459 p.
Cartes & illustrations de FredK.
Après avoir laissé nos héros en proie à la traque de l’Hermine, la narration de Fintan Calathynn — le barde de l’équipée à la recherche du prophète « le Roi-Diseur » — relance la chasse. Les séquences de poursuites, menées tambours battants, amènent enfin nos protagonistes dans les fameux « Sentiers des Astres » où se dérouleront quelques règlements de compte fort graphiques. Les rares moments d'accalmies servent à poursuivre l'histoire de la courtisane Shakti dont les errances sont liées aux objectifs militaires de la petite troupe de manière bien plus intime que ses membres ne le soupçonnent.
L’auteur brosse en creux le portrait d’une belle ordure – le Meijo déjà présent dans le tome 2 – dont les actes répréhensibles jalonnent les rebondissements les plus marquants. On retrouve la plupart des thématiques exploitées dans les autres volumes de la saga, que ce soient la recherche d’artefacts anciens aux effets incertains, allégories de la pollution actuelle, ou les conséquences spectaculaires de la magie qui se manifestent dans la chair de ses utilisateurs. Le personnage de Shakti et de son enfant s’étoffe en profondeur et l’auteur s’attarde sur la mort sociale qu’entraîne la pauvreté lors de séquences aussi poisseuses que glauques.
Si la poésie était à l’honneur dans les deux premiers tomes, avec quelques descriptions parfois trop élégiaques, ici les manettes sont poussées vers la macabre, la violence et le gore. Le style reste riche en mots rares et autres allégories sinueuses, mais l’on devine une volonté d'accélérer le rythme de la narration. Les quelques séquences apaisées sont vite remplacées par des moments de lutte et des scènes dantesques comme la poursuite haletante dans la brume d’une dimension parallèle, ou l’affrontement contre une divinité corrompue qui clôt cet épisode dans le sang, la sueur et les larmes. L’auteur creuse son univers pour en explorer toutes les complexions, dynamisant le récit. Un ultime crescendo s’achève sur une fin ouverte qui prépare à une suite qui s’annonce tonitruante.
Les Moutons électriques ont été inspirés de publier la plume de Stefan Platteau qui démontre que la fantasy francophone est capable d’en remontrer à son homologue anglo-saxon. Que ce soit en termes de style, de rythme et d’inventivités. En résumé, oui ! C’est plus que convaincant et je serais au rendez-vous pour le quatrième volet de cette saga atypique par bien des aspects dans le morne paysage éditorial contemporain.
Attention toutefois à ne pas tomber dans l’écueil d’écrire la suite de trop et d’entraîner ce qui est pour le moment une brillante histoire solidement charpentée vers la Big Commercial Fantasy. Ce serait gâcher un titre au potentiel énorme, pourvu qu’on lui donne la durée idoine.
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