Après un moment à bosser d’arrache-pied sur Ethel Arkady ou les Chroniques de Yelgor, il est temps d’exécuter un minuscule pas de côté pour rédiger de nouvelles critiques de films, mais dans un format un peu moins formel, plus libre et plus rapide que celles que j’ai déjà produites. Depuis la fin du confinement, j’ai retrouvé le chemin des salles obscures, et je pense qu’il est utile de jeter un regard dans le rétroviseur sur ce que j’y ai vu.
À tout seigneur, tout honneur, jugeons sur pièce la dernière cathédrale cinématographique du Grand Jim, la ©Révolution Copernicienne qui nous apprendra comment l’on réalise des films à l’aune des années 2020, alors même que les IA sont en passe de remplacer les artistes[1]. D’une durée astronomique Avatar 2 propose un spectacle total, en 3D 400 THX 6.2 de mon cul, avec une myriade de détails et de biens belles vignettes, ma bonne dame, qu’elles sont magnifiquement poétiques ! Pouet, pouet !
Alors, non ! Juste non ! Ce film est une insulte à l’intelligence humaine. Si je ne cracherais pas sur la réalisation qui vaut mieux que le moindre plan pondu par un « yes-man ! » de chez Disney, je ne m’extasierais pas non plus sur celle-ci. Elle ne comporte que peu de plans signifiants, se contentant d’illustrer de manière besogneuse le scénario. C’est le strict minimum syndical ce qu’on attend d’un réalisateur comme Cameron. Pour le reste, les thèmes exploités dans le récit ne dépareilleraient pas dans un western du Duke, avec cette bonne vieille moraline ricaine assénée au marteau-piqueur avec la légèreté d’un quinze tonnes bourré à la Kronenbourg. Hésitant comme un étudiant encore hébété par sa soirée de picole entre différentes voix narratives – sans en retenir aucune – le film ne répondra à AUCUNE des questions qu’ils posent lui-même, vous rotant des TGCM à la gueule en guise d'explication.
Les beaux esprits qui s’accrochent à cette ©Révolution avec l’énergie du désespoir tente de transformer cette informe masse de plastique en un chef-d’œuvre ne contemple au fond que la déshérence morbide de leur idole passée. À l’évidence, et depuis une bonne vingtaine d’années, le cinéma de Cameron est rentré dans un coma avancé. Le premier Avatar recyclait déjà des pans entiers de sa filmographie dans un vomi de couleur fluo usant de ces Schtroumpfs comme de jouet dans des décors puant le silicone à plein nez. Ce nouvel opus entérine cette chute.
Ce n’est pas parce que le film possède une structure en « chiasme » que ça le transforme en parangon d'intelligence. Maîtriser ce genre d’outil narratif, c’est la base pour n’importe quel aspirant écrivain. Ça n’excuse en aucun cas tous les trous dans la trame scénaristique sur lesquels je ne m'étendrai pas[2], ça serait trop fastidieux. Je signalerai juste que le film appartient au genre de la science-fiction, et que cela demande donc une rigueur de tous les instants dans l'exploitation de la logique interne du récit. Qu’en 13 ans (bordel !) personne dans la production n’ait rappelé au ©Grand Jim que les spectateurs ont besoin de règles claires, précises et que l’on réponde aux enjeux que l'introduction lance reste une éclatante preuve de paresse intellectuelle.
Dans cet étron, tout est à chier : la musique vous scie les nerfs avec ses 250 000 cordes aussi asthmatiques, singeant les compositions de James Horner, lequel avait déjà pas mal recyclé ses plus glorieuses mélodies sur le premier épisode de cette saga, devinant peut-être que le réalisateur se muait en une caricature de lui-même ; Sam Worthington, à son habitude, livre une « performance » brillante de gnou sous prozac, tout à fait reconnaissable malgré son grimage bleu : Le vide abyssal de son regard vous hantera toute la nuit, on touche l’infini en se perdant dans cette négation de l’intelligence ; les autres acteurs déclament les pires inepties dans un surjeu constant, couverts des plus beaux effets spéciaux du monde, enfin pas un de ses personnages ne mange, ne saigne, trahissant là leur véritable nature « d’avatar » en plastoc, détaché de la contingence biologique qui est le lot du vivant. Cette artificialité eût pu être une mise en abîme terrifiante, mais cela restera un éclair de lucidité de la part du ©Grand Jim dans cette océan de vacuité.
C’est que, film grand public oblige, et avec toutes les sensibilités exacerbées de notre époque, il ne faut froisser personne. Effaçons donc ces manifestations organiques qui sont pourtant à la base de notre vie en communauté[3]. J’aimerais aussi profiter de cet inventaire pour gloser sur le flagrant délit d’anthropomorphisme éhonté qui implique les baleines à mâchoire trifide. Ce moment de cinéma en or massif a pulvérisé le seuil de mon incrédulité à Mach 6 dans un élan de ridicule auquel même les dessins animés les plus niés de l’Oncle Walt n’ont rien à envier.
Quant à « l’inventivité » du monde de Pandora, si foutre six pattes à des chevaux et coller une collerette à des plésiosaures est un parangon de création, je pense que la plupart des écrivains de fantasy se retournent dans leurs tombes. Il n’appartient qu’à vous d’ouvrir un livre d’Ernst Haeckel pour découvrir la pauvreté cagneuse de cet univers en carton-pâte numérique. En vérité, ce truc – j’hésite à appeler ça un film – ressemble beaucoup aux productions Marvel. Alors, comme je l'ai dit plus haut, certes pas au niveau de la réalisation, mais dans son vide thématique abyssal, son manichéisme abject, ses péripéties toutes plus téléphonées les unes que les autres, l’idiotie crispante de ses personnages, l’on retrouve la même absence d’ambition, la même atonalité un poil méprisante pour son public.
Et pour cause, c’est que ce « truc » ©Révolutionnaire coûte le PIB d’un pays en voie de développement. Il faut se rembourser ma petite dame ! Que les actionnaires en aient pour leurs thunes. C’est d’autant plus amusant, de manière métatextuelle, que le film se vautre comme un cochon dans un écologisme d’apparat, alors que dans sa fabrication, il se situe aux antipodes de ce qu’il prêche avec une suffisance qui confine à l’insulte caractérisée. Et c’est peut-être cette hypocrisie crasse qui m’a le plus ulcéré. Cette façon sordide de se draper dans sa morale, sûre de son bon droit, qui n’appartient qu’au bourgeois, transpire par toutes les puces électroniques de cette sinistre et trop longue merde.
Alors, non ! Juste non ! Ce film est une insulte à l’intelligence humaine. Si je ne cracherais pas sur la réalisation qui vaut mieux que le moindre plan pondu par un « yes-man ! » de chez Disney, je ne m’extasierais pas non plus sur celle-ci. Elle ne comporte que peu de plans signifiants, se contentant d’illustrer de manière besogneuse le scénario. C’est le strict minimum syndical ce qu’on attend d’un réalisateur comme Cameron. Pour le reste, les thèmes exploités dans le récit ne dépareilleraient pas dans un western du Duke, avec cette bonne vieille moraline ricaine assénée au marteau-piqueur avec la légèreté d’un quinze tonnes bourré à la Kronenbourg. Hésitant comme un étudiant encore hébété par sa soirée de picole entre différentes voix narratives – sans en retenir aucune – le film ne répondra à AUCUNE des questions qu’ils posent lui-même, vous rotant des TGCM à la gueule en guise d'explication.
Les beaux esprits qui s’accrochent à cette ©Révolution avec l’énergie du désespoir tente de transformer cette informe masse de plastique en un chef-d’œuvre ne contemple au fond que la déshérence morbide de leur idole passée. À l’évidence, et depuis une bonne vingtaine d’années, le cinéma de Cameron est rentré dans un coma avancé. Le premier Avatar recyclait déjà des pans entiers de sa filmographie dans un vomi de couleur fluo usant de ces Schtroumpfs comme de jouet dans des décors puant le silicone à plein nez. Ce nouvel opus entérine cette chute.
Ce n’est pas parce que le film possède une structure en « chiasme » que ça le transforme en parangon d'intelligence. Maîtriser ce genre d’outil narratif, c’est la base pour n’importe quel aspirant écrivain. Ça n’excuse en aucun cas tous les trous dans la trame scénaristique sur lesquels je ne m'étendrai pas[2], ça serait trop fastidieux. Je signalerai juste que le film appartient au genre de la science-fiction, et que cela demande donc une rigueur de tous les instants dans l'exploitation de la logique interne du récit. Qu’en 13 ans (bordel !) personne dans la production n’ait rappelé au ©Grand Jim que les spectateurs ont besoin de règles claires, précises et que l’on réponde aux enjeux que l'introduction lance reste une éclatante preuve de paresse intellectuelle.
Dans cet étron, tout est à chier : la musique vous scie les nerfs avec ses 250 000 cordes aussi asthmatiques, singeant les compositions de James Horner, lequel avait déjà pas mal recyclé ses plus glorieuses mélodies sur le premier épisode de cette saga, devinant peut-être que le réalisateur se muait en une caricature de lui-même ; Sam Worthington, à son habitude, livre une « performance » brillante de gnou sous prozac, tout à fait reconnaissable malgré son grimage bleu : Le vide abyssal de son regard vous hantera toute la nuit, on touche l’infini en se perdant dans cette négation de l’intelligence ; les autres acteurs déclament les pires inepties dans un surjeu constant, couverts des plus beaux effets spéciaux du monde, enfin pas un de ses personnages ne mange, ne saigne, trahissant là leur véritable nature « d’avatar » en plastoc, détaché de la contingence biologique qui est le lot du vivant. Cette artificialité eût pu être une mise en abîme terrifiante, mais cela restera un éclair de lucidité de la part du ©Grand Jim dans cette océan de vacuité.
C’est que, film grand public oblige, et avec toutes les sensibilités exacerbées de notre époque, il ne faut froisser personne. Effaçons donc ces manifestations organiques qui sont pourtant à la base de notre vie en communauté[3]. J’aimerais aussi profiter de cet inventaire pour gloser sur le flagrant délit d’anthropomorphisme éhonté qui implique les baleines à mâchoire trifide. Ce moment de cinéma en or massif a pulvérisé le seuil de mon incrédulité à Mach 6 dans un élan de ridicule auquel même les dessins animés les plus niés de l’Oncle Walt n’ont rien à envier.
Quant à « l’inventivité » du monde de Pandora, si foutre six pattes à des chevaux et coller une collerette à des plésiosaures est un parangon de création, je pense que la plupart des écrivains de fantasy se retournent dans leurs tombes. Il n’appartient qu’à vous d’ouvrir un livre d’Ernst Haeckel pour découvrir la pauvreté cagneuse de cet univers en carton-pâte numérique. En vérité, ce truc – j’hésite à appeler ça un film – ressemble beaucoup aux productions Marvel. Alors, comme je l'ai dit plus haut, certes pas au niveau de la réalisation, mais dans son vide thématique abyssal, son manichéisme abject, ses péripéties toutes plus téléphonées les unes que les autres, l’idiotie crispante de ses personnages, l’on retrouve la même absence d’ambition, la même atonalité un poil méprisante pour son public.
Et pour cause, c’est que ce « truc » ©Révolutionnaire coûte le PIB d’un pays en voie de développement. Il faut se rembourser ma petite dame ! Que les actionnaires en aient pour leurs thunes. C’est d’autant plus amusant, de manière métatextuelle, que le film se vautre comme un cochon dans un écologisme d’apparat, alors que dans sa fabrication, il se situe aux antipodes de ce qu’il prêche avec une suffisance qui confine à l’insulte caractérisée. Et c’est peut-être cette hypocrisie crasse qui m’a le plus ulcéré. Cette façon sordide de se draper dans sa morale, sûre de son bon droit, qui n’appartient qu’au bourgeois, transpire par toutes les puces électroniques de cette sinistre et trop longue merde.
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[1] – plus malléables, n’ouvrant pas leurs gueules, qui s’en plaindra ? Sûrement pas les spectateurs habitués aux scripts pourris de chez Marvel.
[2] – pour la bonne bouche, je citerai tout de même ces séquences ahurissantes ou les antagonistes ont TOUTES les cartes en main, les personnages dans leurs viseurs, mais laissent passer l’occasion parce que ça convient au réalisateur ! Du ©Génie !
[3] – La plus simple des méthodes pour tisser des liens entre êtres humains consiste souvent à se réunir autour de gueuletons. Un élément que le film occulte, puisque pas un de ces personnages n’est incarné.
[2] – pour la bonne bouche, je citerai tout de même ces séquences ahurissantes ou les antagonistes ont TOUTES les cartes en main, les personnages dans leurs viseurs, mais laissent passer l’occasion parce que ça convient au réalisateur ! Du ©Génie !
[3] – La plus simple des méthodes pour tisser des liens entre êtres humains consiste souvent à se réunir autour de gueuletons. Un élément que le film occulte, puisque pas un de ces personnages n’est incarné.
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