En attendant que je
finisse mon long article sur les vampires – car il me reste des longs-métrages à voir,
mais j’ai moins de temps à y consacrer – voici une sorte de petite liste des
meilleurs films que j’ai pu voir dans les années 2000.
Pourquoi ?
Je me plains souvent
que le cinoche actuel n’est plus qu’un conglomérat de merdes abominables. Et il
est en grande partie vrai que nos glacials multiplexes nous abreuvent de films
honteux.
En caricaturant d’un
côté, on a de grosses productions américaines truffées de CGI foireux et
produites par des majors toutes puissantes n’embauchant que des
« Yes-Man » comme Stevie McDaube, réalisateur de pubs sélectionné
pour diriger un énième remake du reboot du prequel de la séquelle de Bouse-Man
contre les Extraterrestres en 3D dolby-surround 3.3.2.1. Garanti sans scénario
avec adjonction de messages bien patriotiques à la gloire d’un néo-capitalisme
gerbant.
Et de l’autre on a
un cinéma français bien ravagé par l’égotisme d’une petite caste de nantis.
C’est ainsi que Jean-Marie Fils-à-Papa nous pond sa énième bouse sur sa vie
sexuelle avec gros plan en 3D sur une bite en train d’éjaculer [1]. Titre : Ma Vie Sexuelle d’Étudiant à Science-Po
dans mon Appart de 380 mètres carrés à Paris… En bref, des étrons pelliculés.
Et pourtant, il
m’est arrivé de voir de bons films pendant ces quinze dernières années, d’où l’idée
de faire une petite rétrospective des quelques péloches qui me sont restées dans la
mémoire.
Cette liste n’est en
aucun cas exhaustive ou objective. Je nage exprès en pleine subjectivité pour
proposer quelques œuvres qui ont une saveur relevée, bien loin de la fadeur
avec laquelle nous assomment les Studios Hollywoodiens.
Préférant vous
allécher plutôt que d’analyser [2] ces
petites perles, je fonctionnerais par résumé succinct accompagnés de quelques notes sur le
réalisateur et sa démarche artistique.
Kinji Fukasaku n’est pas vraiment le premier
publiciste sorti de la jambe de Jupiter. Déjà responsable de quelques films sur
la maffia japonaise bien agités de la caméra, ce réalisateur est un nihiliste qui se
caractérise par un style coup de boule : caméra à l’épaule pour coller au plus
près des personnages, montage cut, hyper-violence des paroles et échanges de
coups…
Ses personnages sont dirigés par leurs bas-instincts et leur trajectoire s'achemine dans une
spirale de folie furieuse. S’il a réalisé quelques films plus commerciaux, ses
œuvres les plus impressionnantes n’en demeurent pas moins des
péloches hargneuses comme Combat Sans Code d’Honneur ou le Cimetière de la
Morale [3].
C’est donc à plus de
70 balais que Fukasaku sort de sa tanière pour filmer Battle-Royal. Et le moins
que l’on puisse dire c’est que le film peut faire couler de l’encre. Réalisé
avec l’équivalent du budget papier-cul d'un blockbuster décérébré de Michael Bay, papy nous secoue les
neurones avec un brûlot politique au vitriol.
L’histoire est très
simple.
Dans un Japon aux tendances nazillonnes, à une année indéterminée, la loi Battle-Royal est votée. Elle a pour but d’endurcir la jeunesse en choisissant chaque année une classe dont les membres devront s’entretuer sur une île déserte jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un.
Dans un Japon aux tendances nazillonnes, à une année indéterminée, la loi Battle-Royal est votée. Elle a pour but d’endurcir la jeunesse en choisissant chaque année une classe dont les membres devront s’entretuer sur une île déserte jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un.
Et c’est sur ce constat que Fukasaku va
brosser un portrait sans concession de la jeunesse japonaise.
L’île n’est qu’une
métaphore du pays et les personnages incarnent les différentes réactions de
chacun face à une loi inique. Entre les joyeux toutous qui frétillent de la
queue pour tuer son prochain, les psychopathes qui se révèlent, les
opportunistes et ceux qui veulent changer le système une joyeuse foire d’empoigne bordélique s’engage.
Traversé de
fulgurances gores et d’humour noir, la narration propulse ses personnages
dans un monde où toutes les aspirations humaines sont phagocytées par le décret arbitraire.
Sous ses airs de
film d’action décérébré avec scénario prétexte, Battle-Royale est donc une
parabole politique à double fond, comme seule peut en pondre la bonne SF. Rien
à voir avec Hunger Game son minable quasi-remake américain qui efface toutes les fulgurances idéologiques de l'original …
Et, cerise sur le gâteau,
on retrouve Takeshi Kitano en prof psychopathe. Que demander de plus ?
_____________________________________________
[1]
– ce qui serait parfois très long et
fastidieux, tant certaines œuvres fonctionnent à plusieurs niveaux…
[2]
– Il paraît que c’est hype à Cannes… Je n’ai
rien contre le fait de filmer de telles choses dans le principe mais il faut
que ce soit un minimum justifié par une démarche esthétique et un discourt cohérent,
sinon c’est de la provoc’ snobinarde à deux ronds.
[3]
– De tous les films de yakuzas que j’ai
pu voir, celui-là est le plus barré de tous avec son personnage aussi violent
qu’idiot. Un véritable barbare avec un QI de moule avariée sans aucune once de
morale – d’où le titre – qui va jusqu’à supplier son ex-boss qu’il a auparavant
trahi, de le sauver… Délaissant le pathos à deux ronds et la fascination pour
le clinquant des organisations criminelles, Fukasaku montre dans sa pire
horreur le type de monstres que ce système fabrique.
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