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    dimanche 9 mars 2025

    Publication : Parques Attaques ! : Saison 1

    Après une semaine placée sous les auspices de la souffrance médicale, présenter une publication, ça remonte un peu le moral ! Alors, je ne suis pas (trop) aux commandes de celle-ci, néanmoins comme Tom Larret m’a demandé une préface et je me suis exécuté. J’espère que le résultat ne ressemblera pas trop à un dérapage non contrôlé de ma part, car je n’ai jamais pratiqué ce type de figure acrobatique, du moins jusqu’à maintenant.

    Mais bon, je me suis plié à l’exercice, car d’une part ma collaboration avec Tom date de quelques années et qu’il s’est créé entre nous une connivence artistique et d’autre part je partage la paternité d’un des épisodes, puisque j’adore l’écriture à quatre mains et que le ton léger des Parques me permettez de solutionner une des énigmes restantes d’un autre ouvrage composé selon la même méthode : l’Œil & la Griffe.

    Comment Ethel Arkady a-t-elle franchi les espaces entre les espaces pour rentrer dans ses pénates, eh bien, vous le saurez en lisant cet opuscule au prix modique. Je me suis éclaté comme un petit fou sur cette histoire parce qu’entre les tacles que j’ai généreusement distribués à l’encontre de stéréotypes énervants, les jeux de mots laids en pagaille de Tom, et la mauvaise, mais alors vraiment très mauvaise humeur d’Arkady, autant vous dire qu’il s’y déroule plus de choses que dans n’importe quel série Netflix ! Garanti sur facture, et sans abonnement !

    Cliquez sur l'image pour vous procurer un exemplaire !

    Quatrième de Couverture : 

    Que de destins grandioses, d’épopées héroïques, de quêtes initiatiques, de sauvetages du monde ou de découvertes du Vrai sens de la vie ! Contre cette déferlante de succès, veillent les Parques, sous la direction d’une Fatalité farceuse, qu’on nomme parfois le marrant Sort. Si la petite bande de Nona, Decima et Morta avait suffi un temps à endiguer les réussites en cascades, les mondes ont changé. La Destinée a dû élargir son personnel, pour qu’un duo de sbires cisaille dans le feutré les ficelles de chaque histoire. En compagnie de Cétoine et Réduve, parcourez de nombreux univers pour poncer les poncifs, tronçonner les raccourcis et couper le réseau aux intrigues téléphonées. Héroïne badass de fantasy ou paladin galactique, aucun personnage principal n'est désormais à l'abri de la paire déjantée, avide de Plus-Values Fatalité qui hante désormais la fiction littéraire. Contre la facilité, la sensibilité et la moralité de bon aloi, les Parques attaquent !


    Des Négociations tendues entre Ethel Arkady & les Parques.


    dimanche 9 février 2025

    Affiche pour Jeu de Rôle (by MakuZoku)

    Depuis quelque temps, j’ai « professionnalisé » ma pratique du jeu de rôle, puisque je mène régulièrement des parties pour des néophytes autant que d’anciens briscards dans le cadre de mon boulot civil. J’en parle ici, d’ailleurs... Du coup, j’ai conçu une affiche, mais étant donné que je n’ai pas réussi à réaliser dans les temps la seconde – sachant qu'une image de ce type, à l’aquarelle, me demande plus six mois –, mais que je souhaitais avoir un nouveau visuel pour la troisième saison de cette animation qui rassemble maintenant trois tables de six joueurs, toute complète (j’ai commencé à une table et deux joueurs… ), je me suis adressé à MakuZoku, qui est devenu un habitué de mes univers...

    Il avait pour idées directrices d’une part de représenter graphiquement la richesse thématique du jeu, et d'autre part, d’offrir à notre service communication de la matière pour nos différents réseaux informatifs. Ces contraintes ont produit ce foisonnement de personnages, tous tirés de la déclinaison populaire « médiéval-fantastique » sauce Donjons & Dragons du jeu de rôle. Les mains au-dessus des personnages symbolisent, bien sûr, le gentil maître de jeu que je suis (n’est-ce pas ?). Comme d’habitude, je suis sous le charme du style de MakuZoku, lequel possède autant de panache que d’humour. Je vous partage donc la version intégrale ici !

    Amusez-vous d’ailleurs à repérer les nombreux monstres et clins d’œil disséminés dans l’image, je pense que vous en avez pour un bon moment ! Même les horreurs de Cthulhu et ses petits copains sont planqués dans un coin de la scène… 

    mercredi 13 novembre 2024

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Adélaïde : le journal d'Herbert Engellmann

    Malgré un mois d’octobre passé dans l’enfer des heures supplémentaires, j’ai tout de même trouvé quelques moments pour achever ce qui est probablement mon opus-magnum à ce jour, soit le monstre romanesque nommé Adélaïde dont je vous avais déjà entretenu grâce à la magnifique couverture de MakuZoku et sur laquelle j’ai opéré un peu de mise en page pour finaliser tout cela. Quoiqu’Adélaïde soit disponible de manière numérique, je vous conseillerais de choisir la version papier, ne serait-ce que parce que c’est plus pratique et que j’y ai ajouté quelques bonus en prime.

    Et la suite maintenant ? Eh bien, il ne vous aura pas échappé que pour éviter les redites, mais aussi de m’ennuyer que je mène plusieurs histoires de front et cela étire mécaniquement le temps de rédaction du manuscrit. Cependant, cela me permet de retrouver le texte avec un œil neuf et critique, ce qui est indispensable dans ce type de récit au long court.

    Je suis bien parti sur une saga qui m’accompagnera encore un bon moment… Et j’espère que le voyage en compagnie de ces personnages (dont la aussi séduisante que douteuse Akemi Himiko) vous plaira, car j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire, en dépit du défi que cela représente.



    mercredi 9 novembre 2022

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis - Aux Bains ! - Teaser Final (by MakuZoku)

    Enfin, après une longue gestation voici un léger aperçu de la petite séquence BD qui s’insère dans la vaste intrique de Pornopolis, toujours réalisée par MakuZoku. C’est un plaisir sans prix de voir un univers sur lequel on travaille depuis plus de dix ans prendre vie.

    MakuZoku constituait une évidence pour cette scène complexe, dans laquelle la gestion de l’action était couplée à celle des sentiments contradictoires qui agitent nos deux duettistes. Je souhaitais que les « visages » des protagonistes de ce duel, qui s'achève sur une apothéose charnelle à forte teneur pornographique, soient un élément capital dans la mise en scène. D’où mon intérêt pour un style (sur)expressif.

    L’ensemble me plaît tellement que je sortirais un comics séparé du roman. D’autant plus que MakuZoku farfouillera encore dans le vif des tripes de la dangereuse féline.

     

    À propos de la couverture : Après quelques expériences plus ou moins réussies, nous avons choisi ces couleurs plutôt « pétantes » qui se rattachent d'une manière cinématographique à l’univers lovecraftiens, notamment via le film From Beyond de Stuart Gordon – qui apportait un zeste d’érotisme sadique dans la mythologie très chaste (en apparence) de l’écrivain – mais aussi la récente adaptation de la Couleur tombée du Ciel de Richard Stanley, dans laquelle la teinte magenta / cramoisie dévore peu à peu l’écran. Ces étranges nuances correspondaient donc bien à l’ambiance de Pornopolis, d’autant plus que les radiolaires et autres cnidaires disséminés dans les planches et le récit ne sont pas là que pour être décoratifs...







    Ethel Arkady prisonnière des vampires en 1929…  

    Akemi Himiko prisonnière des Tokugawa en 1580

    vendredi 21 octobre 2022

    Les Aventures d'Ethel Arkady : 100 Cercueils (01)

    Après un mois de vacances pour me remettre des émotions de l’année écoulée, je reprends les rênes de ce blog, malgré le fait qu’entre mes différents projets et mes obligations pécuniaires, il m’est de plus en plus difficile de rédiger des articles, ainsi que j’en avais l’habitude.

    Pour compenser cela, je vous offre en avant-première l’introduction de la genèse de celle qui deviendra Ethel Arkady. Destiné à un public adolescent, ce nouveau roman ne délaissera pas pour autant la cruauté inhérente à la saga, bien que les incursions dans le gore en seront, évidemment, absentes (ou pas ?). 

    L’illustration d’ouverture n’a pas grand-chose à voir avec cette histoire, mais c’est l’une des rares images montrant une Arkady pas encore diminuée par ses nombreux combats.

     Je vous souhaite une bonne lecture. 


    1. L’Éveil.

    Elle hurla dans les ténèbres.

    Une surface dure lui heurta le haut du crâne. Elle glapit. Ses yeux nyctalopes ne perçaient même pas cette obscurité totale. Dans un moment de panique, elle songea qu’elle était morte et que ceci était son enfer personnel. Pourtant, elle respirait et le goût d’ammoniaque qui lui envahissait la bouche attestait du contraire. Elle déglutit pour avaler une boule de glaire lourde, compacte, qui pesa sur son estomac. Elle tirait la langue de soif, mais dans cet espace clos elle ne trouvait nulle source d’humidité.

    Elle se tourna à droite, à gauche, se cognant aussitôt contre les parois de sa prison. Ses mains touchèrent les côtés de ce qui ressemblait de plus en plus à une boîte en bois mal dégrossi. Une ignoble angoisse l’étreignit quand elle réalisa qu’elle gisait dans un cercueil. Avait-elle été enterrée vivante ? Elle ouvrit la gueule pour hurler, mais aucun son n’en sortit. L’horreur de la révélation lui compressait tant la gorge que le cri restait coincé dans ses entrailles. Avec toutes les difficultés, elle contint sa vessie. Elle invoqua ses premières leçons d’arts martiaux, ravivant le souvenir de son père, Jorge.

    « La première chose qu’apprend un guerrier est d’apprivoiser la peur. Si l’angoisse plante ses griffes en toi, alors elle te transformera en une proie impuissante. Pour la dompter, tu dois contrôler ta respiration. C’est dans ton souffle que tu puiseras le courage d’affronter la mort. »

    L’immensité du désert les entourait. Ils discutaient des heures durant, à l’ombre des falaises rocheuses sculptées par les éléments déchaînés avec pour seuls témoins les serpents, les scorpions et les cactus. Jorge lui avait enseigné les bases des arts martiaux bubastis. Il achevait ses explications d’un léger coup de son index griffu dans son sternum, puis il l’enjoignait à suivre son exemple.

    « Respira, ma pequeňa espina ! »

    Elle repensait à lui, à sa voix qui l’apaisait, la purgeait de ses vives  passions. Après deux expirations, elle écarta le voile grisâtre de la terreur comme une énorme toile d’araignée. Sa première hypothèse se confirmait : elle était emprisonnée dans un cercueil. Elle humait les fragrances de sève encore fraîche, entendait les grignotements discrets des larves xylophages et ressentait la morsure des minuscules échardes qui lui rentraient dans les fesses et la queue.

    Une imperceptible brise s’infiltrait dans la caisse, caressant ses vibrisses. Elle n’était pas enterrée six pieds sous terre, ensevelie parmi les victimes anonymes du bombardement de Monterrey. De ces heures, elle ne se souvenait que des cris, du sifflement de boulets de canon et des projections des corps déchiquetés par la fureur de l’acier. Qu’était-il advenu de ses parents, Jorge et Viridiana ? Elle fouillait dans sa mémoire, mais celle-ci était bouché par les maisons délabrées, les explosions et les blessés qui erraient dans les rues, hagards. Accompagné par sa mère, elle défendait la ville contre les vampires qui se repaissaient des vivants grâce à la fureur des combats. Un boulet de canon avait touché un mur à quelques pas d’elles. Elles avaient été projetées à une dizaine de pieds dans les airs. Une brume cramoisie entourait la frénésie des affrontements, s’opposait à son investigation.

    Sortir ! Elle devait sortir de là ! Elle ignorait tout de l’endroit où ses ennemis l’avaient placée, mais comme le lui avait appris son père, l’arme la plus efficace d’une guerrière de Sekhmet ne demeurait pas dans sa force, ni même dans sa vitesse, mais dans sa capacité à tisser des liens étroits avec son environnement, à en conjuguer des éléments a priori sans rapport pour les transformer en une combinaison mortelle. Cette révélation en amena une autre, elle se souvenait de son nom, celui qu’elle avait choisi lors de sa première cérémonie devant la Déesse : Espinoza Jorge Viridiana de Monterrey.

    Elle força ses griffes à rentrer dans ses phalanges et inspira profondément. Son poing gauche cogna le couvercle de bois. La douleur du choc rayonna jusqu’à son épaule. Elle serra les dents et frappa, encore et encore, ponctuant chaque coup d’un feulement rauque. Elle oblitéra de sa conscience les élancements de ses phalanges tuméfiées et le sang qui en jaillissait. Le bois du couvercle gémissait à chaque impact. La souffrance atteignit son paroxysme lorsque sa main creva enfin le toit de sa prison. L’espoir gonfla sa poitrine et elle écarta la brèche avec des mouvements fiévreux, spasmodiques. Dans sa précipitation, elle récolta une kyrielle d’échardes dans ses coussinets palmaires, mais elle n’en avait cure. Le bois se délitait et bientôt son museau émergea à l’air libre. Elle rugit de soulagement.

    La luminosité de l’astre nocturne l’éblouit. Elle cligna deux fois des yeux, le temps que ses iris s’habituent à la majesté argentée de Khonsou qui régnait sur un firmament ponctué d’étoiles. Une bouffée d’air frais la revigora Les contours du paysage, de taches aléatoires, masses d’ombres indistinctes, se muèrent en une série de falaises minérales d’une netteté aveuglante. Elle réalisa qu’elle avait quitté une prison pour une autre. Devant elle, à plus de deux cents pieds, elle apercevait des gradins creusés dans la pierre. Des formes humaines occupaient ceux-ci, les yeux fixés sur la plaine. Alentour, elle contemplait un champ de cercueils semblables à celui dont elle s’était extirpée. Des cris et des pleurs étouffés s’échappaient des boîtes closes. Autour de cette sinistre arène, elle dénombra une dizaine de soldats dont l’uniforme bleu et le képi se découpaient dans la nuit. Ils brandissaient un mousquet à long canon équipé d’une baïonnette vers les enfants éveillés. Ils surveillaient avec une attention particulière Espinoza, mais aussi les autres prisonniers. Elle frissonna sous les regards des gardes qui convergeaient vers elle. La chemise informe, en bure, dont elle était couverte lui irritait sa peau. Un pantalon de la même matière était maintenu serré au niveau de ses hanches par une corde de chanvre. Ses ravisseurs avaient pensé à sa queue préhensile et pratiqué un trou afin de la libérer. Elle battait les flancs d’Espinoza, trahissant son humeur exécrable.

    Elle posa deux pattes en dehors de son cercueil. Un tiraillement métallique contracta son bas-ventre et elle se courba pour atténuer cette sensation qui tendait sa peau et elle se demanda l’espace d’un instant si elle n’avait pas été blessée dans les explosions qui avaient pilonné la ville de Monterrey. Cette douleur sourde distilla en elle une angoisse filandreuse. Elle redoutait que ses ravisseurs, usant d’une magie impie, aient ajouté ou enlevé quelque chose à son intégrité physique. Elle repoussa ces déplaisantes pensées en se se concentrant sur le paysage blafard et sinistre.

    Outre le champ mortuaire, les gradins – décorés par des mâts sur lesquels flamboyait le drapeau des États-Unis – une imposante falaise de plus de mille pieds bouchait l’horizon. Elle s’étendait en un cirque qui ceinturait la zone. Dans les plis de cette draperie de pierre, elle distinguait des reliefs à angles droits qui lui évoquaient des terrasses ou des baraquements creusés à même le roc. Elle se souvenait avoir déjà exploré ce genre de construction avec des gamins de son clan. Ces ruines avaient été abandonnées par une mystérieuse peuplade humaine : les Anasazis.

    Caïbodero, le mago de son clan, contait mille et une légendes sur les spectres qui hantaient les corridors jaunâtres de ces cités troglodytes, mais ces chimères ne possédaient pas d’autres objectifs que d’empêcher les plus jeunes bubastis de se perdre dans des furetages hasardeux. Sur la véritable histoire de ces troglodytes, Caïbodero demeurait élusif. Espinoza ne savait pas grand-chose, si ce n’est qu’ils avaient détourné de manière ingénieuse les cavernes constellant les falaises à leurs profits. Le roc offrait une protection aux ardeurs du soleil durant la journée et excrétait la chaleur emmagasinée pendant la nuit.

    Elle en conclut qu’elle n’avait pas quitté la terre de ses ancêtres, mais de toute évidence, elle était prisonnière de l’armée américaine. Elle avala la boule de crainte qui se nicha dans son estomac. Après tout, elle était une guerrière, même si elle n’avait pas encore trouvé son antagoniste totémique. Ses instincts de chasseuse avaient été affinés par les leçons de Jorge et elle lisait les accidents du terrain et en tirait toutes les informations nécessaires sur ses proies. Elle s’admonesta à la patience, puis analysa son environnement, traquant une brèche dans le système de ses ravisseurs.

    Les cercueils possédaient des numéros, tracé en peinture blanche à coups de pinceau grossier. Elle en dénombra une centaine. Le sien affichait un six dont la boucle s’enorgueillissait de postillons bulbeux. Espinoza perçut un craquement derrière elle, puis une caisse mortuaire vibra, à soixante pieds d’elle. Une humaine d’un âge similaire au sien en écarta le couvercle sans effort apparent. Elle grimaça quand une morsure lui tarauda le bas-ventre, puis se redressa, humant l’air avec une expression extatique sur le visage, comme si ce décor cauchemardesque représentait la somme de ses désirs les plus chers. Elle portait sur les épaules la tunique informe de rigueur. Ses longs cheveux roux dansaient au rythme des bourrasques qui balayaient cette large cour circulaire. Ses yeux de glace se heurtèrent à ceux d’Espinoza et se teintèrent d’un souverain mépris.

    Espinoza n’eut guère le temps de s’attarder sur ce phénomène que d’autres cercueils remuèrent. Cette mise en scène macabre constituait une sorte de sinistre rite de passage qu’elle et « Yeux de Glace » avaient réussi. Elle entendait les cris désespérés d’un gamin dont la prison mortuaire, un gros huit peint sur sa surface, bringuebalait à sa droite. Elle avança avec l’intention de l’aider, mais deux mousquets se tendirent dans sa direction. Elle capta le cliquetis du chien que l’on enclenchait et battit en retraite, les mains en l’air.

    Le visage mutin d’Yeux de Glace se plissa en une moue d’agacement et de moquerie devant son geste altruiste. Espinoza en conclut qu’elle participait à un jeu pervers, une abomination où l’on n’accordait que peu d’importance à la vie. Elle se révélait incapable d’intercéder dans le cours de cette cruelle épreuve. Eût-elle possédé la maîtrise de la Célérité Accrue – cette faculté de « vibrer » qui accélérait la vitesse de déplacement des bubastis –, qu’elle aurait libéré le prisonnier, mais elle était aussi dépourvue que les enfants qui hurlaient dans la nuit. Et cela la frustrait. Ses griffes dardaient hors de leurs caches de peau et elle se lacérait les bras sans s’en rendre compte. Des gouttes cramoisies s’écrasaient autour d’elle, formant de minuscules flaques qui attiraient les mouches à ses pieds.

    Bientôt une, puis deux, puis trois têtes émergèrent à l’air libre. Certains arrachaient le couvercle avec une facilité déconcertante pendant que d’autres tambourinaient un long moment sur le couvercle en s’égosillant de panique. Une fois que leurs yeux hagards eurent appréhendé le décor sinistre qui les cernait, ils se calmaient, plongeant dans une prostration désespérée. Cependant, une infime partie du groupe se félicitait de cette situation pour une raison qui dépassait complètement Espinoza. Chacun éprouvait une gêne, comme celle qu’elle avait ressentie, au bas-ventre. Si tous étaient frappés, ce n’étaient pas avec la même intensité, et quelques garçons, une fois les premières goulées d’air frais avalées, se pliaient en deux, recevant un coup de poing invisible dans l’estomac. Certains s’écroulaient un instant, expectorant de la bile. Espinoza ne s’expliquait pas ce phénomène et elle craignait d’en découvrir la raison.

    Sur le dos des prisonniers, elle remarqua une série d’inscriptions, et elle supposa qu’elle possédait les mêmes. Le garçon devant elle, plus grand d’une tête, possédait la notification suivante :

    « H-C-M-11 »

    Une fille qui se noyait dans ses larmes avait reçu, elle, cette annotation sibylline :

    « H-C-F-62 »

    Et une kyrielle d’autres codes du même type. Espinoza y devinait une sombre logique à l’œuvre, une manière de départager l’homogénéité du groupe pour mieux le diviser. Elle ignorait combien de temps s’était écoulé entre le moment de son réveil et celui de ses compagnons d’infortune, mais elle avait la sensation que l’aube se levait sur cette longue nuit d’épouvante. Presque tous les gamins s’étaient extirpés hors de leurs cercueils. Une minorité, dont « Yeux de Glace », arborait un port de tête auquel Espinoza accolait l’adjectif « d’aristocratique ». Ils n’avaient pas subi la terreur d’un réveil anxiogène, à l’inverse d’une majorité de leurs camarades d’infortune.

    Le prisonnier du cercueil voisin hurlait toujours, incapable de soulever le couvercle. Il s’abîmait les poings dans des gesticulations désespérées. Comme elle était entourée par ses congénères d’infortunes et que tous demeuraient au mieux surpris, au pire choqués par ce que leur arrivait, Espinoza réfléchit à une manière de se rapprocher du captif sans attirer l’attention des gardes. Pour se fondre dans la masse des têtes blondes, elle usa d’une marche d’escrime. Son torse conservait une position rectiligne, se confondant avec celui de ses compagnons en attente. Elle glissa vers son objectif. Une fois qu’elle eût franchi une distance convenable, elle tendit sa pattes antérieure droite, puis frappa par deux fois le couvercle. Dans le brouhaha de cris, de pleurs et de supplications, personne ne perçut son geste de coopération. Dès que le bois craqua, elle s’éloigna de deux pas. Personne, pas même les gardes, trop occupés à surveiller le mouvement de la masse humaine, n’avait avisé sa manœuvre. Un léger sourire de satisfaction révéla ses canines acérées.

    Des doigts boudinés, constellés d’échardes, achevèrent d’agrandir la crevasse d’Espinoza. Une tête joufflue, rendue encore plus enflée par les cris de paniques, jaillit hors de la boîte. Une fois ses premières goulées d’air prises, il ravala ses larmes et la morve qui dégoulinaient de son nez épaté pour inspecter les environs. Son visage se contractait sous l’effet de la terreur, ses iris aux nuances d’écorces cherchaient à ordonner le tableau qui se présentait à lui, tout comme Espinoza. En dépit de la graisse qui dégouttait de tous ses membres, et de sa maladresse, l’intelligence pétillait dans les yeux de ce garçon. Espinoza le nota dans un coin de son esprit. Elle lui adressa un sourire de connivence qu’elle espérait chaleureux pour alléger la peine monstrueuse qui pesait sur les épaules du « Numéro Huit ».

    Des soldats inspectèrent les rangs, distribuant parfois des coups de bâton pour corriger la posture des gamins qui frissonnaient sous le vent glacial. Les pâles rayons de soleil, qui apportaient des touches d’ocre, d’orange et de jaunes, ne réchauffaient pas les corps lacérés par la bise. Espinoza constata avec soulagement que le Numéro Huit l’imitait. Le soldat, qui anticipait la délicieuse mortification du garçon bedonnant, tourna les talons en grommelant. Excepté quelques gémissements, le silence régnait sans partage.

    Tous attendaient un signe qui advint quand le plus haut gradé, bardé comme un sapin de Noël de décorations cliquetantes, se dirigea vers les gradins. Les minuscules ombres toisant la masse des enfants discutèrent un moment, puis l’une d’entre elles colla son visage austère de pâtre devant un porte-voix de cuivre vissé dans la pierre antédiluvienne.

    dimanche 19 septembre 2021

    Les Aventure d'Ethel Arkady : Un Manteau d'Ecarlate sur une Neige Immaculée.

    Comme la publication de L’Œil & la Griffe demandera encore un certain temps – dû au fonctionnement en binôme qui ajoute un temps de latence variables pour les ultimes corrections –, j’ai achevé pendant ces vacances par l’édition numérique d’une nouvelle qui s'ajoutera sans problème au cycle.Pour l'occasion, j'ai même ressorti mes pinceaux de la poussière pour créer la couverture...

    Pour ce post de blog, je vous propose de lever le voile sur la manière dont je fonctionne au niveau de l’écriture. D’autant que cette nouvelle est un peu particulière, puisqu’il s’agissait à la base d’une commande pour compléter le sommaire d’une anthologie...

     Pitch :  

    Hiver 1875.
    Sur la piste d’Ethel Arkady, La Comtesse et ses compagnons chasseurs de prime échouent dans la petite bourgade de « Skinfolk Town ». Harassés par une interminable traque, les pistoleros interrogent les locaux dans l'espoir de mettre la main sur la hors-la-loi aveugle… et il semblerait que celle-ci ait établie ses quartiers dans une vieille tannerie abandonnée.

    Extrait :


    « L’annonce n’éveilla aucun intérêt chez les locaux. L’un des pistoleros s’emporta. Son visage blafard, mangé par une barbe hirsute et une imposante masse de cheveux envahie de poux, se décomposa en une grimace simiesque, révélant deux canines hypertrophiées. Ses doigts s’attardèrent près d’une paire de colts Dragoon dont la crosse en ivoire pointait hors des pans de son manteau. »

    Cliquez sur l'image pour acheter la nouvelle !

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    Je n’avais pas prévu de l’écrire, mais un éditeur (dont je tairai le nom) m’a envoyé un mail pour que je complète une anthologie consacrée au western.

    Ni une ni deux, je me penche sur ce projet en essayant d’additionner plusieurs idées qui s’intégreraient à l’univers de ma féline favorite. Que faire après le vaudou et les zombies des Esclaves de l’Or [1]?

    Et puis cette idée :

    D’où vient le pardessus écarlate d’Arkady ?

    Au départ c’était une réminiscence inconsciente d’Hellsing de Kouta Hirano et de Trigun de Yasuhiro Nightow, des œuvres qui m’auront parlé avec leur savoureux mélange de western, de fantastique et de science-fiction, portés par des personnages aussi charismatiques qu’ambigus, mais quid de cette couleur inhabituelle pour un manteau de cuir ?

    Et ça a fait « tilt » ! Arkady étant lancée sur la voie de la vengeance – dans la partie western de sa quête, tout au moins – pourquoi ne se confectionnerait-elle pas un pardessus en peau de vampires ? D’une part ça colle à son caractère jusqu’au-boutiste, d’autre part ça me permettait d’aborder l’univers de la tannerie dont la thématique cruelle se mêle bien à celle des chasseurs de primes, puisque ces deux corporations ont en commun la marchandisation du vivant…

    Une fois en possession de ce fil d’Ariane, le reste est venu tout seul : le vieux tanneur marqué par son métier, la petite équipe aux trousses d’Arkady et ses courtes retrouvailles avec Acht, un personnage qui prendra plus d’importance dans 100 cercueils[2]…

    J’ai effectué de rapides recherches – merci Internet – pour compléter le sujet. Il ne s’agit pas d’être exhaustif, mais de poser des bases, d’installer une forme de crédibilité minimale. Ainsi la tannerie au centre de cette histoire s’inspire d’une tannerie du XIXe siècle, bien que je confesse que le modèle que j’ai déniché soit français et non américain. Le fameux John Jacob Astor, que mentionne Doc Würger, a existé dans notre réalité véritable. Ce négociant né en 1763 et mort en 1848 est devenu le premier millionnaire américain en investissant dans l’opium, l’immobilier et les fourrures. Un margoulin de première, sans foi ni loi, qui bâtira une véritable dynastie de commerçants. Il avait toute sa place dans ce récit.

    Enfin, il me restait à trouver le ton. J’ai souvent mis Arkady en danger, voir parfois en position de victime, mais ici, je souhaitais changer de point de vue. Comme Arkady est une chasseuse de vampires émérites, je voulais la montrer dans une position de supériorité. J’ai donc inversé le postulat. Dans ce récit, elle endosse le rôle d’un Jason Vorhees au féminin qui traque ses proies de manière méthodique et implacable.

    La nouvelle obtenue tient autant du western-spaghetti que du slasher. Et je confesse que j’aime la saveur de ce panaché. J’ai éprouvé une réelle satisfaction à mettre en scène Arkady de cette manière. Même si dans ces grandes aventures, elle ne parvient à ses fins qu’au prix du sang versé, je n’exclus pas de la montrer à nouveau sous un jour plus « monstrueux ». Arkady est totalement amorale et si pour atteindre son but elle doit occire une centaine de bébés phoques, elle le fera, et en rigolant par-dessus le marché.

    Et l’édition dans tout ça ?

    Eh bien, à ce jour, je n’ai plus reçu la moindre nouvelle de l’éditeur. Même pas un mail de refus type. Rien, nada ! Sachant qu’un tel récit me demande six mois de travail, recherches et relectures incluses, vous comprendrez que je ne souhaite plus vraiment me plier à ce type d’exercice.

    Oh ! Bien sûr, j’enverrai les textes achevés en soumission spontanée, mais sans espoir démesuré. Le secteur s’est hyper-segmenté en micro-genres qui deviennent tous plus abscons les uns que les autres.


    Et j’avoue que, comme ma chère Arkady, je savoure à sa juste valeur une liberté de création totale et absolue.

    Et cela n’a pas de prix.

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    [1] - Je remercie au passage Tom Larret qui m'a gratifié de cette très belle critique pour ma précédente incursion dans le western sauce Arkady (Les Esclave de l'Or, donc...)


    [2] - Une histoire qu'il me reste à écrire, mais dont les plans et la préparation sont achevés. 

    dimanche 14 février 2021

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis : Ethel Arkady & La Reine Rouge (by MakuZoku)

    Cela fait un moment que je tourne autour de l’idée d'illustrer mon roman de Porno-Fantasy, comme ce fut le cas pour le premier opus des Chroniques de Yelgor, et voilà que cette entreprise débute sur une rencontre aussi impromptue qu’agréable avec le talentueux dessinateur MakuZoku.

    Je lui ai donc confié le chapitre deux qui ne contient que des scènes coquines plutôt légères, ce qui lui a permis d’apprivoiser cet univers. Et j’avoue que j’aime beaucoup sa version d’Ethel Arkady qui perd son air revêche – en même temps, elle est à moitié sous le contrôle des Satyres, des bestioles qui accroissent sa libido déjà envahissante en temps normal, ce qui altère son humeur ombrageuse – tout en conservant ses attributs de vieille guerrière saillants : cicatrices à revendre, musculature apparente et griffes menaçantes. Un effet esthétique par contraste comme je les apprécie tant dans le travail de l’érotisme.

    J’espère que MakuZoku reviendra faire quelques virées dans l’univers d’Ethel Arkady. Quant à moi, je vous encourage vivement à aller jeter un œil – voire deux – sur ses travaux et ses différents projets, en particulier celui de la BD Sangria qui m’a impressionné.

    Pour la version non-censurée, cliquez sur l'image !

    mercredi 23 décembre 2020

    Dessin (de cul) du Dimanche : Etreinte Florale !

     Après bien des tergiversations j'ai enfin achevé mon retour dans la peinture, et l'acrylique en particulier ces derniers jours. Commencé à l'orée d'un déménagement douloureux, puis laissée en friche pendant deux ans, j'ai enfin posé les dernières couches de cette illustration ces derniers week-ends. Bien qu'elle ne corresponde plus à aucune histoire, le segment de mon roman en cours Pornopolis qu'elle était censée illustrer s'est déroulé d'une toute autre manière, je suis content d'avoir achevé cette pièce. J'ai hâte de trouver quelques heures pour en recommencer une autre !

    Cette peinture étant de nature pornographique, vous pouvez la contempler
    en intégrale sur Arkady's Lovers, mon blog dédié à ce genre


    lundi 21 septembre 2020

    Vittalium250g : La couverture !

    Il me reste encore un peu de boulot administratif sur mes précédents opus (La Femme Écarlate & Les Chroniques de Yelgor.1 : la nuit de l’auberge sanglante), mais voici qu’est arrivée la superbe couverture de mon complice Duarb Du pour Vittalium250g qui sera, mine de rien, la première aventure au long court d’Ethel Arkady que je publierai, alors que je bosse sur cet univers depuis une bonne dizaine d'années.
     

    Le Pitch :
    La multinationale pharmaceutique ULV inonde les médias de réclame pour son nouveau médicament révolutionnaire : le Vittalium. Accompagnée par le policier surnommé  « le Bouledogue », Ethel Arkady surprend un trafic de dryades vivantes lié à la fabrication de cette panacée en gélules…

    vendredi 26 juin 2020

    Dessin du Dimanche : Arakdy Saute ! part 05 & Personnages de Gidéaire !



    Le confinement aura au moins eu l’avantage de me pousser à achever certains dessins restés en souffrance. Voici donc enfin le dernier stade de la gravure Arkady Saute ! avec son titrage. Suive trois  recherches pour des personnages de jeu de rôle issu de l’univers de Tranchons & Traquons. Ces charmants compagnons sont et appelés à être des prétirés pour un scénario que je peaufine depuis quelque temps afin de la partager en ces lieux, et qui se déroule dans le Royaume deYelgor… Ceci en attendant mon retour derrière les pinceaux pour un tableau pornographique consacré à Ethel Arkady (mais qui se retrouvera sur la déclinaison « mature » de ce blog, ici !).


    La Kitling guerrière (aveugle) Shangir Althea

    La Drakken mage Xiaoshi Xao-Luo

    L'Elfe mage Athelarys Ombre-Chêne

    dimanche 10 mai 2020

    Dessin du Dimanche : Arakdy Saute ! part 04

    Après les versions Noir & Blanc, voici venir la dernière vague : les versions couleurs ! Ce qui achèvera ce long exercice commencé en octobre 2016...







    Les gravures sur fond colorés ne se sont pas imprimés !


    Fond sans les gravures...

     

    samedi 2 mai 2020

    Dessin du Dimanche : Arakdy Saute ! part 03

    Suite de la gravure avec cette fois-ci l’impression des épreuves en noir & blanc. À cause d’un trop long temps passé entre la réalisation de la planche et la finition, il m’a été plus difficile de faire un positif correct (en même temps, cela reste de la gravure de cuisine, littéralement…) Néanmoins, même dans des conditions optimales, les accidents divers et variés constituent tous le sel de l’exercice.











    dimanche 29 mars 2020

    Dessin du Dimanche : Arakdy Saute ! part 02

    Le seul bon truc dans ce confinement de la loose absolue (vous me pardonnerez cet atroce anglicisme, mais je ne vois pas d'autre mot pour faire ressentir toute le misérabilisme de cette situation absurde...) c'est que ça élimine pas mal de distractions ! Du coup je reprends un vieux projet d'illustration pour Arkady, dont voici quatre essais couleur dans des techniques différentes.

    Aquarelle

    Colorex

    Ecoline

    Gouache