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    mardi 25 avril 2017

    Philosophie de Comptoir 02 : Attention ! Coup d'état et Macronnades en vue !

    Ces élections françaises qui ont eu lieu ce week-end ensoleillé d’avril 2017, pour furent aussi lamentables qu’historiques. Je m’explique.

    Et il y en a encore des tas comme ça... Quand la préférence (nationale ?) devient aussi voyante, on se fout un peu de notre gueule...

    D'une part, l’on a eu un candidat proposant une refonte de notre république – celui que j’appellerais la Merluche – et, tout aussi important, prennait en considération un environnement qui ne va pas en s’améliorant grâce à cette bonne vieille anthropocène. La Merluche s’est aussitôt attiré la haine caricaturale des éditocrâtes et autre laquais d’or. Même le grand, Joan Sfar, l'aristocrate de la BD que le monde nous envie, est sorti de sa cachette pour nous la jouer en mode propagande des années 30 avec bolcheviques un couteau entre les dents. En étant honnête deux secondes, de communisme, il était très peu question chez Merluche. Néanmoins, les intentions étaient bonnes, mais dérangeantes — surtout pour une certaine forme de commerce — pour une partie de nos maîtres. Il ne fallait pas laisser la moindre chance de passer le cap du second tour à cet histrion !

    En ce sens, la politique de la terre brûlée du duo Hollandouille et Hamon [1] s’est révélée très efficace. Stupide certes, mais efficace. Autant le dire aux gauchistes de tous poils : le parti socialiste est mort, définitivement. François Hollandouille et sa clique de gauchiasses [2] l’ont atomisé et éparpillé aux quatre vents. Même l’idée de socialisme a été anéantie par un quinquennat dont la plus infime décision était frappée du sceau de l’extrême-droite. Pour l’arrivé du F. Haine au pouvoir, on a eu l’entraînement…

    LOL !

    De l’autre l’on a eu au mieux des paltoquets falots, au pire des opportunistes totales. Ah ! Le feuilleton navrant de François Fion le châtelain enchaîné à ses casseroles. Mais ce n’était rien comparé au battage médiatique entourant le retour de l’hyper-président 2.00. Emmanuel Micron, sorte de clone de François Hollandouille et de Nico l’agité. Surfant comme un psychopathe en rut – l’homme pourrait donner son visage au Patrick Bateman d’American Psycho de Brett Easton Ellis dans un remake fantasmé – sur les cicatrices encore à vif du règne de Nico-Napoléon-en-petit, ce politicien véreux a reçu la bénédiction des Dieux médias. En coulisse, il n’est que le masque de Glodman-Sachs, J.P.Norgan et autres banques d’affaires hautement toxiques. Soit le parfait VRP automatique de la finance mondialisée.

    Au final, le scénario était écrit depuis longtemps en une prophétie auto-réalisatrice, à longueur d’éditos et d’émissions télé durant lesquelles le traitement partial des candidats était tellement visible que cela en devenait grotesque. Crachant des mots de manières aléatoires – j’aimerais qu’on m’explique QUI arrive à comprendre les discours de Micron ? – Emmanuel Micron s’est taillé un costard royal, enchaînant les meetings basés sur du vent. La nouvelle de son accession au second a entraîné une copieuse éjaculation des boursicoteurs du CAC 40.

    Hey Paul... On va parler de ton avenir dans la boîte...

    Évidemment, face au second challenger – l’omniprésente Marine La Peine – Emmanuel Micron va gagner, c’est là aussi écrit comme dans un scénario dirigiste de mauvais jeu de rôle téléguidé par un MJ bourré. Sauf que… Sauf qu’à force d’en parler, les médias ont créé un golem tant ils ont contribué à sa dédiabolisation. Ce qui me conduit à considérer que la victoire de Micron n'est pas encore actée. Nous ne sommes plus en 2002 et la donne politique a changé depuis ce lointain passé. La plupart des journalistes et des commentateurs ont deux décennies de retard sur les événements, mais je crains que le présent ne les rattrape par une ironie du sort assez dangereuse, quoique réjouissante sur l'instant…

    En dehors des authentiques nœuds intellectuels, je ne connais aucun être humain sain d'esprit capable de choisir entre la peste et le choléra. Même à droite, je ne les vois pas adhérer à Micron, celui-ci étant un rot émanant directement du dernier gouvernement. D'autre part, il n'est pas certains que ceux qui ont voté à « gauche » enfin, je veux dire socialiste, reporte leurs voix sur le roquet qui n’aura gagné que par forfait. À ce stade, et à moins de comptabiliser les bulletins blancs, je crains que le calcul des banquiers ne soit caduc. Cela étant, le milieu des affaires – comme nous l’apprend l’histoire – s’accommode très bien des régimes fascistes. En ce sens, la Peine est pour eux moins nocive – car tournée vers un passé déjà mort et enterré depuis des décennies – qu’un Merluche plus conscient qu’un cap doit être franchi à l’orée de ce nouveau millénaire [3].

     Les crevards, je suis là ! Ça va chier !
    Pour ma part, cette comédie, ce sera sans moi. Mais je nous souhaite bien du courage parce nous allons de toute façon encore perdre cinq ans.
    ____________________________________________

    [1] – Une insupportable Valls médiatique en 49.3 temps : Hamon appelle la Merluche à le rejoindre. Hamon et ses multiples revers de vestes, son programme improvisé en direct des plateaux n’est pas un seul instant crédible. La Hollande sort donc de sa prostration pour nous avertir des dangers que représente « le communisme » de la Merluche. La meilleure publicité que notre mérou vindicatif pouvait avoir de la part de la tanche encore aux commandes. Par contre est-ce qu’Hamon a fait le moindre geste en voyant poindre la catastrophe ? Ou n’était-il pas parti prenante – peut-être à son corps défendant – du scénario de la Hollande pour mettre sur le trône son clone ? Mystère ! Toujours est-il que le résultat est là. Je félicite le machiavélisme de la Hollande qui se dissimule sous une apparence de bonhommie affable.

    [2] – Vocable de l’extrême-droite, je sais… Mais cela défini tellement bien ce que je pense très sincèrement de la bande de bras cassés et de girouettes médiocres s’étant disputé le pouvoir ces dernières années. C’est bien simple : ils ont réussi à faire encore pires que leurs prédécesseurs, que ce soit économiquement ou socialement.

    [3] – Sans compter sur la participation aux débats d'un nouvel attentat, qui pointe son nez de la manière la plus opportune du monde...

    Une dernière pour la route. Bateman Style's...
     
     

    lundi 6 mars 2017

    Cinoche P comme Pourri... : Your Name (Makoto Shinkaï, 2017)

    AVERTISSEMENT :
     
    Ceci n’est qu’un avis que vous n’êtes en aucune manière obligé de partager. Mon humble but ici est de proposer une lecture de mon ressenti sur ce film que l’on porte – selon moi – un peu trop rapidement au pinacle. Si d’aventure vous vous sentez l’âme d’un justicier en déposant une pêche dans la section des commentaires, sachez que cela ne me fera pas changer d’avis et que vous perdrez votre temps. En vous remerciant pour votre compréhension…
     
    Certains n'ont peur de rien : "le successeur de Miyazaki"...
    Qu'on se rassure, avec des films de cette trempe, ce n'est pas pour tout de suite !
     

    Prologue.

    J’en avais déjà parlé dans la critique de Zombie Cherry : dans ses meilleurs moments, la culture populaire nippone [1] a la capacité de saisir le spectateur à revers pour lui arracher des larmes alors même que celui-ci pensait avoir juste affaire à une comédie déjantée. Cet effet est recherché par les créateurs du soleil-levant, insufflant à des œuvres paraissant mineures un supplément d’âme bienvenue. Ces ruptures de ton – que peu de réalisateurs osent en Occident – requièrent un dosage subtil, une savante manipulation de nos affects avec comme ingrédient principal des personnages pour lesquels nous nous impliquons. Les séries sont mieux à même de jouer avec ces mécanismes, car la longueur étendue suppose une connivence accrue avec nos protagonistes préférés.

    En revanche quand l’exercice de style se vautre, que le spectateur sent que le film essaie d’instiller un sentiment dans son cerveau – sans y parvenir – alors, bien plus que l’ennuie, c’est le rejet immédiat et la colère qui l'emportent. Your Name appartient à ce club assez fermé des œuvres qui m’auront valu une nuit blanche de ruminations. La virtuosité du réalisateur – survendu à mon humble avis – a échoué à percer mon petit cœur de midinette car la manipulation fût grossière et insultante.

    1. Synopsis.

    Your Name narre donc les déboires de deux adolescents japonais que tout sépare, le sexe, la distance et la culture. Lui est un Tokyoïte bûcheur qui en plus du lycée accumule le job de serveur pour pallier à une démission parentale patente. Il est pris d’un étrange sentiment de mélancolie en voyant une comète enflammer le ciel de la ville –, malgré la pollution lumineuse et atmosphérique de la mégalopole… Passons… –, elle est une provinciale officiante parfois comme prêtresse lors de cérémonie shintoïste tenue vaille que vaille par sa grand-mère. Cette originalité fait d’elle la proie de quelques moqueries dans le village, surtout que son père brique une énième fois le poste de maire. Nos deux joyeux comparses se retrouvent un beau jour à échanger leurs corps de façon anarchique. Décontenancé par le phénomène et ces quelques – bénignes hein, faudrait pas ajouter de la profondeur… — incidences sociales, ils essaient de comprendre le pourquoi du comment. Ce faisant, ils réalisent qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre. Sauf que la jeune fille est non seulement éloignée du garçon géographiquement, mais aussi temporellement puisque la fameuse comète – dont une partie a chuté sur terre – a rayé la petite ville provinciale de la carte en une grande explosion il y a de cela trois ans. C’est alors que le garçon va tout faire pour changer le cours des événements.

    2. Thématiques et exploitations.

    Que ce résumé est long ! Le film emmêle les thèmes complexes par bouquet de douze en les assénant à coups de symbolisme lourdingue, comme cette scène de destruction massive censée nous faire songer à Fukushima [2] –, le scénariste ignorant qu'une catastrophe naturelle n'a rien à voir avec un incident nucléaire... – et les agglomère sans rime ni raison dans une espèce de frénésie chaotique. Je me suis demandé si, quelque part dans le processus de la production, un script-doctor n’aurait pas dû signaler à l’auteur de se concentrer sur un seul sujet pour lui appliquer un traitement idoine plutôt que de disperser son énergie aux quatre vents. Parce qu’entre le changement d’identité – et de sexe ce qui, en pleine adolescence de surcroît, est tout sauf bénin –, les imbroglios spatio-temporels et une histoire d’amour plaquée de manière artificielle sur tout ça, ça fait beaucoup... Exploiter le tout en moins de deux heures requerrait d'être un génie… Ce que le réalisateur, malgré ce que les échos élogieux de la presse et de ses groupies laissent entendre, n'est pas. Au mieux se situe-t-il au niveau d’un excellent technicien auquel il manque l'indispensable scénariste avisé.

    La question du paradoxe temporelle n’a d’ailleurs aucune importance dans le court de l’univers du film. Ainsi qu’en est-il de la ville qui est au final sauvegardée alors que celle-ci devait être rasée dans la première version des événements. Ce sauvetage in extremis par « un voyageur imprudent » a-t-il une incidence sur les personnages ? Leurs entourages ? À peine plus qu’un pet de souris. Quel est le rapport avec la comète qui ouvre le récit, une des rares séquences à valoir le déplacement ? Schnol ! Bernique ! Rien ! Que dalle ! Peau de zob ! Nada ! Le scénariste est en grève, veuillez laisser un message.... Sans rechercher à tout prix une explication claire de tous les fils dramatiques, je goûte assez que l’on conserve des zones de floues pour faire travailler mon imaginaire. Les thèmes présentés dans l'introduction – une promesse de l’auteur aux spectateurs – doivent trouver une utilité dans la narration, d’autant plus quand ceux-ci ont un tel potentiel de fascination, sinon à quoi bon les employer ? Quant à la dualité ville-tradition, évoquée en filigrane, elle est évacuée d'une chiquenaude en même temps qu'une foultitude d'autres éléments. L’auteur préfère accorder toute son attention sur nos deux très puritains adolescents.

    L’inversion des corps – en plein bouillonnement hormonal – demeure est traitée par-dessus la jambe alors que cela aurait pu être l’occasion de répondre à la maxime : l’esprit est-il un jouet pour le corps ? [3] De cet échange ponctuel d’incarnation, les protagonistes ne retirent rien et n’effectuent aucune évolution dramatique. Comment tombent-ils amoureux, étant donné leurs manques assez flagrants de personnalité, pourquoi ? Pour cela, l'auteur aura recours à la plus vieille et vile astuce disponible dans son médiocre répertoire : un montage sur de la J-Pop bien sûr ! Voilà pour le soi-disant « romantisme »…


    3. De la mise en scène.

    La mise en scène se perd dans les contorsions d'une virtuosité superfétatoire plutôt que de trouver des solutions cinéma pour tisser l'alchimie des sentiments par le biais de l’image. Si certains laudateurs se sont esbaudis sur le rendu « réaliste » des scènes de métro – l’auteur use et abuse des ouvertures et fermetures de portes coulissantes comme autant de « volet naturel » pour alterner le point de vue – je serais pour ma part beaucoup plus sévère. D’une part le réalisme ces séquences ne m’éblouit pas, mais en plus cette débauche d’efforts pour un résultat aussi minable en terme d’immersion – puisque le film tente de m’arracher au marteau piqueur une sensation de mélancolie – aboutit à un effet inverse, c'est-à-dire une neutralité de ton embarrassante. Le réalisateur semble incapable de voir au-delà de la technique. Avec un pareil sujet, il y aurait pourtant eu un vrai travail à faire sur l’expressionnisme, sur les codes de couleur, sur le graphisme et la ligne... Quelque chose qui joue avec toutes les possibilités offertes par l'animation. Ici l’on préfère s’attarder sur l’exactitude des rivets et sur la diffraction de la lumière crue sur le métal. L'onanisme technologique, en ce qui me concerne, m’a toujours laissé de marbre.

    Que m’importe qu’une rame de métro soit « bien » dessinée si la présence de celle-ci au sein du récit est tout à fait banale ? Au dernier quart du métrage l’auteur s’ébroue un peu, se souvenant qu’il fait un film d’animation et qu’il peut donc s’affranchir des limites physiques de notre monde pour se lancer dans quelques timides et maladroites expérimentations. Las, cela vient trop tard et presque sans aucune justification narrative conséquente – enfin, il y en a bien une, mais elle participe d’une telle mièvrerie que j’ai failli me noyer dans la guimauve – et demeure d’un rendu graphique trop convenu. Loin, très loin sont les emportements d’une Princesse Kaguya (Isao Takahata, 2013) qui, en quelques intenses secondes, parvenaient à synthétiser avec fougue la crise de colère, de rage et de chagrin de l'héroïne en titre. Une séquence audacieuse au service des sentiments du personnage et qui use de toutes les armes du dessin pour arriver à ses fins… Se vautrer dans des mouvements de caméra ostentatoires inutiles [4] pour modeler un espace dont je sais pertinemment qu’il s’agit d’une simulation de silicone démontre une certaine immaturité et un manque de pertinence flagrant. J’accepte le fait que tu sois un dessin animé, Your Name ! Tu peux assumer ta condition et me faire des propositions de mise en scène novatrice pour capturer mon attention...

    4. De la musique et d’une maladie répandue.

    Si le rendu visuel se montre insuffisant à me satisfaire, qu’en est-il de la musique ? Accompagnement souvent discret chez les meilleures, l’emploie de celle-ci demeure problématique, en particulier dans les productions relevant du grand public, qui surlignent avec de gros sabots le moindre passage pour nous faire comprendre que là il faut avoir peur, là il faut pleurer, etc.… La bande-son de Your Name ne fait pas défaut au reste du métrage dans la médiocrité crasse. Les ténors de l’animation japonaise comptaient d’habitude sur des compositeurs inspirés, Joe Hisaishi, Kenji Kawaï et Yoko Kanno pour les plus connus... Les producteurs de Your Name ont recours à une espèce de J-pop sirupeuse et larmoyante qui peint en rose fuchsia tous les moments sentimentaux, les noyant dans une avalanche de kitsch involontaire. Il n’y a pas un seul passage de silence [5] – alors que des Hayao Miyazaki, des Mamoru Oshii ou des Isao Takahata ménageaient à dessein des plages contemplatives qui, loin de desservir leurs films, les ennoblissaient d’un réel respect pour l’intelligence du spectateur. Même les codes sonores comme le bruit d’une clochette dont usent Your Name sont assénés avec un aplomb grotesque.

    Au-delà du problème que pose la posologie musicale, ce film souffre d’une tare — répandu en Occident — qui a contaminé l'industrie cinématographique japonaise par les capillarités que le pays entretient avec ses colonisateurs : les États-Unis. Se calquant sur le modèle des blockbusters américains de la dernière décade, le cinéma populaire japonais s'est déparé de sa spécificité pour s’aligner sur un modèle narratif qui – pour efficace qu’il soit – manque de singularité. L’emploi systématique de mélodies commerciales estampillées « romantiques » est une des innombrables formes de cette pathologie culturelle causée non seulement par une certaine mondialisation, mais aussi par l’embrasement des coûts de production qui font que seules quelques gargantuesques compagnies détiennent les lacets de la bourse qu'elles ouvrent avec parcimonies et uniquement si un staff de technocrates aux cœurs de calculette sont convaincus de la rentabilité immédiate du métrage. En résulte une érosion de toutes les particularités qui confèrent une identité au cinéma de chaque pays  — ici japonais — pour tendre vers un cinéma lyophilisé, roboratif et uniformisé. Dans Your Name tous les ingrédients sont là, mais la recette devient une mouture industrielle : la sauce est allongée au sucre, au sel, à l'additif CGI et l’ensemble est immangeable. Je passe rapidement sur le placement de produit intempestif, principalement des applications pour Aïe-phone reproduite à l’écran avec un soin maniaque, Nous n'en sommes plus à un détail près...

    5. Des personnages.

    Le lycéen lambda n°328 – s’il a quelques dons pour le dessin, lointain écho du réalisateur ? – demeure une fourmi industrieuse et parfois bagarreuse comme on en a vu 36.250 dans n’importe quel shônen. Quant à la fille, excepté les traditions shintoïstes familiales qui seront utilisées comme nébuleux prétexte à une séquence onirique pour les nuls, elle se maintient dans des stéréotypes éculés dignes des animes de harem les plus émétiques. Minaudant à tout va, incapable de se bouger le cul, elle aura fait de son pire pour me gâcher le peu d’intérêt qui me restait de la chose. Avec cette caractérisation à la truelle, il devient aisé de deviner qui est qui lors des inversions de corps. Un scénariste et un réalisateur doués d’un minimum de neurones auraient induit le spectateur en erreur en opérant un subtil dégradé entre les deux personnalités, chacun prenant peu à peu des tics, des expressions ou des manières d’être de l’autre.

    6. Conclusion.

    À défaut de vous conseiller de voir ce truc, je trouve sain d'identifier les raisons d'une appréciation – ou d'une détestation – d'une œuvre. Et j’ai cordialement exécré chaque douloureuse seconde de ce métrage. Si je me montre volontiers indulgent à l'égard des films dotés d'un budget famélique – dont chaque séquence réussie ou ratée est polie avec amour par ses concepteurs —, je suis en revanche beaucoup plus strict avec une production possédant une enveloppe conséquente pour matérialiser ses carabistouilles. Ce qui est le cas de Your Name. Ce n’est pas un nanar, juste un très mauvais film bénéficiant d'un engouement que je ne m’explique pas.

    Malgré le soin de cruciverbiste fou qu'apporte l'auteur à son œuvre, il échoue systématiquement à créer la moindre once de sensation et cet échec maladif attise mon aigreur. Parce que si j'accepte de me faire manipuler en m'installant dans un fauteuil de cinéma pour déguster un film, encore faut-il que le cinéaste respecte son contrat en m'aidant à soulever mon incrédulité. Si à aucun moment son travail ne m'offre de points d’ancrage, si l’univers, les personnages et la direction artistique qui le meuvent ne m’émeuvent pas et que – de surcroît – je distingue les artifices dont use la mise en scène pour m’arracher une émotion particulière, alors j’ai le droit de dire que l'auteur se fout un peu de ma gueule. [6]

    En choisissant la voix du moindre mal, la plupart des réalisateurs des films à gros budgets se vautrent dans la facilité et Your Name ne fait pas exception à la règle. Les subtilités qui existaient chez les maîtres de l’animation japonaise sont ici évacuées au profit d’une vacuité hallucinante. Your Name c’est l’équivalent d’un Marc Levy au Japon avec un vague fond de couleur locale qui ne sera jamais exploitée. L’auteur préfère immortaliser les insupportables minauderies de son héroïne. C’est un choix. Je ne l’approuve pas.

    ________________________________________________

    [1] – La « culture populaire » mériterait d’ailleurs une définition précise qui pourrait englober tous ses multiples aspects. Je prends dans cet article le postulat de l’identifier comme relevant de tout ce qui s’approche de près ou de loin du manga, des animes ou même des dramas (il y a quelques-uns dont les qualités n’ont rien à envier au film malgré – ou à cause – d’une économie de moyen drastiques…), sachant pertinemment que cette démarche est bancale.

    [2] – Visuellement l’explosion en question ressemble plus à un impact de bombe nucléaire – tout au moins est-elle mise en scène ainsi – mais pour une raison que je ne m’explique pas, tous les commentateurs francophone ont plaqué Fukushima sur cette séquence… Une mémoire défaillante et sélective peut-être ?

    [3] – M’ennuyant notablement pendant la projection qui s’éternisait – film à minutes compte quadruple – je songeais que c’était assez fou, avec un ressort dramatique pareil, d’avoir une réalisation à ce point clinique – évacuant même la sensualité inhérente au dessin… – et de passer à ce point à côté de la question sexuelle. Sans parler d’en faire une œuvre relevant de l'érotisme, je comprends que ce n'est pas le but, mais ces personnages sont aussi cul serré que s’ils avaient été drillés par le prêche d’un Saint-Augustin sous cocaïne. Mis à part un gag récurrent sur les seins qui a la subtilité d’une blague de camionneur russe chargé à la vodka (pouêt-pouêt camion ! Nichons !), nous n’aurons guère plus d’indices sur la sexualisation des héros. Un vrai fantasme de curé priapique, cet anime. Sur ce sujet, mieux vaut lire l’excellent manga psychologique Dans l’intimité de Marie de Shuzo Oshimi (éd. Akata, 2015-…) qui creuse beaucoup plus loin les conséquences d’une telle bascule corporelle.

    [4] — Savoureux paradoxes, je raffole chez les virtuoses de la caméra comme un Sam Raimi ou un Dario Argento en forme. Et s’ils me plaisaient, c’est qu’ils imposaient une déformation de la réalité pour mieux servir leurs propos, un expressionnisme furibard qui ruait dans les brancards de la réalisation à Papa.

    [5] — Je suis de mauvaise foi : il y a un unique moment de silence ! Les quelques secondes qui précèdent l’explosion. Instant salutaire qui a soulagé mes tympans réduit en charpie par la cacophonie ultérieure. Néanmoins là aussi, l’auteur ne fait pas vraiment œuvre d’une vertigineuse maestria. Il suffit de songer, au hasard, à Akira (Katsuhiro Otomo, 1988) qui plaçait la barre très haute en matière de représentation de déflagrations destructrices…

    [6] – Le terme émouvoir est à prendre dans un sens large. L’on peut – et c’est mon cas – être « ému » par un geste artistique, par une mise en scène sans qu’il ne soit nulle part question de sentiment. Ainsi, le cinéma de Stanley Kubrick — pour citer un exemple parlant — n’est pas vraiment habité par une franche empathie pour ses personnages. Néanmoins, sa réalisation millimétrée et ces histoires s'aventurant hardiment dans les zones d'ombres de la nature humaine nous amènent à réfléchir à notre propre condition. Kubrick respecte l’intelligence de son spectateur. Les responsables de Your Name préfèrent les infantiliser...

    lundi 17 octobre 2016

    Bibliothèque des Ombres : Les Évangiles Écarlates/Clive Barker (in Psychovision)

    Retour des chroniques littéraires après une petite absence, avec un auteur dont j’ai pu autrefois admirer la maestria autant à travers ses recueils de nouvelles impeccables – Les Livres de Sang : un des rares ouvrages que je relis avec un entrain toujours renouvelé – qu’avec son univers des sombres merveilles urbaines qu’il a su déployer roman après roman. Un monde où le moindre coin de rue glauque pouvait être une porte d’entrée sur une dimension d’horreurs fantasmagoriques peuplées par des créatures ambiguës et amorales aux codes de conduites complexes. Hélas comme beaucoup d’autres, Clive Barker a vieilli et ce retour à sa saga emblématique qui devait être épique s’avère pour le moins décevant… 

    http://www.psychovision.net/livres/critiques/fiche/1345-evangiles-ecarlates-les
    Cliquer sur l'image pour avoir accès à la critique.


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    En bonus, la mémorable musique de Chrisopher Young pour le film éponyme...


    mardi 27 septembre 2016

    Philosophie de Comptoir : La carotte poivrée dans l'oignon

    Ouverture d’une nouvelle rubrique de ce blog qui me permettra de me lâcher sur un sujet ou un autre. D’habitude, ma crémerie c’est la fiction, mais parfois il faut sortir de sa zone de confort. Je ne me prétends pas journaliste, sociologue ou quoi que ce soit en –ogue… mais certains événements, certaines personnes ont le don de déclencher des réactions épidermiques chez moi ! Cet espace navigant entre humour noir et recherche de sens est un domaine dans lequel je ne mâcherais pas mes mots. Il y aura moult apartés, grossièretés et pis encore… Amateurs de poneys roses et de sorcières mignonnes, passez votre chemin !



    1. L’Origine du mal.

    Un opportuniste – appelons-le Pandor – a signé avec un célèbre éditeur, que nous renommerons Panama Jack, un album jeunesse qui a envahi les bacs. Jusqu’ici rien que de très logique, mais les choses se gâtent quand on connaît les termes du contrat.

    Selon sa propre légende, Pandor aurait présenté l’embryon de cette BD à plusieurs éditeurs qui auraient refusé, faisant saigner son pauvre petit cœur. Ni une, ni deux le bonhomme passe à l’autopublication sur le Oueb 2.3.4.5 – comme beaucoup d’autres artistes, dont votre serviteur – et il rencontre un phénoménal succès outre-Atlantique. Au passage, celui-ci utilise des bénévoles pour corriger et traduire sa BD en plusieurs langues… La solidarité 2.00 m’arrache des larmes de crocodile ! Le bougre arrive à vivre du mécénat de ses lecteurs de manière confortable pour pouvoir pratiquer son activité à plein temps – petit détail à se mettre sous l’oreille pour la suite.

    Comme beaucoup d’autres personnes, Pandor use d’une licence créative, mais — à la différence de ce blog où j’interdis quiconque d’employer mes travaux à des fins commerciales — notre ami, lui, a laissé son ouvrage libre de droits. Tant qu'on le crédite, n’importe qui peut prendre ses images pour les vendre. Sans qu'il n'ait son mot à dire, ni qu'il n’y touche un kopek. Vous avez bien lu. Pandor explicite sa démarche en développant de l’argument de la pub – gratuite – qu’il reçoit de son œuvre. Pour lui, tous les prolongements annexes de son Webcomics ne sont que des produits dérivés. Ce qui en dit long sur l’esprit mercantile dans lequel est conçue cette « œuvre ».

    J’ignore — et à ce stade je m’en fous — si Pandor a fait appel à Panama Jack pour inonder le marché francophone ou si celui-ci, par l’odeur du succès alléché, l’a contacté. Toujours est-il que ni une, ni deux, l’harpagon des livres signe avec Pandor pour un album tiré à la hauteur d’une bagatelle de 10.000 exemplaires.

    Le chiffre donne une idée de l’indicible bêtise de la chose… Mais en plus Pandor, croyant dur comme fer à sa petite morale égotiste — typique de cette génération née avec une cuillère en argent dans la bouche — est rétribué de 350 $ par mois, considérant Panama Jack comme un mécène. Un choix qui a fait hurler les auteurs de BD professionnels qui bouffent déjà du foin à longueur de temps. De nombreuses personnes sont venues essayer de dialoguer, parmi elles du beau linge (Boulet, le scénariste Thierry Gloris et quelques autres…), mais Pandor campe sur ses positions dans une posture quasi autistique, balayant tous les arguments raisonnables avec un cocktail de chiffres et de moraline indigeste.

    Pour Pandor, Panama Jack ne lui offre que le service de « l'impression ».

    Comment t’expliquer, le demi-sel ?

    Ton accord c’est du caca en barre et ça fout tout le monde dans la panade. À part Panama Jack... qui doit en crever de rire à s’en faire exploser la panse ventrue.

    Ma tronche à l'annonce de cette arnaque...

    2. Du rôle de l’éditeur.

    Ça peut surprendre, mais un éditeur n’est pas un imprimeur. Voilà.

    Quelques minuscules recherchent sur le net — puisque tu aimes ça, Pandor — suffisent pour en avoir la preuve.

    Les premiers éditeurs étaient aussi des imprimeurs et des libraires puisque souvent le dépôt de vente était situé près des rotatives. Mais les deux professions sont distinctes. Au fur et à mesure des mutations du métier, le patron de l’imprimerie se mua en éditeur et les deux fonctions se sont scindées.

    Actuellement, l’éditeur fait un parie sur la viabilité de son poulain et il le diffuse pour que les potentiels lecteurs puissent avoir accès à son œuvre. Ce faisant, il apporte une plus-value au travail de l’auteur en l’aidant à revoir sa copie. Il est son premier public critique, celui qui lui donnera un recule nécessaire pour peaufiner son ouvrage.

    Ensuite, l’éditeur propose un service de révision pour éviter les fôtes d’aurtografes. Il fait le maquettage pour que le livre que vous retrouverez dans votre libraire soit agréable à vos petits yeux ébahis. Enfin, il assure la promotion du produit fini et le défend becs et ongles contre les diatribes de la presse. Éventuellement, il paye aussi la traduction pour la diffusion sur le marché étranger. Tout ceci n'est que théorique et valable dans un monde fait de miel, d'abeilles toutes douces et de merveilleuses licornes.

    Sur l’œuvre de Pandor quel aura été le travail de Panama Jack ?

    Il s’épargne d’entrée de jeu les risques puisqu’il sait déjà que l’œuvre possède un lectorat, prêt à passer à la caisse de surcroît. De plus, la logique de Pandor est tellement tordue qu’elle en devient flippante. Je cite un de ces commentaires :

    « Donc ce buzz, dit-il la vérité ? En partie, oui, c’est pour ça que ça marche. Il est possible à n’importe qui de faire des produits dérivés de […], de façon commerciale, en suivant un ensemble de règles de la Creative Commons Attribution permissive que j’ai établies. [Panama Jack] qui imprime à 10 000 exemplaires mon webcomic n’est qu’un produit dérivé à mes yeux (comme déjà dit). Pour faire un parallèle, je le considère comme si j’avais un film et qu’ils imprimaient la figurine du héros. Rien de plus. Nous avons eu une collaboration que je décris en anglais sur le blog de […] J’en suis satisfait, c’est super cool un premier album imprimé, mais cliquez sur le bouton « HD » sur le site de […], et vous y aurez plus de détails, plus de couleurs que dans l’album imprimé. Ma BD principale, mon support de choix n’est pas l’album de Glénat. Ce n’est pas le média principal de […]. D’autres projets suivront comme l’éditeur allemand […] qui vient de rejoindre le mécénat de […], le livre de la […] ou une édition régionale en breton de […]. Ce n’est que le début, le projet n’a que deux ans et je ne compte pas tout ça comme un manque à gagner. Je n’y vois que les effets positifs de personnes qui utilisent la base de ressources que j’ai créée, avec respect, dans les règles qui me conviennent pour créer plus de valeur autour de la série. Et ça fonctionne. »

    Par où commencer ? Pandor considère que le seul support viable de sa BD c’est le Web. Pourquoi pas, je n’ai rien à lui reprocher. Par contre, imprimer en 10.000 exemplaires une BD au rendu laxiste en pure connaissance de cause exprès me laisse songeur…

    Une BD c’est du papier — des arbres — de la couleur et de la colle. Ce sont des gens qui empaquètent, une distribution et des libraires en fin de chaînes qui doivent gérer des bacs déjà pleins à craquer…

    Enfin, et tout aussi important à mes yeux, un album relié c’est pérenne. C’est pour ça que moult scribouillards – ne prenez pas la mouche, je m'inclus dans le lot – tentent l’édition classique. Bien traité, un livre se conserve très longtemps ! [1] Ses pages ne se corrompent pas et même si votre électricité disparaît, vous pouvez toujours en profiter. Néanmoins le papier à un coût humain et écologique. Et donc, tous ces efforts et quelques arbres ont été mis au service d’une BD — mal imprimé —, qui sera considéré par son auteur comme un vulgaire flyer de MJC [2].

    Et j’ai très envie de demander à ceux qui encouragent ce mec :
    C’est ÇA l’avenir de la BD que vous défendez ?
    Vous vous foutez de ma gueule ?

    Mon ami le loup-garou est emballé à cette idée...

    Le nombre d’exemplaires de cette pantalonnade est atterrant pour une première publication. En général, le tirage pour un premier album d'un jeune dessinateur atteint un millier d'exemplaires — estimation à la louche en étant très, très optimiste — avec une couverture médiatique qui se résume souvent à peau de zob.

    Ajoutons au dossier déjà bien lourd que Panama Jack possède assez de puissance financière pour assurer lui-même la gestion du stock et la diffusion ce qui est logiquement le travail d’un autre intermédiaire dans l’écosystème du livre : le diffuseur. L’économie substantielle que fait Panama Jack sur les droits d'auteurs ET de diffuseur lui permet de rogner sur les droits d'auteurs et de baisser le prix de l'album. Dans un élan de générosité qui arracherait des larmes à Roger Corman il propose la BD à un très petit prix 9,99 €. Même si inférieur à la moyenne pour une BD [3], c’est très cher pour un flyer…

    Et des gens pourtant très intelligents défendent cette magouille !
    Vous pétez un câble, les gars !
    Vous n’avez pas honte ?

    Ah ! Et au fait, j’ai juste une question… Si ta BD est si géniale, Pandor, pourquoi est-ce qu'on a refusé ton projet ? Parce que jusqu’à preuve du contraire, les petits chats et les sorcières façon Miyazaki, ce n’est pas une thématique sujette à polémique, n’est-ce pas ?

    Tes interlocuteurs n’auraient-ils pas cerné, au-delà de la technique virtuose issue de l’animation, une certaine paresse intellectuelle, Pandor ? Tu vois, il y a des éditeurs qui sont des rats en affaire, mais d'autres possèdent assez d’éthique pour te dire non, et dans la foulée te pousser à réfléchir, te remettre en question avec un bon coup de pied au cul.

    Que tes petits Mickey fonctionnent sur le Web c’est une chose, que cela soit mérite un écrin de papier (à la ramasse) pour te faire une obscène pub géante en est une autre…


    Les vieux de la vieille ne lui disent pas merci...

    3. Les Auteurs de BD, ces doux rêveurs en voie de disparition…

    Réveillez-vous ! On vous le dit, l’avenir c’est le crowdfunding. L’éditeur ? Ce n’est qu’un imprimeur !

    Bon.

    De par mon parcours pluridisciplinaire, j’ai croisé moult personnes sur ma route dont des créatifs. Nombre de connaissances, lointaines ou proches tâtaient du crayon – souvent avec un talent insolent – et se posaient des questions pertinentes sur l'art. Nombre d’entre eux n’ont même pas eu ne serait-ce que l’ombre d’une chance qu’éclore comme ils le méritaient. Vous pouvez me rétorquer qu’ils n’avaient qu’à être meilleurs, à croire en eux, car quand on veut, on peut !

    Sauf que non.

    Mais avant de démêler cet imbroglio, retournons quelques décades en arrière, à une époque où le monde de la BD n’était pas bouché par des kikoolols adeptes des préceptes de Saint-Shônen (la volonté plus forte que tout… Mon cul sur la commode !)

    1/ Dans les débuts de la BD francophone, celle-ci paraît sous forme de magazine [4] et les auteurs sont payés à la planche. Plusieurs magazines de BD ont vécu jusqu’à la fin des années 80 qui est, grosso-merdo, le moment ou ça a commencé à déconner grave. Plusieurs de ses journaux ont mis la clé sous la porte tandis que les ventes chutaient. Bon, eux c’est la vieille garde, la crème. Des artistes au sens noble du terme qui en avaient dans le pantalon et qui ont bousculé les conventions d’un jeune média qui en avait besoin. On pourrait citer en vrac Goscinny, Greg, Franquin, Gotlib, mais aussi la bande de Metal Hurlant qui a contribué à la reconnaissance de la BD en tant qu’art à part entière grâce à des monstres graphiques comme Moebius, Druillet, Caza, F’murr… Ce système de paiement à la planche perdure en Italie, au Japon et aux États-Unis. Cette méthode est bancale, mais permet aux plus besogneux de croûter plus ou moins décemment.

    2/ C’est à la fin des années 80 — la datation n’est pas précise, mais cet article n’a pas la prétention de refaire l’histoire de la BD, juste d’expliciter un contexte — que la publication en journal, sauf cas rares, cesse. Les BD seront désormais imprimées sous forme d’album. Autrefois l’album demeurait la récompense pour les séries qui passaient le crash-test de la parution en magazine. L’avantage de l’album est que vous possédez le récit complet (encore que…) L’inconvénient pour les auteurs est que ceux-ci doivent faire un dossier éditorial qui comprendra des planches, des recherches, des découpages… Déjà un bel investissement d’énergie sans avoir la certitude d’être publié. Et quand bien même signent-ils pour un premier recueil, qu’il faut recommencer les démarches d’un projet à l’autre, en admettant que l’album se vende bien. Rappelons aussi pour approfondir le contexte que le ou les auteurs d’un album vivent d’une avance sur droit pendant la confection du bousin. Avance sur droit qu’ils doivent rembourser si l’ouvrage se plante en librairie. De quoi logiquement décourager n’importe qui de vouloir foutre ne serait-ce qu'un pied dans ce marigot.

    3/ Je ne parlerais pas des nombreuses traductions de comics et de mangas dont les mastodontes de l’édition nous inondent. D’après mes observations sur le terrain, le public du franco-belge et des BDs allochtones n’est pas le même et les lecteurs des uns glissent rarement d'un domaine à l'autre. Ensuite je n'entends pas mettre en concurrence des pays dont la sensibilité demeure différente dans l'approche du médium. En nous concentrant sur le Franco-belge, en parcourant les bacs d’une librairie, il est patent que la cadence de publication s’est accélérée jusqu’à atteindre un point limite qui a dévalué le travail fourni sur un album de BD. Combien de ses bouquins ne sont-ils là que pour permettre aux grosses boîtes d’édition de faire du remplissage linéaire ? Une BD de qualité au graphisme inventif et au scénario alerte se retrouvera noyée dans une masse informe de papier. Elle ne sera qu’un dégât collatéral pour mettre en avant un énième épisode d’un milliardaire en blue jeans.

    Avec cette surproduction — et le secteur de la BD n’est pas le seul impacté — comment les auteurs peuvent-ils vivre, puisqu’ils se partagent un public qui n'est pas en expansion. De plus, les écoles d'art forment toujours de petits nouveaux gonflés d’orgueil prés à être dépucelé avec violence par un marché saturé. Il n’est pas étonnant de voir des auteurs – parfois même de vieux briscards — jeter l’éponge.

     
    Attention, pulvérisation sociale en court !

    4. Une erreur d’interprétation.

    Dans un contexte économique dans lequel l’on instaure la loi El-Khomri, Pandor accepte un marché inique, créant un précédent qui ne jouera certainement pas en faveur des auteurs.

    D'un autre côté, les partisans du logiciel libre y voient une révolution, un signe que les choses bougent dans le bon sens. Certes, les licences libres permettent le partage d’information, elles possèdent leurs utilités et je ne renie pas le travail que certaines personnes exécutent pour déblayer le terrain. Je peux même comprendre jusqu’à un certain point leur manière de penser, mais elle ne fonctionne pas dans ce cas précis, car avec Panama Jack en scène, nous ne parlons plus d’un échange, mais de commerce.

    Et cela fausse toute la donne.

    Outre le fait que ceux qui aiment les histoires de Pandor devront passer à la caisse pour avoir l’ouvrage sous un format papier dans une qualité altérée, le côté commercial du projet implique un changement de paradigme. Pandor entraîne, qu’il le veuille ou non, tous les auteurs à sa suite. Croire que les éditeurs n’ont pas les yeux braqués sur ce phénomène relève au mieux de la naïveté, au pire du crime de félonie.

    Gangrené par la culture du gratuit, les futurs auteurs de BD ne devront-ils plus compter que sur l’hypothétique générosité — sujette aux caprices, aux modes et à l’air du temps — des internautes pour pouvoir en vivre ? Car Pandor ne jure que par des systèmes de financement en ligne. Dans certains commentaires qui entourent cette affaire, une statisticienne reprend les chiffres issus de ses sites, et ils font peur. Sur un nombre faramineux d’inscrits, seule une petite poignée arrive à faire leur beurre en marchant sur la gueule des voisins. Violence sociale, que ferait-on sans toi, ma douce ?

    Ces sites, surfant sur le Webeldorado façon Über — dont ils ne sont que la déclinaison pour les artistes — se sucrent au passage d’un pourcentage sur les donateurs. Ne leurs jetons pas l'opprobre, ce sont avant tout des entreprises, pas des organismes de charité. Les sommes captées et reversées par ce système court-circuitent les cotisations sociales et les autres dispositions de solidarité nationale [5]. Au final, nous obtenons un mécanisme encore plus exclusif que celui de l’édition normale assortie d’un individualisme inouï qui laissera pas mal de naïfs sur le carreau quand il faudra se payer les soins de santé. Ajoutons à cela que les auteurs qui dépendent de ce système sont livrés pieds et poings liés aux caprices de leurs publics qui peuvent se détourner d’eux à la moindre tocade.

    En France les études artistiques coûtent assez souvent un bras [6] et une large partie de la population ne peux pas y avoir accès même en se saignant aux quatre veines. Or cet enseignement n’est pas anecdotique, car le dessin, la mise en scène et le scénario s’apprennent comme n’importe quel autre domaine de connaissance. L’école n’est certes pas l'unique moyen d’acquérir ces techniques qui transforment un peintre du dimanche en un artisan accompli, on peut tout à fait se débrouiller en autodidacte, la montagne à gravir n'en est cependant que plus haute… Répétons-le, mais ce n’est pas parce que l’on prend un crayon en main que l’on peut se targuer d’être un artiste du jour au lendemain. Tout cela représente un coût en temps, en argent et en travail.

    Quand Pandor se donne, la gueule enfarinée, à Panama Jack avec pour seul filet de sauvetage un public qui peut l’abandonner aux premiers changements de mode, cela revient à se livrer pieds et poings liés à deux systèmes qui fonctionnent de la manière similaire. L’un possède encore la faible sécurité d’un « choix », d’une prise de risque de la part de l’éditeur tandis que le deuxième est administré par les caprices d’une foule consensuelle. Cela ne devrait pas rassurer Pandor…

    Parce que je ne suis pas certain que Panama Jack ou d’autres de son acabit attendaient de la part d’un auteur un tel renoncement à ses droits les plus basiques. Alors que toutes les actualités montrent que notre système économique cherche de plus en plus à se débarrasser de l'humain, voilà un idiot qui réalise les fantasmes des actionnaires avec un sourire étincelant.

    Je n’ai même pas envie d’épiloguer sur le fait que le bougre se félicite de s’être forgé grâce à sa force de volonté et tout le sempiternel tralala de cette caste de gens imbus d'eux-mêmes. Il retombera sur ses pattes, il a eu le temps et l'argent de se mener une porte de sortie, mais pas les autres, ceux qui rament déjà et ceux qui n’aspirent qu’à éclore.

    Non ! Les licences libres, extraites de leur contexte aux forceps comme cela a été fait ici ne sont pas une solution. Pire, elles peuvent provoquer un dangereux précédent qui va offrir une arme supplémentaire aux gros éditeurs pour accaparer des contrats à moindres frais.

    Que reste-t-il à négocier quand on retire même la paternité d’une œuvre à son auteur ?

    Désolé fils, mais d’autres ont réussi comme-ça, accepte de mettre ton paraphe sur tes petits dessins pour qu’on soit réglo et prend une carotte poivrée dans l'oignon ?


    La négociation du contrat d'auteur moderne...

    5. Des Licences Libres.

    Que l’on ne se méprenne pas, ce blog et sous licence libre non commerciale. Cela veut dire que je refuse que tout ce qui a été écrit ou montré ici soit vendu sur mon dos. Si contrat il y doit y avoir, je compte bien en retirer un fruit pécuniaire. Je ne méprise pas encore assez mon travail pour tendre le cul et me faire tondre. C’est parce que la mention « non-commerciale » existe que nous pouvons partager de nos talents respectifs sur la toile dans une relative quiétude, sans craindre de nous retrouver exploiter par des margoulins sans scrupules. Le système est bancal, mais au moins fournit-il une corde de sécurité.

    Les licences libres ne sont pas là pour permettre au premier éditeur fainéant de se baisser et de s’emparer de l’œuvre qui aura fait le buzz pour se sucrer dessus. Outre que l’on avait déjà connu le brouillon de cette méthode avec la vague des Blogs-girly de sinistres mémoires, voilà que l’on devrait tout céder aux grands seigneurs des livres et en être reconnaissant, car « ils ont le cœur sur la main ».

    Croire qu’internet fait office de solution miracle c’est se foutre le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Il est loin le temps de l’exploration de ce continent virtuel. Les portes se sont peu à peu fermées et les plateformes collaboratives ont vu l’émergence de société mettant en place leur web artiste, produits aseptisés pour attirer le lambda inculte.

    Avec le système du crowdfunding, il est à craindre que la création ne s’homogénéise encore plus. Les goûts et les allégeances du public sont trop volatiles et consensuels pour que l’on puisse s’appuyer sur un pareil mécénat pour construire une œuvre cohérente qui ne radote pas les derniers succès populaires du moment. Pour preuve, le style de Pandor ne reprend que des motifs déjà vu qui renvoient au Miyazaki de Totoro sans rien paner à l’essence des films qu’il imite maladroitement. Avec cette façon de fonctionner, les œuvres ambitieuses seraient balayées dans les poubelles de l'histoire. Cette méthode fabriquerait à terme un darwinisme social encore plus agressif que celui du monde de l’entreprise au profit des plus habiles à flatter leur audience en débitant en boucle les mêmes thèmes insipides.

    Le système éditorial actuel est certes perclus de défauts, mais il ne faut pas pour autant oublier que de petits éditeurs effectuent un véritable travail, défendent des auteurs qui ne sont pas forcément en adéquation avec les goûts du public. Et l'on a besoin de personnes qui sont prêtes à se mouiller pour donner naissance à des livres qui remettent en cause nos présupposés, nous fassent réfléchir. Le divertissement peut être intelligent et la BD que vous achetez pour lire dans le métro peut aussi vous parler, derrière les images et les phylactères…

    Interroger son époque, choquer, faire sens et rechercher la beauté dans la fange, c’est l’essence même de l’art. Retirez ceci de l’équation et vous n’obtenez qu’un gâchis d’énergie, de talents et au final de papier.


    Toute cette histoire me donne envie de...
    6. En guise de Conclusion…


    Il y aurait encore une pléthore de choses à rajouter. Cette affaire n’est qu’une énième goutte d’eau dans un le vase fêlé du système éditorial qui a largué depuis des siècles les amarres avec la réalité.

    Que va-t-il advenir de la tonne de papier utilisé pour concrétiser son petit rêve de gamin capricieux et égotiste ? Tout cela aboutira-t-il lamentablement au pilon ? Pandor n’a-t-il vu dans ce marché inique que son intérêt à court terme ? Au reste, puisqu’il fonctionne sous licence libre, pourquoi ne pas avoir poussé le concept jusqu’au bout et se servir des outils disponibles pour réaliser son album en impression à la demande ?

    Sans être forcément contre le système des licences libres, je m’inquiète un tantinet des dérives qui pourraient entraîner un tel précédent. Comprenons bien que rien n’est gratuit dans la vie et que tout à un coût.

    Construire une œuvre d'art nécessite une formation, une connaissance minimale de l’histoire de l’art et de la grammaire du médium que l’on choisit pour s’exprimer.

    Personne ne peut accoucher d’une BD lisible sans s’y consacrer pleinement. Les licences libres offrent certes la possibilité de se tailler une maigre fenêtre pour montrer ses travaux, mais elles ne nourriront pas son homme. Le mécénat du crowdfunding peut-être intéressant, mais son usage reste à double tranchant.

    La solution choisit par Pandor demeure épouvantable parce qu’elle créé une brèche dans le droit d’auteur dont les puissants se serviront pour accentuer la lutte entre tous pour une potentielle et éphémère audience.

    Enfin Pandor, de part son discours incohérent, sa fatuité et ses rêves de gloire est devenu l’incarnation de la mentalité de l’époque : irresponsable. Quand quelqu’un vous présente un contrat sur lequel il est écrit en lettres de sang : Sodomie Pour Tous, la décence veut que l’on dise NON ! On peut toujours dire NON ! Pandor a réussi à faire annuler un projet éditorial antérieur, refuser lui était donc possible. Sous-entendre que l’on se sert du système capitaliste pour son propre profit, de quelques manières dont l’on envisage le profit, c’est lui faire une allégeance de fait.

    ____________________________________________

    [1] Oh ! Oui ! Très longtemps ! En travaillant dans les réserves de ma bibliothèque, j’ai mis la main sur les premiers livres de poche importés par les Américains en Europe après la Seconde Guerre mondiale et même des raretés de 1800 parfaitement lisibles… Le volatil support numérique n’a pas encore atteint cette persistance aux outrages du temps (changement de format de fichiers dû aux caprices des entreprises, corruption des mêmes fichiers, plantages de la machine...)

    [2] Je n'ai rien contre les MJC, c'était pour souligner le côté grotesque de la chose.

    [3] Encore que cela reste relatif si on regarde du côté des mangas.

    [4] Dans le cadre de cet article, j’omettrais les strips qui paraissaient dans certains quotidiens qui obéissent à d’autres règles.

    [5] Pardon, je traduis en langage MEDEF : les charges sociales…

    [6] En gros deux systèmes coexistent en France : d’un côté les écoles privées dont le diplôme n’est pas reconnu par l’état mais dont le minerval coûte un rein sur E-bay par an ; de l’autre les Beaux Arts qui n’ont d’yeux que pour une approche très « art contemporain » – sur lequel il y aurait beaucoup à dire – de l’art d’où le côté technique est volontairement évacué pour se concentrer sur le concept…

    dimanche 12 janvier 2014

    Éphémérides 2014 : L'année de tous les Dangers !


    Bonjour chères lectrices et chers lecteurs…

    Avec la nouvelle année, il est l’heure pour moi de faire une sorte de bilan de ce blog. Cela fait trois ans que je nourris une fois par mois cet espace de liberté où je publie ce qui me traverse la tête dont cet article patchwork. Chaque changement de date est l’occasion de poser des jalons et de regarder ce qui a été fait et ce qui reste à faire. J’achèverais l’article fleuve sur les vampires, bien que les productions que je vise de mes piques - la Bit-Lit dans ce qu’elle peut avoir de plus clichée - s’essoufflent. Il ne reste que quelques indécrottables fanatiques qui ne parviennent pas à voir que la fête est finie.

    Ce dernier point m’inspire une petite réflexion : on pourra me rétorquer que j’ai "beau jeu" de me poser en "père la morale" alors même que j’utilise un univers empreint d’un bestiaire fantastique d’une étonnante similitude avec ce type d'ouvrage que je ridiculise… Après tout, les frasques d’Ethel Arkady se déroulent dans un monde fictionnel en tous points similaire.  N’ai-je pas tout à gagner à la pérennité de ce sous-genre ? Pour ma défense, j’arguerais que les vampires et autres créatures appartiennent à l’ordre de la métaphore. J’en use comme bon me semble et selon l’angle d’attaque que j’ai fixé pour aborder le sujet. Le vampire incarne pour moi « le Capitaliste Ultime ». Il est destiné à être la Némésis d'Ethel Arkady qui symbolise de son côté « la Liberté » dans ce qu’elle peut avoir de plus paradoxale : Arkady pouvant aussi bien décapiter un nouveau-né avec les dents que sauver un SDF sur un coup de tête…

    Ce petit détour par mes propres écrits que je m’applique à rendre cohérent depuis sept ans déjà me fait songer au dilemme qui secoue notre monde humain et dont nous sommes tous les jours pollués par les éructations sonores. Le mantra de nos marionnettistes nous souhaite constamment tendus comme des cordes d’arc obsédées par une « crise » qui n’existe que pour justifier leurs rapacités pantagruéliques. Dans cet environnement mental délétère, ont surgi du net des gourous phagocytant de nobles causes, amalgamant tout et son contraire pour redistribuer des votes en direction du Front National.

    Ce ne serait pas important si ces clébards en rut ne rencontrez pas un tel succès public auprès d’une frange de la population séduite par les sophismes de ces malfaisants dans lesquelles on trouve parfois des pépites d’informations correctes disséminées ça et là comme les cailloux d’un Petit Poucet sadique. Ces amalgames soigneusement conçus rendent d’autant plus virulents les messages conçus par ces crypto-facistes. Tous ces amalgames ont créés une culture dévoyée, profitant des lacunes béantes d’un système d’éducation largement déficitaire qui ne procure pas aux nouveaux citoyens les protections idéologiques dont ils auraient besoin pour juger un tel discours à l’aune d’un esprit critique bien charpenté. Les agitateurs qui se drapent dans les oripeaux d’un catéchisme « antisystème » le savent bien et ils ne proposent que la stratégie du bouc-émissaire. Une méthode qui a en d’autres temps fonctionnée, jusqu’à un certain point…

    Les extrêmes fleurissent comme des champignons, augurant un futur des plus sombres. C’est pourquoi il faut tenter de se rappeler que seul l’Imagination et l'ingéniosité donnent à l’humain l’occasion de s’élever au-delà de sa pitoyable condition. Les solutions à de nombreux problèmes avec lesquels les médias nous angoissent existent, entre les pages des livres, dans la magie de la technologie. Il ne manque que la volonté de les mettre en œuvre. Il est de notre responsabilité de ne pas succomber à la névrose ambiante, de contrôler l’irrationalité qui s’empare de nous lorsque nous sommes acculés par la rumeur pour émerger hors de la vase.

    En cette nouvelle année je ne changerai donc pas mon fusil d’épaule d’autant que les histoires d’Ethel Arkady me permettent de rassembler plusieurs préoccupations qui me tiennent à cœur et qui participent autant de l’observation de la « réalité » tel que nous la construisons que du fantastique le plus pur.

    Pour finir, je vous propose une petite sélection du meilleur et du pire de l’année 2013 (selon moi). Une manière de se faire du bien et de vous recommander quelques nourritures de l’esprit tout en crachant un peu de venin puisque ceci sera le seul article « Foutage de Gueule » de l’année 2014.

    1. Littérature :


    Le meilleur : 

    les Ombres de Canaan / Robert E. Howard.

    Je me replonge avec délectation dans l’univers imaginaire de l’écrivain texan, surtout depuis que ses nouvelles ont été révisées, corrigées et compilées par le traducteur Patrice Louinet qui nous épargne les ajouts de Lyon Sprague De Camps. Rassemblant une sélection de contes horrifiques de Howard, le recueil suit l’évolution de son art dans le domaine du fantastique depuis ses débuts incertains jusqu’à ce que l’auteur trouve sa voie.

    Si Howard est plus connu pour la Fantasy à tendance bourrine avec les aventures de Conan, c’est un réel plaisir de le retrouver sur le terrain du fantastique pur et dur. Les premières nouvelles sont constituées d’hommage à l’écrivain William Hope Hodgson [1]. Elles rappellent par leurs ambiances maritimes et gothiques les récits de Jean Ray [2]. Par la suite Howard se fend de quelques Lovecrafteries et si l’on reconnaît l’empreinte du maître de Providence, la patte d’Howard leur confère une singulière brutalité. La Pierre Noire en particulier, avec son rite démoniaque retranscrit de façon presque clinique par l’écrivain demeure un summum de gore pur et dur.

    Puis le style d'Howard s'affermit. Il décide de transposer des légendes de son Texas natal au sein de sa fiction. Il se débarrasse de toutes influences parasites, dont celle de Lovecraft, qu’il gratifiera d’un pied de nez dans la nouvelle Les Pigeons de l’Enfer. Avec son titre très série Z cette histoire d’horreur d’une efficacité redoutable propose une des plus terrifiantes et originales apparitions de zombie qu’il m’ait été donné de lire. Et après m’être enfilé quelques bouses infâmes sur le sujet (Bonjour le comics Walking Dead), autant dire que cela fait du bien !

    Parsemant l’ouvrage on trouve quelques nouvelles traitant à plusieurs reprises de la réincarnation. Howard accordait du crédit à cette croyance, ce qui donne parfois lieu à des fictions aussi troublantes que poétiques comme « Pour l’amour de Barbara Allen », dans lequel l'auteur change de registre et rédige quelques pages d’une insondable tristesse…

    Tâcheron pissant de la ligne pour les uns ou génie méconnu pour les autres, Howard se situe quelque part entre les deux, mais son talent de conteur ne peut être remis en doute tant ses récits foncent le pied au plancher au cœur du sujet pour embarquer le lecteur ailleurs…

    Le Pire :

    Comprendre l’Empire Alain Soral.

    Quelques précisions préalables : Je suis par essence apolitique et si je respecte votre foi à l’égard des questions religieuses, je déteste que l’on me fasse chier avec un prosélytisme malsain. Il en de même avec des idées issues des égouts de la pensée. Je suis par nature opposé aux régimes maltraitants leurs populations et à toutes formes de censures. Je n’ai pas de carte de partis politiques, ni de sigil ! Maintenant que ceci est clair, allons-y !

    Je me fendais précédemment d’un paragraphe sur les gourous du net, en voici un exemple vivant ! Convaincu par un ami de longue, j’empruntais cet opuscule à la bibliothèque pour m’éclater les rétines à sa lecture. Car qui pourrait trouver des qualités à cette chose puérile d’un homme s’auto congratulant auteur et sociologue. Soyons honnêtes :ceci est un livre de merde !

    Non seulement Alain Soral mélange les sujets les plus diverses qu’il picore dans l’actualité, mais en plus le bougre justifie ses innombrables sophismes par je cite : « Des années de lecture ! » ce à quoi on aimerait demander : « Lesquelles ? » puisque Soral ne nous gratifie d’aucune bibliographie, ceci afin de sauvegarder son lecteur de toutes lourdeurs universitaires. Soral néglige donc l'intelligence de son lecteur tout en l’abreuvant de mots techniques que celui-ci doit maîtriser sous peine de ne pas comprendre les enjeux du texte… Pourtant, une petite bibliographie aurait pu être d’une quelconque utilité à lecteur plus curieux qui aurait apprécié de se désaltérer aux sources de la connaissance de ce grand philosophe qu’est Alain Soral… Égal à lui-même, l'auteur est illogique jusque dans la conception de sa poussive rédaction censée nous expliquer la vie, la mort, le cul en quelque 150 pages.

    Ne nous faisons pas d'illusions, l'auteur ayant autrefois tapiné [3] dans des émissions de télé-réalités sordides pour y exposer son palmarès de dragueur invétéré, il ne faudra pas s’attendre à un style littéraire relevé ni encore moins à des saillies textuelles intelligentes. On nage en plein dans la boue des lieux communs. Combinant un ensemble de phénomènes aléatoires en une seule explication simpliste (tout est de la faute des sionistes-francs-maçons... Ils empoisonnent de l’eau pour qu’on attrape tous un psoriasis…). Lassé de courir après le cul des femmes, je suppose que Soral fait la cour à un pays dans son entier en faisant le pari de le ramener dans le giron d’une extrême droite décomplexée.

    Tout cet assemblage brinquebalant de cliché ne serait pas tragique si l'acculturation causée par les mêmes télé-réalités et leurs logorrhées pour lagomorphes neurasthéniques n’avait envoyé l’esprit critique de la plupart de nos concitoyens dans les chiottes. Comment adhérer aux idées d’un Soral portant aux nues des personnages politiques aussi dangereux que Poutine par exemple, lequel a autrefois descendu froidement sa propre population pour résoudre une prise d’otage.

    Comprendre l’Empire ne propose aucune nouvelle grille de lecture pour saisir les immenses ramifications du pouvoir. L’auteur ne fait aucune différence entre l’ancien capitalisme, défini par son théoricien Adam Smith et le Néo-libéralisme, pas plus qu’il ne suggère de solutions pour sortir de cette solide toile d’araignée où nous sommes tous interconnectés. Pour mettre au point une vision d’avenir il eut fallu se renseigner auprès de scientifiques, d’ingénieurs ; il eût fallu maîtriser tous les paramètres d’un monde complexe en permanente transformation et non en négliger des aspects importants, par exemple l’impact des activités humaines sur l’environnement.

    Soral ne fait qu’exciter l’appétit de la foule pour les explications les plus simples au travers d’un discours brassant dans toutes les doctrines « altermondialistes » pour ne pas révéler les traits grimaçants de sa véritable nature. Derrière son apologie du travail (encore…), du français bien français et du musulman bien musulman se dissimule une haine virulente de tout ce qu’il ne peut comprendre.

    Les allures de matamore du sieur Soral et de sa clique ne doivent pas tromper ! Lui et les siens adoptent une double position paradoxale, faite de provocations morbides dans un premier temps puis, dans un mouvement de reflux pouvant parfois être assimilé à de la lâcheté pure et simple, ils assument une posture de victimes outrées, cibles d’une intelligentsia de « bobos » manipulée par les lobbies « Maçonnico-sioniste » ! Rassurons un peu ces paranoïaques pathologiques [4] : les fameux lobbies existent ! Cependant, ils ne font pas grand-chose pour empêcher les idées malsaines de Soral et de ses complices de se diffuser, Comprendre l’Empire ayant été un succès en librairie… Les concepts d’extrêmes droites auraient-ils quelques invisibles protecteurs, encourageant cette gangrène philosophique à se disséminer dans le corps social ?

    Je ne vais pas m’étendre sur l’énormité de la chose, d’autres l’ont fait mieux que moi, mais il est dommageable de voir à quel point ces idéaux grotesques se répandent, trouvant un terreau durable dans les cerveaux malléables. La multiplication des signaux d’alarme impliquant un signe désormais trop célèbre témoignent d'un dangereux ballet idéologique où les camps opposés se nourrissent de leur haine mutuelle en espérant que le jeu de manipulation leur sera à tous deux favorable… [5]

    2. Bande-dessinée :

    Le Meilleur :


    - Moto Hagio Anthologie Moto Hagio

    En musardant de ça et de là entre les rayonnages encombrés des libraires on peut tomber sur de bonnes choses. Dans le domaine du manga ce sera l’auteure méconnue dans nos contrées Moto Hagio qui dans un style vaporeux démontre sa maîtrise implacable de l’histoire courte à tendance parfois horrifique, souvent fantastique. Reconnue comme l’une des créatrices du shojô [6] dans les années 1970, Moto Hagio explore une narration explosée dosant de manière subtile l’angoisse.

    Enfant meurtrier, double envahissant, gémellité troublante peuplent un univers trouble qui rappelle souvent les meilleurs écrivains du fantastique comme Edgar Allan Poe ou Henry James. Le diable se loge dans les petits détails et le passage d'une case à une autre peu amener un retournement de situation redoutable. En outre Moto Hagio n’hésite pas à changer de genre, arpentant parfois les arcanes d'une SF complexe. Avec Nous Sommes Onze, l’auteure montre toute l’étendue de son talent dans un angoissant huis clos spatial. On regrettera que la suite des aventures des onze se disperse un peu trop. Un écueil largement tempéré par la qualité de la narration et la description d'un univers cohérent.

    Plus qu’une BD classique, cette œuvre participe d’une recherche à la fois graphique et thématique sur le médium tout en repoussant les limites des genres. Malheureusement, la publication qui lui est consacrée par Glénat démontre encore une fois toute la médiocrité de cet éditeur qui nous offre à nouveau des livres fragiles, mal encollés et mal imprimés… Capitalisme sauvage quand tu nous tiens...


    - Sandman / Neil Gaiman.

    Dans le petit monde du comics, Sandman a gagné ses titres de noblesse grâce à un récit morcelé dont chaque fragment peut se lire comme une histoire complète, mais dont l’ensemble des parties forme une vaste saga sur le rêve dont les personnages récurrents ne cessent de se croiser. De 1989 à 1996, Neil Gaiman construit un univers foisonnant, passant d’une époque à une autre pour les besoins de son scénario. Picorant à toutes les traditions de contes et légendes, il cimente sa fiction dans un faisceau de références qui aboutiront à une fin aussi tragique qu’inévitable. Les variations de style graphique peuvent rebuter, chaque chapitre bénéficiant du travail d'un dessinateur différent. Cependant, ces fluctuations possèdent une justification, Neil Gaiman confiant chaque partie de son script à un artiste capable de lui conférer l’ambiance idoine.

    Pourquoi parler d’une BD qui n’est pas récente ? Tout simplement parce que les éditions Urban Comics ont décidé de réimprimer l’ensemble des épisodes en faisant table rase des forfanteries éditoriales de Panini Comics. La traduction a été repensée et quelques planches bonus ont été ajoutées. Des analyses de scénarios et des interviews complètent ces monstrueux ouvrages nous permettant de nous replonger dans un classique de la littérature. On pourra reprocher le prix excessif aux alentours de 35,00 € par album ce qui ne met pas la série à portée de toutes les bourses, mais vous pouvez toujours les faire venir dans vos bibliothèques !

    Quoi qu'il en soit, en passant de la fantasy à l’horreur gothique, Sandman offre en une seule histoire un gigantesque panorama de toute la richesse du fantastique. Une saga qui demeurera l’unique diamant de son auteur, Sandman ayant, épuisé toutes les audaces narratives de Neil Gaiman.  Il ne retrouvera jamais une telle virtuosité et ce ne sont pas ses médiocres romans qui me convaincront du contraire. Une œuvre dont la perfection dépasse tous les codes, les conventions et les stéréotypes du genre… Ce qui est déjà pas mal pour des « petits Mickey »…


    - Cromwell Stone / Andreas.

    Ma découverte de cet auteur complet allemand ne date, à ma grande honte, que de l'année dernière. Doté d’un style anguleux et jouant des possibilités narratives induites par le découpage, Andreas a trituré les capacités de la BD à explorer de nouveaux territoires au travers de scénarios flirtant toujours avec le fantastique et la science-fiction. Cette recherche de l'inquiétante étrangeté va conduire l'Allemand à s'intéresser de près à l'œuvre d'Howard Phillip Lovecraft.

    On a beaucoup glosé sur les difficultés qu’il y avait à adapter Lovecraft dans d’autres médias que la littérature. Ceci s’explique sans doute par une technique d’écriture oscillant entre une précision chirurgicale dans les nombreuses descriptions qui émaillent ses récits et un goût pour l’hypertrophie adverbiale confinant aux délires lorsque les abominations du cosmos achèvent de rendre fous les héros. Cette méthode de narration consistant à empiler les adjectifs et les adverbes les uns derrière les autres créent un effet incantatoire, une ivresse par le verbe.

    À côté de cela on lui reprochera de bâtir des dialogues plats et de négliger la caractérisation de ses personnages, mais c’est oublier que les protagonistes de Lovecraft ne sont que des appareils sensoriels placés là où ils sont pour transmettre aux lecteurs une vérité angoissante avant d’être broyés. À ces difficultés s’ajoute encore la maîtrise totale de la structure de l’histoire. Perfectionniste, Lovecraft peaufinait l'architecture narrative de ses contes. À cet égard, des nouvelles comme l’Appel de Cthulhu, l’Affaire Charles Dexter Ward ou les Montagnes Hallucinées sont des modèles de construction dramatique.

    Ces pièges ne parviennent pas à annihiler l’attrait des beautés morbides suggérées par l’écrivain et de nombreux artistes, toutes pratiques confondues, se sont frottés de front à son l'univers suintant. La plupart ont connu un échec prévisible en tentant de visualiser les créatures du « Mythe de Cthulhu » mais celles-ci s’apparentent à l’incarnation du concept « d’Horreur Cosmique ». Elles sont donc, du fait de leur statue à la limite du symbolique, peu aptes à être matérialisées de manière crédible. Certains exégètes lovecraftiens, plus prudents dans leurs démarches ont biaisé le problème en adaptant les nouvelles de Lovecraft à leurs visions propres. Cette option peut parfois aboutir à des résultats assez étranges comme le Néonomicon d’Alan Moore.

    À l’opposé de ce traitement, Andreas contourne les écueils qui lui barraient la route en s’inspirant de la cosmogonie de Lovecraft sans faire référence à aucun de ses textes. Pourtant, le synopsis de ce triptyque contient tous les éléments pour figurer dans l'univers du reclus de Providence. Ainsi le personnage principal, Cromwell Stone, nous apparait-il d’abord comme un homme traqué par de mystérieux tueurs pour avoir participé à une croisière qui fut le théâtre de phénomènes étranges. Il se réfugie dans une immense bâtisse hantée tandis que d'inquiétants voisins surgissent dans son environnement anxiogène. Le lecteur s’en doute : la maison est liée aux événements de la funèbre croisière, eux-mêmes connectés à l’émergence d’une entité divine perdue sur notre planète. Cromwell Stone, tiraillé par des forces occultes qui le dépasse n’échappera pas à son destin et connaîtra lui aussi un sort bien plus pervers que la mort…

    La dimension d'horreur cosmique donne toute son essence lovecraftienne à un récit mené tambour battant est obtenue grâce au travail graphique d’Andreas rappelant certaines gravures du 19ème siècle. Le noir et blanc tranché apporte une indéniable atmosphère à cette BD qui multiplie les visions dantesques. Cromwell Stone, bien qu’en marge de l’univers de Lovecraft peut se lire comme une synthèse de toutes ses thématiques de prédilection. Au travers de cette BD d'une rare intelligence, Andreas prouve que les meilleures adaptations sont celles qui conservent l’esprit particulier d’un auteur sans en suivre la lettre…

    Le Pire :

    Les sorties de bouses imprimés ont été si nombreuses en 2013 que je n’aurais pas assez d’un livre de 2300 pages pour en venir à bout. Autant se concentrer sur ce qui est bon…

    3. Cinéma :

    - Le meilleur : 


    Je me suis déjà fendu d’un article au sujet de ce film et de ses nombreux détracteurs. Que dire sinon que Tarantino essaie toujours d’exhumer une certaine forme de divertissement populaire sans pour autant renoncer à en faire un objet qui ne serait qu’uniquement marchand. Si on peut lui reprocher sa gouaille et quelques tics de réalisation, le résultat est néanmoins efficace et digne des séries B d’antan. Un spectacle intelligent qui marque le retour du western spaghetti sur grand écran. Que demander d’autre ?





    - Le Pire : 



     - Le Hobbit : La Désolation de Smaug / Peter Jackson.
    En s’occupant du Hobbit, juste après être sorti de la réalisation du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson tente de refaire ce qui a fait son succès dans la fantasy. Las, il semble bien que le système hollywoodien ait dévoré l’âme de Peter Jackson avec la même rapidité que le dragon Smaug croquant un nain.

    Le moindre tic stylistique du réalisateur est multiplié par 1000. Les prises de vue aérienne se muent en complexes mouvements de caméra aussi inutiles que gerbant. Le montage accuse une paresse inouïe là où Peter Jackson n’hésitait pas  autrefois à faire des cuts violents, incisifs qui frappaient par leurs brutalités et donnaient un impact dramatique puissant au passage d’une scène à une autre. La direction photographique atonale ne saisit aucune ambiance. Les différentes séquences éclairées de façon similaire sombrent dans une platitude exaspérante. Ainsi la description d’une ville a-t-elle exactement le même étalonnage qu’une scène angoissante impliquant hallucinations et araignées géantes… La technique du 48 images par seconde confère une texture de plastique à tous les objets, achevant de sortir le spectateur de l’univers du film. Comment prendre fait et cause pour des personnages ressemblant à des playmobiles ?

    D'autre part, le scénario souffre de béances monstrueuses dues aux ajouts qui ont été nécessaires pour faire du Hobbit une saga en trois volets. Ainsi, la love-story esquissé entre un nain semblable à un surfeur californien et une elfe, totalement inutile pour le récit, leste une bonne partie du métrage d’une enfilade de stéréotypes embarrassants. Les exemples de pareilles bourdes abondent pendant ces longues et pénibles 3 heures de projection. Je ne parle pas du jeu misérable des acteurs qui torpille un ensemble déjà saumâtre.

    Le pire étant de voir que de nombreux spectateurs apprécient un tel plat faisandé. Le pire étant de constater qu’un réalisateur que j’ai admiré a définitivement vendu son âme au diable. Le pire étant d’avoir payé ma place pour cette bouse de dragon fumante, espérant encore, niais que je suis, assister à un moment de cinéma et non à un film en plastoc…

    Les résolutions 2014 :

    - Compte tenu des impératifs temporels et du besoin que l’on a parfois de se décrasser la tête (lectures, sport, jeux et autres…) je posterais un peu moins d'articles originaux. Pour l’année 2014, je me contenterais d'achever le long texte sur les vampires et j’entamerais lorsque mon emploi du temps me le permettra la révision d’un article sur H.P.Lovecraft et ses nombreuses déclinaisons.

    - À côté de cela je m’astreindrais remettre en ligne mes illustrations, BDs, peintures, courts-métrages et photographie. Ceci afin de ne pas perdre ce rendez-vous mensuel avec vous.

    - Quelques courtes critiques apparaîtront pour nourrir la Bibliothèque des Ombres, car je m’aperçois que j’ai de plus en plus tendance à oublier ce que j’ai lu. En un autre temps, je tenais un journal de lecture et le moment est venu de me contraindre de nouveau à cette discipline. Si vous rodez en ces lieux vous pourrez y trouver de quoi sustenter votre esprit ou, parfois, passer votre chemin sur tel ou tel gâchis de papiers ayant la forme d’un livre…

    Bonne Année à tous et à toutes.


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    [1] - Auteur qui influencera H.P.Lovecraft, notamment pour l'ambiance maritime déliquescente.

    [2] - Écrivain dont je raffole également et que j’avoue avoir plus lu que Hodgson, ceci expliquant cela…

    [3] - Pour reprendre son expression favorite qui revient de manière pathologique dans son discours...

    [4] - Mon avis, pour ce qu'il vaut dans le bras de fer Valls / Dieudonné : Je m'en bats les couilles ! Dieudonné, autrefois piètre humoriste s'est acoquiné à Alain Soral, ce qui le disqualifie d'office comme étant quelqu'un de raisonnable. L'attitude de Valls dans cette affaire est au choix stupidement conne ou dangereusement suicidaire. En tendant à Dieudonné (qui n'attendait que ça !) une aussi belle exposition médiatique il gave une certaine extrême-droite de nouveaux convertis ! A croire que Dieudonné à trouver un nouveau partenaire pour ses sinistres pantalonnades...

    [5] - Pour ceux que la pensée intéresse réellement et qui veulent élargir leurs champs d'investigations et qu'un peu d'effort dans la lecture ne rebute pas, je recommandes quelques ouvrages qui valent bien plus que la marmelade de mots de Soral :  Éloge de la Fuite / Henri Laborit ; La Nouvelle Grille / Henri Laborit ; Ecoute Petit Homme / Wihelm Reich ; Psychologie de masse du Fascisme / Wihelm Reich ; Essai d'exploration de l'Inconscient / C.G.Jung ; L'unique et sa Propriété / Max Stirner ; liste non exhaustive, bien évidemment... D'une manière générale préférez toujours l'original à l'imitation...

    [6] - Qu’on nommera manga « pour fille » bien que cette définition ne corresponde pas vraiment à la réalité d’un courant tiraillé entre d’énormes différences de tonalité...