Bonjour chères lectrices et chers lecteurs…
Avec la nouvelle année, il est l’heure pour
moi de faire une sorte de bilan de ce blog. Cela fait trois ans que je nourris
une fois par mois cet espace de liberté où je publie ce qui me traverse la tête
dont cet article patchwork. Chaque changement de date est l’occasion de poser
des jalons et de regarder ce qui a été fait et ce qui reste à faire. J’achèverais
l’article fleuve sur les vampires, bien que les productions que je vise de mes piques
- la Bit-Lit dans ce qu’elle peut avoir de plus clichée - s’essoufflent. Il ne
reste que quelques indécrottables fanatiques qui ne parviennent pas à voir que
la fête est finie.
Ce dernier point m’inspire une petite
réflexion : on pourra me rétorquer que j’ai "beau jeu" de me poser en "père la
morale" alors même que j’utilise un univers empreint d’un bestiaire fantastique
d’une étonnante similitude avec ce type d'ouvrage que je ridiculise… Après
tout, les frasques d’Ethel Arkady se déroulent dans un monde fictionnel en tous
points similaire. N’ai-je pas tout à gagner
à la pérennité de ce sous-genre ? Pour ma défense, j’arguerais que les
vampires et autres créatures appartiennent à l’ordre de la métaphore. J’en use
comme bon me semble et selon l’angle d’attaque que j’ai fixé pour aborder le
sujet. Le vampire incarne pour moi « le Capitaliste Ultime ». Il est
destiné à être la Némésis d'Ethel Arkady qui symbolise de son côté « la
Liberté » dans ce qu’elle peut avoir de plus paradoxale : Arkady
pouvant aussi bien décapiter un nouveau-né avec les dents que sauver un SDF sur
un coup de tête…
Ce petit détour par mes propres écrits que je
m’applique à rendre cohérent depuis sept ans déjà me fait songer au dilemme qui
secoue notre monde humain et dont nous sommes tous les jours pollués par les
éructations sonores. Le mantra de nos marionnettistes nous souhaite constamment
tendus comme des cordes d’arc obsédées par une « crise » qui n’existe
que pour justifier leurs rapacités pantagruéliques. Dans cet environnement
mental délétère, ont surgi du net des gourous phagocytant de nobles causes,
amalgamant tout et son contraire pour redistribuer des votes en direction du
Front National.
Ce ne serait pas important si ces clébards en
rut ne rencontrez pas un tel succès public auprès d’une frange de la population
séduite par les sophismes de ces malfaisants dans lesquelles on trouve parfois
des pépites d’informations correctes disséminées ça et là comme les cailloux
d’un Petit Poucet sadique. Ces amalgames soigneusement conçus rendent d’autant
plus virulents les messages conçus par ces crypto-facistes. Tous ces amalgames ont
créés une culture dévoyée, profitant des lacunes béantes d’un système
d’éducation largement déficitaire qui ne procure pas aux nouveaux citoyens les
protections idéologiques dont ils auraient besoin pour juger un tel discours à
l’aune d’un esprit critique bien charpenté. Les agitateurs qui se drapent dans
les oripeaux d’un catéchisme « antisystème » le savent bien et ils ne
proposent que la stratégie du bouc-émissaire. Une méthode qui a en d’autres
temps fonctionnée, jusqu’à un certain point…
Les extrêmes fleurissent comme des
champignons, augurant un futur des plus sombres. C’est pourquoi il faut tenter
de se rappeler que seul l’Imagination et l'ingéniosité donnent à l’humain l’occasion de s’élever
au-delà de sa pitoyable condition. Les solutions à de nombreux problèmes avec
lesquels les médias nous angoissent existent, entre les pages des livres, dans
la magie de la technologie. Il ne manque que la volonté de les mettre en œuvre.
Il est de notre responsabilité de ne pas succomber à la névrose ambiante, de contrôler
l’irrationalité qui s’empare de nous lorsque nous sommes acculés par la rumeur pour
émerger hors de la vase.
En cette nouvelle année je ne changerai donc
pas mon fusil d’épaule d’autant que les histoires d’Ethel Arkady me permettent
de rassembler plusieurs préoccupations qui me tiennent à cœur et qui
participent autant de l’observation de la « réalité » tel que nous la
construisons que du fantastique le plus pur.
Pour finir, je vous propose une petite
sélection du meilleur et du pire de l’année 2013 (selon moi). Une manière de se
faire du bien et de vous recommander quelques nourritures de l’esprit tout en
crachant un peu de venin puisque ceci sera le seul article « Foutage de
Gueule » de l’année 2014.
1.
Littérature :
Je me replonge avec délectation dans
l’univers imaginaire de l’écrivain texan, surtout depuis que ses nouvelles ont
été révisées, corrigées et compilées par le traducteur Patrice Louinet qui nous
épargne les ajouts de Lyon Sprague De Camps. Rassemblant une sélection de contes
horrifiques de Howard, le recueil suit l’évolution de son art dans le domaine
du fantastique depuis ses débuts incertains jusqu’à ce que l’auteur trouve sa
voie.
Si Howard est plus connu pour la Fantasy à tendance
bourrine avec les aventures de Conan, c’est un réel plaisir de le retrouver sur
le terrain du fantastique pur et dur. Les premières nouvelles sont constituées
d’hommage à l’écrivain William Hope Hodgson [1]. Elles rappellent par leurs ambiances maritimes et gothiques les
récits de Jean Ray [2]. Par la suite Howard se fend de quelques Lovecrafteries et si l’on
reconnaît l’empreinte du maître de Providence, la patte d’Howard leur confère
une singulière brutalité. La Pierre Noire en particulier, avec son rite
démoniaque retranscrit de façon presque clinique par l’écrivain demeure un summum
de gore pur et dur.
Puis le style d'Howard s'affermit. Il décide
de transposer des légendes de son Texas natal au sein de sa fiction. Il se débarrasse
de toutes influences parasites, dont celle de Lovecraft, qu’il gratifiera d’un
pied de nez dans la nouvelle Les Pigeons
de l’Enfer. Avec son titre très série Z cette histoire d’horreur d’une
efficacité redoutable propose une des plus terrifiantes et originales
apparitions de zombie qu’il m’ait été donné de lire. Et après m’être enfilé
quelques bouses infâmes sur le sujet (Bonjour le comics Walking Dead), autant dire que cela fait du bien !
Parsemant l’ouvrage on trouve quelques
nouvelles traitant à plusieurs reprises de la réincarnation. Howard accordait
du crédit à cette croyance, ce qui donne parfois lieu à des fictions aussi
troublantes que poétiques comme « Pour l’amour de Barbara Allen », dans
lequel l'auteur change de registre et rédige quelques pages d’une insondable
tristesse…
Tâcheron pissant de la ligne pour les uns ou génie
méconnu pour les autres, Howard se situe quelque part entre les deux, mais son
talent de conteur ne peut être remis en doute tant ses récits foncent le pied
au plancher au cœur du sujet pour embarquer le lecteur ailleurs…
Le Pire :
Comprendre l’Empire / Alain Soral.
Quelques précisions préalables : Je suis par essence apolitique et si je respecte votre foi à l’égard des questions religieuses, je déteste que l’on me fasse chier avec un prosélytisme malsain. Il en de même avec des idées issues des égouts de la pensée. Je suis par nature opposé aux régimes maltraitants leurs populations et à toutes formes de censures. Je n’ai pas de carte de partis politiques, ni de sigil ! Maintenant que ceci est clair, allons-y !
Je me fendais précédemment d’un paragraphe
sur les gourous du net, en voici un exemple vivant ! Convaincu par un ami
de longue, j’empruntais cet opuscule à la bibliothèque pour m’éclater les
rétines à sa lecture. Car qui pourrait trouver des qualités à cette chose
puérile d’un homme s’auto congratulant auteur et sociologue. Soyons honnêtes :ceci est un livre de merde !
Non seulement Alain Soral mélange les sujets
les plus diverses qu’il picore dans l’actualité, mais en plus le bougre
justifie ses innombrables sophismes par je cite : « Des années de
lecture ! » ce à quoi on aimerait demander :
« Lesquelles ? » puisque Soral ne nous gratifie d’aucune
bibliographie, ceci afin de sauvegarder son lecteur de toutes lourdeurs
universitaires. Soral néglige donc l'intelligence de son lecteur tout en
l’abreuvant de mots techniques que celui-ci doit maîtriser sous peine de ne pas
comprendre les enjeux du texte… Pourtant, une petite bibliographie aurait pu
être d’une quelconque utilité à lecteur plus curieux qui aurait apprécié de se
désaltérer aux sources de la connaissance de ce grand philosophe qu’est Alain
Soral… Égal à lui-même, l'auteur est illogique jusque dans la conception de sa
poussive rédaction censée nous expliquer la vie, la mort, le cul en quelque 150
pages.
Ne nous faisons pas d'illusions, l'auteur ayant
autrefois tapiné [3] dans des émissions de télé-réalités sordides
pour y exposer son palmarès de dragueur invétéré, il ne faudra pas s’attendre à
un style littéraire relevé ni encore moins à des saillies textuelles
intelligentes. On nage en plein dans la boue des lieux communs. Combinant un
ensemble de phénomènes aléatoires en une seule explication simpliste (tout est
de la faute des sionistes-francs-maçons... Ils empoisonnent de l’eau pour qu’on
attrape tous un psoriasis…). Lassé de courir après le cul des femmes, je
suppose que Soral fait la cour à un pays dans son entier en faisant le pari de
le ramener dans le giron d’une extrême droite décomplexée.
Tout cet assemblage brinquebalant de cliché ne
serait pas tragique si l'acculturation causée par les mêmes télé-réalités et
leurs logorrhées pour lagomorphes neurasthéniques n’avait envoyé l’esprit
critique de la plupart de nos concitoyens dans les chiottes. Comment adhérer
aux idées d’un Soral portant aux nues des personnages politiques aussi
dangereux que Poutine par exemple, lequel a autrefois descendu froidement sa propre population pour résoudre une prise d’otage.
Comprendre l’Empire
ne propose aucune nouvelle grille de lecture pour saisir les immenses
ramifications du pouvoir. L’auteur ne fait aucune différence entre l’ancien
capitalisme, défini par son théoricien Adam Smith et le Néo-libéralisme, pas plus qu’il ne suggère de
solutions pour sortir de cette solide toile d’araignée où nous sommes tous interconnectés.
Pour mettre au point une vision d’avenir il eut fallu se renseigner auprès de
scientifiques, d’ingénieurs ; il eût fallu maîtriser tous les paramètres
d’un monde complexe en permanente transformation et non en négliger des aspects
importants, par exemple l’impact des activités humaines sur l’environnement.
Soral ne fait qu’exciter l’appétit de la
foule pour les explications les plus simples au travers d’un discours brassant
dans toutes les doctrines « altermondialistes » pour ne pas révéler
les traits grimaçants de sa véritable nature. Derrière son apologie du travail
(encore…), du français bien français et du musulman bien musulman se dissimule
une haine virulente de tout ce qu’il ne peut comprendre.
Les allures de matamore du sieur Soral et de
sa clique ne doivent pas tromper ! Lui et les siens adoptent une double position
paradoxale, faite de provocations morbides dans un premier temps puis, dans un
mouvement de reflux pouvant parfois être assimilé à de la lâcheté pure et
simple, ils assument une posture de victimes outrées, cibles d’une
intelligentsia de « bobos » manipulée par les lobbies
« Maçonnico-sioniste » ! Rassurons un peu ces paranoïaques
pathologiques [4] : les fameux lobbies existent ! Cependant, ils ne font
pas grand-chose pour empêcher les idées malsaines de Soral et de ses complices
de se diffuser, Comprendre l’Empire ayant
été un succès en librairie… Les concepts d’extrêmes droites auraient-ils
quelques invisibles protecteurs, encourageant cette gangrène philosophique à se
disséminer dans le corps social ?
Je ne vais pas m’étendre sur l’énormité de la
chose, d’autres l’ont fait mieux que moi, mais il est dommageable de voir à
quel point ces idéaux grotesques se répandent, trouvant un terreau durable dans
les cerveaux malléables. La multiplication des signaux d’alarme impliquant un
signe désormais trop célèbre témoignent d'un dangereux ballet idéologique où
les camps opposés se nourrissent de leur haine mutuelle en espérant que le jeu
de manipulation leur sera à tous deux favorable… [5]
2.
Bande-dessinée :
Le Meilleur :
En musardant de ça et de là entre les rayonnages encombrés des libraires on peut tomber sur de bonnes choses. Dans le domaine du manga ce sera l’auteure méconnue dans nos contrées Moto Hagio qui dans un style vaporeux démontre sa maîtrise implacable de l’histoire courte à tendance parfois horrifique, souvent fantastique. Reconnue comme l’une des créatrices du shojô [6] dans les années 1970, Moto Hagio explore une narration explosée dosant de manière subtile l’angoisse.
Enfant meurtrier, double envahissant,
gémellité troublante peuplent un univers trouble qui rappelle souvent les
meilleurs écrivains du fantastique comme Edgar Allan Poe ou Henry James. Le
diable se loge dans les petits détails et le passage d'une case à une autre peu
amener un retournement de situation redoutable. En outre Moto Hagio n’hésite
pas à changer de genre, arpentant parfois les arcanes d'une SF complexe. Avec Nous Sommes Onze, l’auteure montre toute
l’étendue de son talent dans un angoissant huis clos spatial. On regrettera que
la suite des aventures des onze se disperse un peu trop. Un écueil largement
tempéré par la qualité de la narration et la description d'un univers cohérent.
Plus qu’une BD classique, cette œuvre
participe d’une recherche à la fois graphique et thématique sur le médium tout
en repoussant les limites des genres. Malheureusement, la publication qui lui
est consacrée par Glénat démontre encore une fois toute la médiocrité de cet
éditeur qui nous offre à nouveau des livres fragiles, mal encollés et mal
imprimés… Capitalisme sauvage quand tu nous tiens...
Dans le petit monde du comics, Sandman a gagné ses titres de noblesse grâce à un récit morcelé dont chaque fragment peut se lire comme une histoire complète, mais dont l’ensemble des parties forme une vaste saga sur le rêve dont les personnages récurrents ne cessent de se croiser. De 1989 à 1996, Neil Gaiman construit un univers foisonnant, passant d’une époque à une autre pour les besoins de son scénario. Picorant à toutes les traditions de contes et légendes, il cimente sa fiction dans un faisceau de références qui aboutiront à une fin aussi tragique qu’inévitable. Les variations de style graphique peuvent rebuter, chaque chapitre bénéficiant du travail d'un dessinateur différent. Cependant, ces fluctuations possèdent une justification, Neil Gaiman confiant chaque partie de son script à un artiste capable de lui conférer l’ambiance idoine.
Pourquoi parler d’une BD qui n’est pas
récente ? Tout simplement parce que les éditions Urban Comics ont décidé
de réimprimer l’ensemble des épisodes en faisant table rase des forfanteries
éditoriales de Panini Comics. La traduction a été repensée et quelques planches
bonus ont été ajoutées. Des analyses de scénarios et des interviews complètent
ces monstrueux ouvrages nous permettant de nous replonger dans un classique de
la littérature. On pourra reprocher le prix excessif aux alentours de 35,00 €
par album ce qui ne met pas la série à portée de toutes les bourses, mais vous
pouvez toujours les faire venir dans vos bibliothèques !
Quoi qu'il en soit, en passant de la fantasy
à l’horreur gothique, Sandman offre
en une seule histoire un gigantesque panorama de toute la richesse du
fantastique. Une saga qui demeurera l’unique diamant de son auteur, Sandman ayant, épuisé toutes les audaces
narratives de Neil Gaiman. Il ne
retrouvera jamais une telle virtuosité et ce ne sont pas ses médiocres romans
qui me convaincront du contraire. Une œuvre dont la perfection dépasse tous les
codes, les conventions et les stéréotypes du genre… Ce qui est déjà pas mal
pour des « petits Mickey »…
- Cromwell Stone / Andreas.
Ma découverte de cet auteur complet allemand ne date, à ma grande honte, que de l'année dernière. Doté d’un style anguleux et jouant des possibilités narratives induites par le découpage, Andreas a trituré les capacités de la BD à explorer de nouveaux territoires au travers de scénarios flirtant toujours avec le fantastique et la science-fiction. Cette recherche de l'inquiétante étrangeté va conduire l'Allemand à s'intéresser de près à l'œuvre d'Howard Phillip Lovecraft.
On a beaucoup glosé sur les difficultés qu’il
y avait à adapter Lovecraft dans d’autres médias que la littérature. Ceci
s’explique sans doute par une technique d’écriture oscillant entre une
précision chirurgicale dans les nombreuses descriptions qui émaillent ses
récits et un goût pour l’hypertrophie adverbiale confinant aux délires lorsque
les abominations du cosmos achèvent de rendre fous les héros. Cette méthode de
narration consistant à empiler les adjectifs et les adverbes les uns derrière
les autres créent un effet incantatoire, une ivresse par le verbe.
À côté de cela on lui reprochera de bâtir des
dialogues plats et de négliger la caractérisation de ses personnages, mais
c’est oublier que les protagonistes de Lovecraft ne sont que des appareils
sensoriels placés là où ils sont pour transmettre aux lecteurs une vérité
angoissante avant d’être broyés. À ces difficultés s’ajoute encore la maîtrise
totale de la structure de l’histoire. Perfectionniste, Lovecraft peaufinait l'architecture
narrative de ses contes. À cet égard, des nouvelles comme l’Appel de Cthulhu, l’Affaire Charles Dexter Ward ou les Montagnes Hallucinées sont des modèles de construction dramatique.
Ces pièges ne parviennent pas à annihiler
l’attrait des beautés morbides suggérées par l’écrivain et de nombreux artistes,
toutes pratiques confondues, se sont frottés de front à son l'univers suintant.
La plupart ont connu un échec prévisible en tentant de visualiser les créatures
du « Mythe de Cthulhu » mais
celles-ci s’apparentent à l’incarnation du concept « d’Horreur
Cosmique ». Elles sont donc, du fait de leur statue à la limite du
symbolique, peu aptes à être matérialisées de manière crédible. Certains
exégètes lovecraftiens, plus prudents dans leurs démarches ont biaisé le
problème en adaptant les nouvelles de Lovecraft à leurs visions propres. Cette
option peut parfois aboutir à des résultats assez étranges comme le Néonomicon d’Alan Moore.
À l’opposé de ce traitement, Andreas
contourne les écueils qui lui barraient la route en s’inspirant de la
cosmogonie de Lovecraft sans faire référence à aucun de ses textes. Pourtant,
le synopsis de ce triptyque contient tous les éléments pour figurer dans l'univers
du reclus de Providence. Ainsi le personnage principal, Cromwell Stone, nous
apparait-il d’abord comme un homme traqué par de mystérieux tueurs pour avoir
participé à une croisière qui fut le théâtre de phénomènes étranges. Il se
réfugie dans une immense bâtisse hantée tandis que d'inquiétants voisins surgissent
dans son environnement anxiogène. Le lecteur s’en doute : la maison est liée
aux événements de la funèbre croisière, eux-mêmes connectés à l’émergence d’une
entité divine perdue sur notre planète. Cromwell Stone, tiraillé par des forces
occultes qui le dépasse n’échappera pas à son destin et connaîtra lui aussi un
sort bien plus pervers que la mort…
La dimension d'horreur cosmique donne toute
son essence lovecraftienne à un récit mené tambour battant est obtenue grâce au
travail graphique d’Andreas rappelant certaines gravures du 19ème
siècle. Le noir et blanc tranché apporte une indéniable atmosphère à cette BD
qui multiplie les visions dantesques. Cromwell
Stone, bien qu’en marge de l’univers de Lovecraft peut se lire comme une
synthèse de toutes ses thématiques de prédilection. Au travers de cette BD
d'une rare intelligence, Andreas prouve que les meilleures adaptations sont
celles qui conservent l’esprit particulier d’un auteur sans en suivre la
lettre…
Le Pire :
Les sorties de bouses imprimés ont été si nombreuses en 2013 que je n’aurais pas assez d’un livre de 2300 pages pour en venir à bout. Autant se concentrer sur ce qui est bon…
3. Cinéma :
- Le meilleur :
Je me suis déjà fendu d’un article au sujet de ce film et de ses nombreux détracteurs. Que dire sinon que Tarantino essaie toujours d’exhumer une certaine forme de divertissement populaire sans pour autant renoncer à en faire un objet qui ne serait qu’uniquement marchand. Si on peut lui reprocher sa gouaille et quelques tics de réalisation, le résultat est néanmoins efficace et digne des séries B d’antan. Un spectacle intelligent qui marque le retour du western spaghetti sur grand écran. Que demander d’autre ?
En s’occupant du Hobbit, juste après être sorti de la réalisation du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson tente de refaire ce qui a fait son succès dans la
fantasy. Las, il semble bien que le système hollywoodien ait dévoré l’âme de
Peter Jackson avec la même rapidité que le dragon Smaug croquant un nain.
Le moindre tic stylistique du réalisateur est
multiplié par 1000. Les prises de vue aérienne se muent en complexes mouvements
de caméra aussi inutiles que gerbant. Le montage accuse une paresse inouïe là où
Peter Jackson n’hésitait pas autrefois à
faire des cuts violents, incisifs qui frappaient par leurs brutalités et
donnaient un impact dramatique puissant au passage d’une scène à une autre. La
direction photographique atonale ne saisit aucune ambiance. Les différentes
séquences éclairées de façon similaire sombrent dans une platitude exaspérante.
Ainsi la description d’une ville a-t-elle exactement le même étalonnage qu’une
scène angoissante impliquant hallucinations et araignées géantes… La technique
du 48 images par seconde confère une texture de plastique à tous les objets,
achevant de sortir le spectateur de l’univers du film. Comment prendre fait et
cause pour des personnages ressemblant à des playmobiles ?
D'autre part, le scénario souffre de béances
monstrueuses dues aux ajouts qui ont été nécessaires pour faire du Hobbit une saga en trois volets. Ainsi,
la love-story esquissé entre un nain semblable à un surfeur californien et une
elfe, totalement inutile pour le récit, leste une bonne partie du métrage d’une
enfilade de stéréotypes embarrassants. Les exemples de pareilles bourdes
abondent pendant ces longues et pénibles 3 heures de projection. Je ne parle
pas du jeu misérable des acteurs qui torpille un ensemble déjà saumâtre.
Le pire étant de voir que de nombreux
spectateurs apprécient un tel plat faisandé. Le pire étant de constater qu’un
réalisateur que j’ai admiré a définitivement vendu son âme au diable. Le pire
étant d’avoir payé ma place pour cette bouse de dragon fumante, espérant
encore, niais que je suis, assister à un moment de cinéma et non à un film en
plastoc…
Les
résolutions 2014 :
- Compte tenu des impératifs temporels et du
besoin que l’on a parfois de se décrasser la tête (lectures, sport, jeux et
autres…) je posterais un peu moins d'articles originaux. Pour l’année 2014, je
me contenterais d'achever le long texte sur les vampires et j’entamerais
lorsque mon emploi du temps me le permettra la révision d’un article sur H.P.Lovecraft
et ses nombreuses déclinaisons.
- À côté de cela je m’astreindrais remettre
en ligne mes illustrations, BDs, peintures, courts-métrages et photographie.
Ceci afin de ne pas perdre ce rendez-vous mensuel avec vous.
- Quelques courtes critiques apparaîtront
pour nourrir la Bibliothèque des Ombres, car je m’aperçois que j’ai de plus en
plus tendance à oublier ce que j’ai lu. En un autre temps, je tenais un journal
de lecture et le moment est venu de me contraindre de nouveau à cette discipline.
Si vous rodez en ces lieux vous pourrez y trouver de quoi sustenter votre
esprit ou, parfois, passer votre chemin sur tel ou tel gâchis de papiers ayant
la forme d’un livre…
Bonne Année à tous et à toutes.
___________________________________________
[1] - Auteur qui influencera H.P.Lovecraft, notamment pour l'ambiance maritime déliquescente.
[2] - Écrivain dont je raffole également et que j’avoue avoir plus lu que Hodgson, ceci expliquant cela…
[3] - Pour reprendre son expression favorite qui revient de manière pathologique dans son discours...
[4] - Mon avis, pour ce qu'il vaut dans le bras de fer Valls / Dieudonné : Je m'en bats les couilles ! Dieudonné, autrefois piètre humoriste s'est acoquiné à Alain Soral, ce qui le disqualifie d'office comme étant quelqu'un de raisonnable. L'attitude de Valls dans cette affaire est au choix stupidement conne ou dangereusement suicidaire. En tendant à Dieudonné (qui n'attendait que ça !) une aussi belle exposition médiatique il gave une certaine extrême-droite de nouveaux convertis ! A croire que Dieudonné à trouver un nouveau partenaire pour ses sinistres pantalonnades...
[3] - Pour reprendre son expression favorite qui revient de manière pathologique dans son discours...
[4] - Mon avis, pour ce qu'il vaut dans le bras de fer Valls / Dieudonné : Je m'en bats les couilles ! Dieudonné, autrefois piètre humoriste s'est acoquiné à Alain Soral, ce qui le disqualifie d'office comme étant quelqu'un de raisonnable. L'attitude de Valls dans cette affaire est au choix stupidement conne ou dangereusement suicidaire. En tendant à Dieudonné (qui n'attendait que ça !) une aussi belle exposition médiatique il gave une certaine extrême-droite de nouveaux convertis ! A croire que Dieudonné à trouver un nouveau partenaire pour ses sinistres pantalonnades...
[5] - Pour ceux que la pensée intéresse réellement et qui veulent élargir leurs champs d'investigations et qu'un peu d'effort dans la lecture ne rebute pas, je recommandes quelques ouvrages qui valent bien plus que la marmelade de mots de Soral : Éloge de la Fuite / Henri Laborit ; La Nouvelle Grille / Henri Laborit ; Ecoute Petit Homme / Wihelm Reich ; Psychologie de masse du Fascisme / Wihelm Reich ; Essai d'exploration de l'Inconscient / C.G.Jung ; L'unique et sa Propriété / Max Stirner ; liste non exhaustive, bien évidemment... D'une manière générale préférez toujours l'original à l'imitation...
[6] - Qu’on
nommera manga « pour fille » bien que cette définition ne corresponde
pas vraiment à la réalité d’un courant tiraillé entre d’énormes différences de
tonalité...
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