Comme d’habitude depuis quatre ans, je m’autorise un coup d’œil dans le rétroviseur spatio-temporel pour évaluer l’année écoulée. Une occasion de m’exprimer un peu plus ouvertement sur mes préoccupations, sans le filtre de la fiction.
1. Le Capitaine Ükbukhak Swenkusu.
Un capitaine pirate qui devrait apparaître dans la suite des Chroniques de Yelgor. Contrebandier d’esclaves et de reliques anciennes, il appartient aux tribus léoniennes du sud et manipule un sabre sculpté dans un os de denforte, un redoutable prédateur des mers. Un personnage qui donnera du fil à retordre à nos héros.
2. Les Élections de tous les Dangers !
J’en avais déjà parlé l’année dernière, mais plus les années passent et plus il devient difficile de faire l’autruche en ce qui concerne l’état pitoyable de notre monde et à la morosité politique répond une question environnementale toujours délaissée par nos merveilleux dictateurs en chef, signe que nous progressons inexorablement vers un abysse conçu de nos mains. La maîtrise du réchauffement climatique repose sur une dure remise en question des philosophies qui guident nos actes aux quotidiens et que ceci est plus de l’ordre de l’éducation, un secteur abandonné par nos gouvernements successifs, car des citoyens éduqués sont à même de distinguer l'énorme fraude que sont ces belles personnes qui se drapent dans de grands maux.
2017 se profile donc comme une étape décisive vers la catastrophe annoncée. Oh ! Cela ne prendra pas la forme d’un blockbuster hollywoodien et il n’y aura sûrement pas d’homme providentiel, de Jésus Christus capitalisto-compatible pour nous sauver nos faibles couennes. Cela sera graduel et lorsque nous esquisserons un geste — parce qu’inondations, sécheresse endémique, surpopulation et pandémies virulentes —, la maladie aura gangréné tout le système. Trop tard pour les larmes de crocodile. Inutile de prétendre que vous, hommes de pouvoir pathologiquement agrippé à l’accumulation de richesse, vous ne saviez pas. Vous saviez et vous vous êtes lavé les mains sans honte. Nous aurons scié la corde sur laquelle nous nous tenons au bord de l’abîme. En tant qu’espèce, nous serons vaincus par nos fantasmes morbides, nos religions délétères et notre profonde lâcheté.
Et c’est mieux comme ça.
Oui, mais toi, que fais-tu pour éviter ça ?
Bah, en dehors de quelques gestes, le commun des mortels ne peut pas faire grand-chose sans une vraie volonté politique pour coordonner cette grande machine cabossée qu’est notre société moderne. Ce n’est pas en culpabilisant comme le font les nombreuses campagnes de pubs – dont nous pouvons questionner l’utilité et les raisons réelles de leurs mises en place – que les choses avanceront. Car ce sont les entreprises qui polluent bien plus que n’importe quel péquin moyen pourrait le faire durant toute son existence, même en se roulant dans la fange chaque minute que Dieu fait. Le problème étant que le dogme libéral nous a tellement enfoncé dans le crâne que le capitalisme était la dernière des idéologies que nous ne sommes plus capables de penser en dehors des clous.
Si nous souhaitons devenir pérennes en tant que civilisation, nous devons arrêter de nous foutre la tête dans le sable et nous extraire les doigts du cul. Passez d’un monde dominé par les multinationales et le profit – le pire des scénarios déjà envisagés par les écrivains cyberpunk – pour un autre, soutenu par de nouveaux symboles. De nombreux sacrifices seront réclamés à commencer par le déboulonnage de nos idoles et de nos fétiches. Exorcisons le culte de la bagnole, de la rentabilité, du travail et de la performance… Il y a un grand vide de la pensée mythique à occuper d’urgence, car sans ce socle nécessaire, nous ne pourrons pas changer notre mode de vivre. Nous sommes autant façonner par les mythologies que nous les façonnons.
Gardon aussi à l’esprit que nos monstres de Frankenstein ne se laisseront pas porter à l'abattoir sans livrer un ultime combat. Glodman Sachs, Disney, KFC… ne mourront pas d’elle-même. Elles sont investies de l’importance que nous leur avons accordée. De fait, elles possèdent une « âme » faite de l’amas de leurs travailleurs qu’elles modèlent selon leurs valeurs et leurs légendes. Ce sont des égrégores terriblement puissants présents partout, au quotidien dans nos plats, dans notre culture et dans les slogans politiques. Nous devrons livrer une bataille sanglante contre des géants que nous avons bâties de nos propres mains.
Autrefois, nous avons songé que ce type d’organisation nous permettrait d’accéder à un monde de merveilles. Hélas, elles se conduisent en créatures égotistes et perverses, semant la mort et la destruction. Non parce que cela leurs procure du plaisir, mais parce qu’on nous les avons programmés pour ça ! Rien dans leurs actes de naissance ne les oblige à servir l'intérêt général. Ce sont des robots spécialisés auxquels non seulement nous avons oublié d'intégrer les trois lois d’Asimov, mais qui sont aussi à même de ce saisir de tout l’arsenal légal de nos sociétés pour les détourner afin de se reprogrammer de manière encore plus efficiente. Nos dirigeants ne cessent de s’aplatir devant ces golems ventripotents quand ils vaudraient les démanteler et remplir les geôles des organes pourris de ces aberrations.
Reste qu’il subsiste quelques solutions — pas des centaines — pour sortir de l'impasse où nous nous sommes fourrés, en prenant bien conscience que les bienfaits putatifs de la main invisible d'Adam Smith ont rejoint les rangs des chimères en compagnie de la Terre Plate et de quelques autres notions périmées. D'autre part, les méthodes capables de résoudre les multiples catastrophes enclenchées par la modernité – qu’elles soient environnementales ou humaines — demeurent toutes incompatibles avec le capitalisme, car elle implique de repenser en profondeurs notre rapport avec le travail, l’économie et le temps.
Une forte réaction d’opposition apparaît d’ailleurs avec des élections de tous les dangers portés la tête haute par la génération du Papy-Boom qui, non content d’avoir sapé tous les acquis de leurs parents — nos grands-parents pour ceux nés dans les années 70 comme votre serviteur —, souhaite continuer de pourrir l’existence de leurs descendances en donnant carte blanche à des régimes néo-fascistes dans les États occidentaux. Ce sera Trump aux États-Unis, l'extrême droite flamande en Belgique et quant à la France… Entre la Droite extrême et l’extrême Droite, le choix équivaut à jouer à la roulette russe avec un revolver chargé de six balles. À tous les coups, tu te prends une bastos dans la tronche.
Vous pourrez me rétorquer qu’une révolution est toujours possible, mais soyons honnête, voulez-vous ? Pour qu’un soulèvement naisse, il doit être porté par une idéologie claire, efficace, qui remplace les inepties des précédents régimes. Or nous ne sommes jusqu’à maintenant que des voix discordantes incapables de s’entendre et de discuter calmement. Ce n’est pas dans cet état que nous nous nous friterons avec des flics transformés en Robocop – en voilà un film visionnaire qui commence à ressembler à nos actualités – armés de lance-grenades pouvant éjecter deux ogives fumigènes par seconde.
Et si vous ne me croyez pas, allez jeter un œil aux débats sur la toile…
3. Bilan du Blog :
Malgré le fait que cela me fasse un peu mal au derche d’utiliser une plate-forme sponsorisée par une entité que je ne porte pas dans mon cœur, continuer d’alimenter ce coin de Web me satisfait. Comme mon existence risque d’être bousculée durant les mois qui viennent, il se peut que les articles se fassent plus sporadiques, mais nous verrons…
Le premier chapitre des Chroniques de Yelgor augmente régulièrement ses statistiques. Les autres peinent à le suivre, mais j’ose espérer que vous vous lancerez dans l’expérience jusqu’au bout.
La seule critique cinéma de l'année : The Bay arrive en deuxième position.
4. Un Message aux critiques cinématographiques en herbe :
Si au départ de mon aventure bloguesque, je pensais faire des critiques cinéma de manière régulière, je réalise plus en plus la difficulté de l’exercice. Se confronter à une œuvre plurielle – dans le cinéma, différents artisans travaillent de concert – pour en tirer une lecture qui soit à la fois pertinente et personnelle. Une fois que l’on a omis les quelques scories techniques, il va de soi que séparer les nombreux constituants d’une fiction s’avère bien plus délicat que cela en a l’air, n’en déplaise aux aigris, à ceux revenus de tout, aux moralistes et autres scribouillards du dimanche…
Cela demande une humilité et une attention de tous les instants à ce que les auteurs nous racontent. Construire une critique, non dans le sens de régurgiter son pédantisme, mais pour tirer d'une impression fugace une réflexion argumentée, dont les bases s'appuient à la fois sur des racines subjectives — notre appétence consciente pour tels ou tels types de style —, mais également sur un tronc d'éruditions et de raisonnement aussi solides qu'une démonstration mathématique nécessite concentration et patience. L'exercice ne consiste pas à plaquer une perception erronée des éléments présentés dans un métrage, mais d'oublier un instant son égo pour procéder à une minutieuse anatomie de ce que l'on voit.
Les aspirants critiques devraient se dépouiller de toute envie de se faire mousser en réalisant ces articles pute-à-clics qui fleurissent sur le Net comme le chiendent dans un jardin malade. Quels autres intérêts – sinon celui d’attirer le chaland avec un maquillage outrancier – y-a-t-il de tirer sur des ambulances comme Disney et ses multiples itérations, sinon celui de pulvériser le compteur de visites ? Vous voulez vous mettre à la critique de cinéma ? Alors faites-le par passion, compulser d’abord des livres de théories et parler de choses qui vous ont plu, arpentez les chemins de traverse gorgés d’humus de cet art complexe et non ses sentiers boueux que de trop nombreux pas ont achevé de cabosser.
Le cynisme et le dédain systématique, j’ai connu et j'y ai accordé trop d'importance en d’autres décades. Au final, cela tient surtout d’une posture d'adolescent obsédé sexuel en passe d’avoir sa première relation amoureuse, réalisant, sa triste nouille trop cuite à la main, que tout cela ne ressemble pas aux capsules vidéos regardées compulsivement sur son Aïe-phone, dans le secret moite de sa chambre parfumée aux relents d’Achille. Ce style, j'ai donné – même au début de ce blog –, mais cela trouve très vite ses limites intellectuelles. S’enfermer dans une intransigeance prescriptive est une forme de sclérose trop répandue dans les entrailles du net. En revanche tenter d’expliquer pourquoi l’on apprécie ce cinéaste ou ce film là en particulier – en dépit de défauts apparents – voilà qui est un exercice certes complexe, mais souvent gratifiant.
Si l’on ajoute par-dessus une lecture politique, on aura atteint un pinacle dans la pratique de la critique, mais cet aspect n’est pas à mettre entre les mains du premier venu et à vouloir greffer de manières absurdes nos obsessions idéologiques sur un donneur incompatible, l’on court à un rejet abominable… Mais j’aurais l’occasion d’en rediscuter…
4. Les chantiers en cours…
J’ai pu achever, avec quelques contentements, Rhésus Pub et Les Esclaves de l’Or que vous pouvez toujours lire sur la toile. Le cycle de nouvelle d’Arkady continue à son rythme d'escargot neurasthénique, et les deux prochaines histoires n'en sont qu'au stade de la larve.
D'autre part, je m’échine sur des romans qui me prennent des mois et il me faudra encore quelques années pour les mener à terme. Ces compositions sont prévues pour être en premier lieu envoyées à des éditeurs « classiques ».
— Les Chroniques de Yelgor : la Nuit de l’Auberge Sanglante. :
Donc, le nombre de chapitres est passé de 12 à 26. Une estimation à la louche qui me permettra de boucler la plupart des intrigues lancées sans filet de sauvetage. J’ai quelques idées pour la suite, mais ce ne sont pour le moment que des notes dans mon carnet. Le désir de continuation est là j'aime arpenter ce monde, retrouvant une liberté et d'inventions qui me manque parfois sur mes autres histoires tant le contexte d'un récit peut se métamorphoser en carcan sans qu’on y prenne garde. Yelgor est devenue, je le crois, « mes îles magiques ».
— Vitallium 450 g. :
Troisième histoire du cycle de nouvelles d’Arkady, elle a été rédigée dans le cadre d’un appel à texte et je peaufine une deuxième version qui adoptera le point de vue de ma protagoniste fétiche. Le pitch : Ethel Arkady sauve une Dryade des griffes d’une multinationale pharmaceutique… L’occasion de me payer une nouvelle fois la tête des affreux qui se penchent sur « notre bien-être »…
— Adélaïde. :
Troisième version en court. Le manuscrit devient exagérément touffu, faisant un énorme détour par l’horreur gothique tendance Hammer. Il faudra que je songe à retomber sur mes pattes, mais il y a tant de pistes à exploiter…
— Pornopolis :
La première version du scénario est achevée, mais il me manque des retours. D’autre part, je souhaiterais introduire de nouvelles scènes – issus de quelques recherches sur le sujet —, mais je ne parviens pas à trouver le moyen de les injecter dans le fil de la narration pour le moment. Le dossier graphique est en court et sa réalisation nécessite des coups de scalpel dans la trame pour faire converger les visions du dessinateur et mes propres délires en un tout homogène.
— La Fille des Serpents :
Ce roman gore a bien avancé, mais je n’ai toujours pas achevé de rédiger le dernier quart qui sera d'un sadisme assez élevé. Je profiterais de la nouvelle année pour donner à ce récit toute la démesure qu'il mérite. Il se peut qu'il y ait des grumeaux de lovecrafteries dedans...
— Monatos :
Autres itérations du Cycle d’Arkady dans lequel interviennent des corporations corrompues. J’y remettrais la main à la patte dans les mois qui viennent .
— L’Ordre Noir : Traquenard à Central Park. :
Mon Arlésienne personnelle. Le scénario de cette BD que je souhaite réaliser de mes petites mimines est au point depuis des décades, mais il me manque toujours du temps. Cette histoire traîne depuis six ans. Je ne désespère pas de m’y atteler un de ses quatre, d’autant que le découpage a bien avancé, excepter une scène qui me donne du fil à retordre. Ensuite, je pourrais enfin passer à mon Women In Prison avec Arkady dans le rôle principal. Un épisode très douloureux de son existence dont les résonances sont déjà prégnantes dans d'autres récits.
Tout cela bien sûr si nous ne sommes pas morts d’ici là.
Bonne année.
_____________________________________
_____________________________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire