grâce à la force du marketing virale a le droit à une enfilade incroyable de stéréotypes éculés.

    La caractérisation des personnages donnent la nausée. Ce qui est fort dommageable puisque pour que le suspens fonctionne, nous devons impérativement nous attacher à eux.

    Holloway (Logan Marshall-Green) est un scientifique au look de GI, passant la moitié du temps à biberonner de la vodka tout en enfreignant au moins 250 000 protocoles scientifiques. Interprété par une endive cuite. Holloway affichera un air blasé jusqu’à sa mort. Sa seul motivation demeurera de s’envoyer en l’air avec « sa meuf parce qu’elle est bonne… ». Les extraterrestres ne lui arracheront qu’un haussement d'épaule blasée. Que voulez-vous, il en a vu de dur dans le 9-3. Figure autrefois récurrente du cinéma de Luc Besson, il semble que le « jeune de banlieue », ou son avatar fantasmé par les médias dont le GI n’est qu’une variante issus de la culture américaine, a infecté peu à peu tout l’espace de la fiction contemporaine. Avec son attitude méprisante, sa haine viscérale de la culture sous toutes ses formes, sa misogynie prononcée, ce personnage est parvenu à s’imposer comme porte étendard de toute une génération laissée à la dérive. Il y aura, je le souhaite, des universitaires masochistes qui se pencheront sur cette période noire de notre septième art pour étudier sociologiquement ce nouvel archétype de « héros » et la manière dont son idéologie faite d’opportunisme s'est infiltrée dans la fiction comme étant la seule manière d’être pour l’homme moderne. 

    N’échappant pas à ce nivellement par le bas, le personnage féminin central, Elisabeth Shaw (Noomi Rapace) sera soumise à son mari GI, catholique et aussi ignorantes des règles de sécurité que son mari. Ayant la foi, elle pourra se remettre très rapidement d’une grossesse poulpesque expresse ainsi que d’une césarienne tout aussi rapide que propre[2]. Ses agrafes ne partiront pas et ses entrailles ne se dérouleront pas sur le sol. C’est merveilleux d’avoir la foi…. rappelons une règle de base pour scénariste débutant : lorsque l'on fait un film censé faire peur, il faut que les personnages soient VULNÉRABLES et pas immortels !! Entre une Ellen Ripley (Sigourney Weaver) qui, dans les années 70', incarnait une femme assez forte pour survivre dans un milieu hostile et Elisabeth Shaw qui tire sa force non pas d’une quelconque intelligence mais bien de la foi !! 

    Sans prendre en compte qu’un équipage mixte est une aberration à cause des tensions sexuelles que cela peut engendrer et qu’il aurait été plus malin d’avoir un casting unisexe regardons un peu les quelques compagnons de voyage de nos valeureux scientifiques. Cela ressemble à une liste digne d’un inventaire à la Prévert oscillant entre un cartographe punk n'ayant pas le sens de l'orientation ; L’obligatoire blonde platine frigide dont la présence s’avérera inutile ; un équipage de militaire « United color of Bandes de con » pour compléter les quotas raciaux et dont l’implication dans toute cette histoire est à la hauteur de l’ennui qui traverse de part en part le malheureux spectateur ; un androïde nazi perfide aux motivations mystérieuses, à moins que l’on est oublié de brancher quelques fils dans son cerveau positronique et des figurants qui serviront de chair à canon. On a l’impression d’assister à un slasher de base avec la bande d’ados attardés crispantes dont on attend avec impatience le sordide trépas tant est grande l’envie de les occire nous-mêmes. Seul Michael Fassbender incarnant David le robot défaillant sort son épingle de ce jeu de massacre.
    Image de Rest-Gestae
    Cette bande de branquignol ne cessera de se foutre sur la gueule tout au long du trajet. Etant donné qu’il s’agit d’un voyage d’exploration, probablement avec un décalage temporel vis-à-vis de ceux restés sur Terre à quelques années-lumière, n’est-il pas plus logique de penser que les membres de l’équipage auraient eu le temps de se connaître lors d’entraînements spécifiques ? Ne fait-on plus passer des batteries de tests physiques et psychologiques pour les missions spatiales ??

    Malgré un terreau fertile pouvant supporter une trame faite de ramifications sinueuses, les enjeux narratifs de Prometheus tiennent sur un modeste feuillet de papier toilette :

    Le vieux Weyland[3] décide de faire confiance à un couple d’archéologues aux théories fumeuses exposées en cinq secondes chronos : l’être humain a été créé par des extraterrestres, à son image. Malgré le peu de preuves qu’ils fournissent au vieil industriel, celui-ci met sur pied une expédition coûteuse pour aller explorer une lointaine planète située à quelques millions d'années-lumière dans le but d’obtenir la vie éternelle. Bien-sûr le vieillard sera du voyage pour surgir de sa boîte, tel un diable rouillé, à quelques minutes des révélations finales.

    Guy Pearce (Weyland), qui sera maquillé à la truelle dans le film.
    Les effets de maquillages ont bien régressé
    depuis l’avènement du numérique. 
    Là où Alien avait l’intelligence de conserver une unité de temps et de lieu pour mieux développer les relations entre les personnages, Prometheus nous fait subir des changements de lieux aussi nombreux qu’incohérents, éclatant tout azimut un scénario déjà gravement handicapé par des personnages creux. A tenter par tous les moyens de dynamiser le récit, les auteurs s’éparpillent et multiplient les erreurs de scripts aberrantes : deux des personnages, le cartographe et un collègue qui sera rapidement tué, se perdent dans le vaisseau Alien alors qu’il était censé en sortir. Il faut savoir qu’à l’intérieur du Prométhéus existe une carte en 3D du vaisseau et que celui-ci est composé d’un seul couloir et de pièces attenantes. Trop occupé à draguer la frigide, le capitaine qui supervise les opérations n’avertira pas les hommes qu’une présence de vie se manifeste près d’eux…. Ces enchainements de péripéties navrantes se poursuivront durant tout le métrage.

    Je ne vais pas oublier ma bourde scénaristique préférée. Holloway GI enlève son casque trente seconde après avoir constaté que l’air est respirable…. Contaminant de manière définitive toute l’atmosphère de la caverne, sans oublier de se contaminer lui-même avec de possibles virus étrangers. Si seulement l’histoire avait pu partir sur ces rails-là, c’eût été très plaisant….

    Le "Space Jockey" de 1979....

    Centre de toutes nos attentions, l’expédition chaotique de nos glorieux savants nous amènera à découvrir des « obus » au lieu d'œufs. Ces objets cylindriques exsudant un liquide noir donnent logiquement naissance à :

    - Un proto-alien, sorte de tentacule ressemblant à un phallus géant se comportant comme un cobra. Agressive, la chose s’introduit sous la peau du cartographe punk. Une fois infecté celui-ci se transforme en une version encore plus moche de Hulk.

    - Si ce liquide infecte un humain et que celui-ci a des rapports sexuels non protégés avec une humaine on obtient une pieuvre qui se transforme en « Face-Hugger » géant..... Comment une petite créature devient-elle grande sans rien ingérer, mystère….

    - Un « Ingénieur », race d’être censément supérieur se mettant à agir comme le premier bourrin venu en exterminant tout le monde….

    - La carte des étoiles fait atterrir les humains sur la planète militaire des Ingénieurs. Pourquoi des êtres ayant décidé de nous métamorphoser en Hulks ratés nous confieraient-ils une carte menant à leur base militaire ?

    - La représentation de la terre est conforme à son aspect actuel alors qu’avec le décalage temporel, en tenant compte de la dérive des continents, ceux-ci devraient avoir une autre disposition, plus proche de la pangée.


    On pourrait continuer des heures à relever tous les égarements de ce film qui sous-estime gravement l’intelligence de ses spectateurs. Les changements apportés à l’univers des premiers Aliens ne s’arrêtent pas là. L’esthétique générale pâtit d’une nette régression artistique.
     
    Le Nostromo de Alien était un vaisseau sale, anxiogène de par son immensité abyssale. En comparaison, le Prometheus est un vaisseau propre, lumineux. L’ensemble est si aseptisé qu’on en vient à sentir des relents de décor de studio et de « carton-pâte ». Un retour en arrière phénoménal pour une saga qui a toujours mis en avant la saleté. On peut aussi se demander pourquoi certaines technologies présentées à l’écran n’apparaissent pas dans le premier Alien alors que Prometheus se déroule AVANT ? Pourquoi les scaphandres ont-ils un aspect design, contemporain, là ou ceux d’Alien ne s’encombraient pas de superflu, les auteurs ayant privilégié une approche fonctionnelle dans la conception des différents objets ? Cet effort de recherche s’avère payant sur le long terme puisque le film ne s’inscrit pas dans une période donné mais dans un temps imaginaire. Un avantage que n’aura pas sa préquelle qui prendra dix ans dans les mâchoires seulement 15 jours après sa sortie.

    J’ignore si H.R.Giger a participé à ce carnage mais si les décors du premier Alien en imposaient, ceux de Prometheus sont d'une pauvreté absolue. Exit les mattes-painting peints sur plaque de verre et les effets d'optique qui permettaient d'obtenir un résultat bluffant. Le numérique ne donnent à voir que des images lisses. La reprise des décors biomécaniques issus directement d’Alien provoque l’inévitable comparaison entre les deux films, au détriment du plus récent. Du risible tableau de bord du vaisseau des ingénieurs, en passant par le « Space-Jockey » qui perd quelques mètres entre les deux films, tout est à l’avenant. Le vaisseau de Giger se démarquait par son gigantisme, celui de Prometheus paraît petit…. 

    Le "Space Jockey" de Prometheus.... Il y a pas comme un problème...
     
    Je me demande donc comment un réalisateur un minimum doué peut-il approuver un script d’une telle indigence ? En étant bon public, on pourrait croire que celui-ci a été écrit par un adolescent de 15 ans !! Comment une équipe a-t-elle pu penser que cela avait un quelconque intérêt, hormis pécunier ? Ridley Scott a t-il perdu tant d’argents lorsque Facebook est entré en bourse pour accepter d’être le mercenaire de producteurs avides ?

    Il me fallait manifester ma mauvaise humeur après avoir subi cette arnaque. Depuis quelques temps déjà les affiches des multiplexes ne proposent plus que des blockbusters acéphales ou des films essayant de flatter l’intelligentsia[4]. Vendu comme la prequel d’un classique du cinéma en capitalisant sur la renommé d’un réalisateur autrefois doué, Prometheus est, comme beaucoup d’autres films récents[5], un gloubi-goulba atroce. Voulant à tout prix capitaliser des franchises exsangues sans prendre de risque, les grands studios ne laissent aucune idée originale franchir les portes de leurs bureaux, fournissant au public des films neutres au potentiel artistique proche du zéros absolu.

    Je me suis laissé avoir par la promesse de passer un bon moment de cinoche, poussé par des critiques de presses dithyrambiques, le souvenir d’un premier film comptant parmi les grandes réussites du cinéma de science-fiction… Maintenant, aux spectateurs avertis de ne plus se laisser avoir, de ne plus cautionner ce type de film creux aux discours putrides. Il y a encore tant de bons films à chercher ailleurs, là où les majors ne tournent pas leurs regards corrupteurs…

    Mauvaise nouvelle : Ridley Scott prépare le remake
    de Blade-Runner.... 
                                                                                       

    [1] - Même si je peux deviner que beaucoup d’entre vous se sont souvent pâmés devant les élucubrations d’une histoire montée au jour le jour avec pour unique technique de narration la méthode du marabout bout-de-ficelles, soyons honnête un moment, Lost a tout du pire nanar italien sans en avoir la folie qui permet de faire tenir debout leurs énormités sans s’attirer les foudres des spectateurs.

    [2] - Un comble pour la saga Alien qui n’a jamais craché sur les scènes gores !!

    [3] - Fondateur de la Weyland compagnie, une multinationale tentaculaire que l’on retrouve dans les premiers Alien.

    [4] - Je me fendrais d'un autre billet plus-tard, concernant la Handicaploitation qui fait fureur en France.....

    [5] -  Avatar  – Inceptionla planète des singesThe Thing, le remake…. Les exemples sont trop nombreux pour qu'on puisse se souvenir de tous....

    vendredi 8 juin 2012

    Concert des Goblin, Retour en Mélancolie

    Photographie de studio en hommage à l'esthétique des films Giallo
    et particulièrement ceux de Dario Argento. 
    Hier j'ai eu la chance d'assister avec ma compagne à un concert des News-Goblin,  groupe de rock progressif italien qui a autrefois collaboré -sous le nom de Goblin- avec Dario Argento sur ses meilleurs films. Leurs illustrations musicales donnaient un cachet très particulier à des oeuvres parfois inégales. Impossible de ne pas se souvenir des accords électrisants de "Profondo Rosso", de la mélodie obsédante de "Suspiria", sorte de comptine maléfique que l'ajout de basses et de guitares stridentes métamorphosaient en une incantation de cauchemar...



        Hélas l'ambiance n'y était pas vraiment, la faute à un public vieillissant qui ne s'est pas renouvelé au fur et à mesure des années. Tous les amateurs d'horreur italienne, qui ont découvert simultanément les excentricités géniales de Dario Argento dans les 70's ont subi en même temps la musique expérimentale des Goblin. Marqués au fer rouge (comme moi) par ces sonorités, ils se sont rendus tels des zombies à l'Ancienne Belgique pour écouter religieusement le concert. Il faut préciser que si les italiens sont peu connus sous nos latitudes, il en est autrement chez eux ou au Japon.... 

    Cadeau surprise de la soirée, la première partie consistait en une riche composition personnelle du groupe, "Roller", un album de 1976 n'ayant eu aucun succès (comme leurs premier essais Cherry 5) mais enivrant au possible ! 



    Nous avons eu le plaisir de voir les membres des New Goblins démontrer leurs talents en dépit de leur grand-âge. Il faut savoir qu'à l'origine ni le bassiste, ni le batteur  présents ne faisaient partie de la formation musicale. Ils ont remplacés les ex-membres des Goblin partis fonder un autre groupe.

    Malgré un son parfois trop présent (les basses m'ont scotché au fauteuil), la magie a fonctionné : seules comptaient les mélodies, de temps en temps illustrées à l'aide d' images baroques extraites de films. Pas de mise en scène époustouflante, de simples jeux de lumière accompagnaient les musiciens, uniquement concentrés sur leurs morceaux.


    Noyés dans la masse ou ignorés par des producteurs frileux préférant inonder le marché de soupe Star-Académiesques ou d'émules de David Getta, nous n'avons plus de grands compositeurs, musiciens, chanteurs, groupes et autres formations capables de succéder à ces talents vieillissant , ceux qui ont inventé, défriché, posé des bases (à l'heure où j'écris ces lignes, un autre grand nom de la littérature cette fois, nous a quitté, Ray Bradbury alors que Marc Levy continue sa prose....).

    Chapeau bas, messieurs !
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    Pour l'anecdote, le groupe Justice a "composé" ceci... 


    « Un collage, un bon collage, est quelque chose de nouveau, même si ses éléments ne le sont pas. »
    — Alvin Toffler



     En 1980, les Goblin travaillaient sur "Ténèbres" le dernier bon film d'Argento, ce qui donnait ça.... Sans commentaire....