Comme la publication de L’Œil & la Griffe demandera encore un
certain temps – dû au fonctionnement en binôme qui ajoute un temps de latence variables pour les ultimes corrections –, j’ai
achevé pendant ces vacances par l’édition numérique d’une nouvelle qui
s'ajoutera sans problème au cycle.Pour l'occasion, j'ai même ressorti mes pinceaux de la poussière pour créer la couverture...
Pour ce post de blog, je vous propose de lever le voile sur la manière dont je fonctionne au niveau de l’écriture. D’autant que cette nouvelle est un peu particulière, puisqu’il s’agissait à la base d’une commande pour compléter le sommaire d’une anthologie...
Pitch :
Hiver 1875.
Sur la piste d’Ethel Arkady, La Comtesse et ses compagnons chasseurs de prime échouent dans la petite bourgade de « Skinfolk Town ». Harassés par une interminable traque, les pistoleros interrogent les locaux dans l'espoir de mettre la main sur la hors-la-loi aveugle… et il semblerait que celle-ci ait établie ses quartiers dans une vieille tannerie abandonnée.
Extrait :
« L’annonce n’éveilla aucun intérêt chez les locaux. L’un des pistoleros s’emporta. Son visage blafard, mangé par une barbe hirsute et une imposante masse de cheveux envahie de poux, se décomposa en une grimace simiesque, révélant deux canines hypertrophiées. Ses doigts s’attardèrent près d’une paire de colts Dragoon dont la crosse en ivoire pointait hors des pans de son manteau. »
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Je n’avais pas prévu de l’écrire, mais un éditeur (dont je tairai le nom) m’a envoyé un mail pour que je complète une anthologie consacrée au western.
Ni une ni deux, je me penche sur ce projet en essayant d’additionner plusieurs idées qui s’intégreraient à l’univers de ma féline favorite. Que faire après le vaudou et les zombies des Esclaves de l’Or [1]?
Et puis cette idée :
D’où vient le pardessus écarlate d’Arkady ?
Au départ c’était une réminiscence inconsciente d’Hellsing de Kouta Hirano et de Trigun de Yasuhiro Nightow, des œuvres qui m’auront parlé avec leur savoureux mélange de western, de fantastique et de science-fiction, portés par des personnages aussi charismatiques qu’ambigus, mais quid de cette couleur inhabituelle pour un manteau de cuir ?
Et ça a fait « tilt » ! Arkady étant lancée sur la voie de la vengeance – dans la partie western de sa quête, tout au moins – pourquoi ne se confectionnerait-elle pas un pardessus en peau de vampires ? D’une part ça colle à son caractère jusqu’au-boutiste, d’autre part ça me permettait d’aborder l’univers de la tannerie dont la thématique cruelle se mêle bien à celle des chasseurs de primes, puisque ces deux corporations ont en commun la marchandisation du vivant…
Une fois en possession de ce fil d’Ariane, le reste est venu tout seul : le vieux tanneur marqué par son métier, la petite équipe aux trousses d’Arkady et ses courtes retrouvailles avec Acht, un personnage qui prendra plus d’importance dans 100 cercueils[2]…
J’ai effectué de rapides recherches – merci Internet – pour compléter le sujet. Il ne s’agit pas d’être exhaustif, mais de poser des bases, d’installer une forme de crédibilité minimale. Ainsi la tannerie au centre de cette histoire s’inspire d’une tannerie du XIXe siècle, bien que je confesse que le modèle que j’ai déniché soit français et non américain. Le fameux John Jacob Astor, que mentionne Doc Würger, a existé dans notre réalité véritable. Ce négociant né en 1763 et mort en 1848 est devenu le premier millionnaire américain en investissant dans l’opium, l’immobilier et les fourrures. Un margoulin de première, sans foi ni loi, qui bâtira une véritable dynastie de commerçants. Il avait toute sa place dans ce récit.
Enfin, il me restait à trouver le ton. J’ai souvent mis Arkady en danger, voir parfois en position de victime, mais ici, je souhaitais changer de point de vue. Comme Arkady est une chasseuse de vampires émérites, je voulais la montrer dans une position de supériorité. J’ai donc inversé le postulat. Dans ce récit, elle endosse le rôle d’un Jason Vorhees au féminin qui traque ses proies de manière méthodique et implacable.
La nouvelle obtenue tient autant du western-spaghetti que du slasher. Et je confesse que j’aime la saveur de ce panaché. J’ai éprouvé une réelle satisfaction à mettre en scène Arkady de cette manière. Même si dans ces grandes aventures, elle ne parvient à ses fins qu’au prix du sang versé, je n’exclus pas de la montrer à nouveau sous un jour plus « monstrueux ». Arkady est totalement amorale et si pour atteindre son but elle doit occire une centaine de bébés phoques, elle le fera, et en rigolant par-dessus le marché.
Et l’édition dans tout ça ?
Eh bien, à ce jour, je n’ai plus reçu la moindre nouvelle de l’éditeur. Même pas un mail de refus type. Rien, nada ! Sachant qu’un tel récit me demande six mois de travail, recherches et relectures incluses, vous comprendrez que je ne souhaite plus vraiment me plier à ce type d’exercice.
Oh ! Bien sûr, j’enverrai les textes achevés en soumission spontanée, mais sans espoir démesuré. Le secteur s’est hyper-segmenté en micro-genres qui deviennent tous plus abscons les uns que les autres.
Et j’avoue que, comme ma chère Arkady, je savoure à sa juste valeur une liberté de création totale et absolue.
Et cela n’a pas de prix.
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[1] - Je remercie au passage Tom Larret qui m'a gratifié de cette très belle critique pour ma précédente incursion dans le western sauce Arkady (Les Esclave de l'Or, donc...)
[2] - Une histoire qu'il me reste à écrire, mais dont les plans et la préparation sont achevés.
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