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    vendredi 18 juillet 2025

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis : Arkady & Hanzo

    Après un assez long hiatus, presque 11 ans tout de même, je retrouve le dessinateur Horlod pour ce qui sera une des dernières illustrations du premier tome de Pornopolis, lequel s’achève tout doucement. Étant donnée la nature… mature du sujet, je ne montrerai pas l'image en entier sur ce blog, mais il faudra la chercher chez son jumeau maléfique, bien plus salé ! Vous êtes prévenus ! J’ajoute que m'associer pour un moment avec celui qui fut un des premiers créateurs d’Ethel Arkady, une sorte de retour aux sources pour ma féline, quoiqu’elle ait un peu changé avec les années, me met en joie ! Après tout, elle a bien grandi et elle entre dans sa glorieuse majorité !



    mardi 15 avril 2025

    Starter Pack : Ethel Arkady !

    En ce moment, je présente mes créations au Festival Fantastique de Bruxelles, ce qui fait que j'ai largement le temps de dessiner. 

    Mais je suis aussi tombé sur les derniers simulacres de Lia générative qui ont littéralement inondé les réseaux. Et bon… Voilà, en attendant d'éventuels amateurs de fantasy bizarroïdes et de romans gore, je me suis amusé avec cette mode pour faire… Disons pour présenter Ethel Arkady d'une autre manière. Sauf que moi, je n'ai pas utilisé un algorithme !

    Parce qu'un jour je me sortirai les doigts du fion pour exprimer tout le bien que je pense de cette technologie… Même si mon avis ne doit pas être un grand mystère si vous me lisez….



    jeudi 11 juillet 2024

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Adélaïde : le journal d'Herbert Engellmann

    Cela a demandé un moment, et j’avoue que grand était mon empressement de voir l’œuvre achevée, mais la patience a payé : je suis maintenant à même de vous dévoiler la couverture – sans les titrages – de mon nouveau roman : Adélaïde !

    D’une ambition un peu folle, je le concède, cette quête creuse en profondeur le monde chaotique d’Ethel Arkady. Dans ce récit, on suit quatre narrations éclatées autant dans le temps que dans l’espace – bien qu’une notable partie se déroule à New York et Baltimore pendant la guerre de Sécession américaine – qui sont toutes unies par un « personnage » particulier : Adélaïde, une épée de cristal qui a traversé les siècles, passant de mains en mains en laissant derrière elle une traînée sanguinolente de carnage. La synchronicité aidant, elle réapparaît donc durant les périodes troubles… Et Ethel Arkady croisera son chemin…

    Voilà pour l’idée de départ. MakuZoku a eu la patience de lire tout le texte – plus de 600 p. tout de même avant de se lancer dans son illustration, un magnifique tableau qui rassemble les principaux protagonistes que vous accompagnerez dans cette longue saga. Après sa couverture de l’Œil & la Griffe, je suis un auteur comblé par ces visions de mon récite enluminé par un style expressionniste qui rend justice aux différents personnages. Je le remercie encore pour son indulgence à mon égard, mais aussi son talent qui donne chair à mes mots ! C’est un rare privilège que de travailler avec un tel artiste.

     Je profite d’ailleurs de l’occasion pour vous présenter vous les personnages. Ce sont des infréquentables, comme il se doit dans mes fiction, mais je suis sûre que vous les apprécierez…

    Pieters Minuit :
    Cet ancien vampire puissant rôde autour d’Adélaïde pour l’utiliser à son avantage, quoiqu’il préfère toujours agir par l’intermédiaire de complices qu’il n’hésite jamais à sacrifier dans son complexe jeu d’échecs. Il a aussi initié Akemi Himiko au vampirisme en un baptême traumatisant.

    Viravea :
    Cette effrayante faërie se nourrit des vampires. Elle aidera un des protagonistes lors d’un moment particulièrement tendu.

    Le Codex Barech :
    À l’affiche de cette saga, Adélaïde n’est pas le seul personnage/objet qui tire son épingle du jeu. Ce fameux grimoire aux écritures incompréhensibles des profanes participera aussi à la danse mortelle ! Moins dangereux que sa cousine, il n’en possède pas moins une âme et des buts qui lui sont propres…

    Akemi Himiko :
    Déjà présente dans Pornopolis – un autre récit-fleuve –, l’accorte kitsune s’est invitée – presque sans mon autorisation – dans les pages d’Adélaïde. Carrément immorale avec les humains, séductrice affable avec les vampires, elle entretient un rapport ambigu avec les faëries du fait de sa double nature. J’avoue qu’avec Ethel Arkady c’est l’un de mes personnages favoris, et je pense qu’elle reviendra régulièrement sous ma plume. Son apparition impromptue m’a permis d’explorer plus en profondeur son organisation maffieuse qui comporte d’innombrables corps de métiers et ramifications occultes.

    Adélaïde :
    L’épée au centre de tous ces événements. Elle possède ses différents porteurs, et le plus souvent, les corrompt, quoiqu’elle les rende immortelles. C’est une des rares « armes magiques » qui a survécu au passage des siècles, mais aussi une des pires…

    Le Puritain :
    Pasteur fanatique de la plus belle eau, celui qui s’affuble de ce nom est aussi le dernier porteur en date d’Adélaïde. De fait, il ne reste presque plus rien de sa première personnalité, remplacée par un violent délire religieux que l’épée a attisé…

    Mokr :
    Un orc qui se retrouvera mêlé à toute cette histoire en dépit de sa volonté. Plus intelligent que la moyenne de son espèce, il assistera Herbert Engellmann dans son voyage, glanant auprès de lui des bribes de connaissances magiques qui le métamorphoseront en un forgeron de talent…

    Herbert Engellmann :
    Un humain, pour une fois… et aussi le narrateur de toute la première partie, qui couvrira sa découverte du monde des faërie dans son enfance, jusqu’à sa rencontre avec Adélaïde qui lui coûtera son meilleur ami…

    Viridiana de Monterrey :
    Mais du coup, où se place Ethel Arkady dans cette histoire me direz-vous ? Eh bien, comme elle n’intervient que dans les premiers chapitres, soit même pas un quart de la narration, voilà qu’elle a été éjectée de la couverture ! En revanche, son absence a dirigé la lumière des projecteurs sur sa maman ! Aussi furieuse que sa progéniture, car « les chiens ne font pas des chats », elle recherche sa fille qui lui a été arrachée lors de l’attaque de l’armée américaine sur la ville mexicaine de Monterrey. Dans sa quête, Viridiana sera mêlée de prêt aux aventures d’Engellmann, lui servant à l’occasion de garde du corps en compagnie de Mokr. C’est le second  personnage à prendre, en quelque sorte, son « indépendance » au fil de l’écriture et autour duquel je réfléchis encore. J’aimerais composer d’autres histoires à son sujet, mais je me dis aussi que sa fille m’occupe déjà pas mal !

    lundi 10 juillet 2023

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Les Céruléens

     Après plus de six mois passés sur la couverture (garantie sans IA !) dont la colorisation m'aura explosé les orbites, quelques semaines d'ultimes révisions, j’ai enfin achevé les Céruléens. Cette histoire intervient juste après l'affaire du Vitallium, que j'ai aussi révisé dans la foulée.

    Malgré le fait qu’il s’agisse d’une aventure plus courte d’Ethel Arkady, le roman m’aura demandé plus d’efforts que je ne pensais lui en allouer. Au départ, cela devait être une récréation entre deux interminables sagas (Adélaïde & Pornopolis, toujours en court), mais j’ai bien cogité sur le sujet, risquant parfois ma santé mentale.

    À ce propos, je signale aux éventuels curieux qu’il vaut mieux être un lecteur mature pour aborder le roman. Et j’insiste à tel point sur le terme, que je demande à passer directement par ma pomme pour se le procurer.


     
     Extrait : 
    « Les têtes anonymes des étudiants qui l’observaient, installés derrière leurs pupitres se délectaient par anticipation d'assister à la mise au pilori de la retardataire. D’autres se ratatinaient, se racornissaient sur leurs fauteuils pour ne pas être choisis par la maîtresse. »

    dimanche 26 février 2023

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Les Céruléens - couverture 02 (avec Syzygy)

    Après une interminable gestation, j’en ai enfin fini avec la couverture des Céruléens, dont l’artiste Syzygy a réalisé le crayonné. J’avoue que je ne suis pas mécontent de cette illustration qui possède une ambiance bizarre due à son aspect allégorique. Je poste ici le récit avec et sans les titrages pour vous en donner une petite idée. Le roman me demandera encore un peu de travail avant d’être mis en vente, mais la fin se rapproche à grands pas.  

     

    Voici un court extrait du premier chapitre de cette nouvelle histoire :
     
    « À la terrasse d’un restaurant familial aux allures de chalet, Ethel Arkady dégustait une épaisse pièce de viande barbotant dans son hémoglobine. Elle admirait les nuages qui s'émiettaient en lamelles duveteuses contre les cimes sculptées en éperons tranchants. Le vent lui apportait un air hyalin qui dissipait les émanations de la ville, éveillant au creux de son ventre des élans de prédateur. La forêt de pins s'offrait à elle en un grand cirque et les ombres de la canopée lui susurraient à l'oreille la promesse de sanglantes courses. En plein songe de prochaines chasses haletantes, elle piqua une nouvelle bouchée. 

    Les lieux majestueux lui rappelaient ses innombrables pérégrinations entre le Wyoming et le Dakota, en d’autres temps. Par ricochet, cela éveillait en elle le souvenir de Josh Derringer. Elle était aveugle à l’époque de leur rencontre et seules ses mains avaient gravées les traits de son amant au bout de ses doigts. Hélas, ceux-ci s’évaporaient, avalés par le lent écoulement des décennies. 

    Elle s'était mise au vert dans la cabane de Rattle Snake, après les événements qui l’avaient conduite à fuir Los Angeles, pour se concentrer sur ce qu'elle souhaitait accomplir, maintenant qu'elle avait mené sa quête vengeresse à son terme. D’autres questionnements, plus angoissants, pointaient sous la surface de ses pensées. Cette présence qui la squattait, toujours à quelques encablures de sa conscience, un spectre mordoré qui ne se manifestait qu’à l’extrême limite de son champ de vision. Elle espérait capturer cette « entité » qui l’habitait et la dompter ! Peut-être que cette créature, quoi qu’elle soit, posséderait des réponses au sujet des régulières pertes de mémoire qui trouaient ses souvenirs ?

    Elle dilapidait son temps en balades interminables sur les cimes voisines, profitant d’un soleil clément pour s’offrir de longues siestes avant de redescendre à la nuit tombée. Parfois, elle accompagnait Rattle-Snake dans des parties de chasse intenses, lorsque la pleine lune agitait de manière trop insistante le loup en lui. Elle se dévêtait pour traquer avec lui un cerf-mulet, un wapiti ou un simple couple de lièvres à raquette. Les proies de bonne taille étaient l’occasion d’orgies sanglantes au cours desquelles les deux prédateurs glissaient dans un délire lubrique. L'âme sœur de Rattle, la hackeuse Erzé, ne se formalisait pas de ces étreintes, car il lui arrivait de s’acoquiner à la féline en de lascives caresses quand son compagnon partait pour ses travaux nocturnes. Ainsi, son séjour s’éternisait en un songe agréable, à l’abri de la civilisation humaine. Arkady apaisait son tourment entourée par des individus avec qui elle partageait une saine amoralité païenne.

    Picorant son assiette, elle attendait une vieille connaissance qui, quoique de sinistres mémoires, avait réussi l’exploit de la dénicher dans cette enclave. Arkady se demandait si elle ne devait pas féliciter sa mystérieuse correspondante avant de l'occire pour de bon. Elle avait presque achevé sa pièce de chair gargantuesque lorsqu’une ombre se pencha sur elle, la coupant dans sa contemplation des montagnes millénaires.

    Vêtue d’une veste d’aviateur en cuir et d’une casquette à l’effigie des Rockies du Colorado, la nouvelle venue avait troqué son ancienne canne-épée contre un automatique d'un calibre imposant, comme en attestait la bosse provoquée par le holster d’épaule. Seul indice de son allégeance au Dieu des humains, une minuscule croix d’argent reposait sur les globes de ses seins proéminents sertis dans une chemise blanche. Ses cheveux couleur de blé coulaient en une masse ondulante autour d'elle. Une mèche couverte de poussière, témoin de la sénescence qui la taraudait, en voisinait une seconde à sa gauche qui portait de discrets reflets céruléens. Elle dissimulait son regard de tueuse aguerrie derrière d’épaisses lunettes à verres miroirs qui dévoraient son visage avenant.

    Elle s’assit en face d’Arkady. Ses lèvres pâles, ornées de rides, esquissèrent un sourire de connivence. Les carreaux des lorgnons reproduisirent en dédoublés le mufle de la féline qui se léchait les babines de sa langue rêche, recueillant les ultimes gouttes de sang de son festin. La femme glissa son jean usé dans le fauteuil de bois grinçant, puis posa ses rangers militaires râpées jusqu'à la corde sur la table en signe de provocation. Elle croisa devant elle des mains ornées de mitaines de cuir clouté.

    — Ça va comme tu veux, Ark’ ?

    Arkady leva vers elle l’émeraude sertie dans son orbite droite. La gauche, dissimulée sous un chiffon crasseux, abritait une Pierre de Dragon, terrible artefact de pouvoir que la féline répugnait à utiliser. Elle lorgna un instant l’étrangère. »

    mercredi 9 novembre 2022

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis - Aux Bains ! - Teaser Final (by MakuZoku)

    Enfin, après une longue gestation voici un léger aperçu de la petite séquence BD qui s’insère dans la vaste intrique de Pornopolis, toujours réalisée par MakuZoku. C’est un plaisir sans prix de voir un univers sur lequel on travaille depuis plus de dix ans prendre vie.

    MakuZoku constituait une évidence pour cette scène complexe, dans laquelle la gestion de l’action était couplée à celle des sentiments contradictoires qui agitent nos deux duettistes. Je souhaitais que les « visages » des protagonistes de ce duel, qui s'achève sur une apothéose charnelle à forte teneur pornographique, soient un élément capital dans la mise en scène. D’où mon intérêt pour un style (sur)expressif.

    L’ensemble me plaît tellement que je sortirais un comics séparé du roman. D’autant plus que MakuZoku farfouillera encore dans le vif des tripes de la dangereuse féline.

     

    À propos de la couverture : Après quelques expériences plus ou moins réussies, nous avons choisi ces couleurs plutôt « pétantes » qui se rattachent d'une manière cinématographique à l’univers lovecraftiens, notamment via le film From Beyond de Stuart Gordon – qui apportait un zeste d’érotisme sadique dans la mythologie très chaste (en apparence) de l’écrivain – mais aussi la récente adaptation de la Couleur tombée du Ciel de Richard Stanley, dans laquelle la teinte magenta / cramoisie dévore peu à peu l’écran. Ces étranges nuances correspondaient donc bien à l’ambiance de Pornopolis, d’autant plus que les radiolaires et autres cnidaires disséminés dans les planches et le récit ne sont pas là que pour être décoratifs...







    Ethel Arkady prisonnière des vampires en 1929…  

    Akemi Himiko prisonnière des Tokugawa en 1580

    vendredi 8 juillet 2022

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Les Céruléens - couverture 01 (avec Syzygy)

    Une nouvelle Aventure d’Ethel Arkady est sur le point de voir le jour. Je vous propose donc un aperçut de la couverture. L’illustrateur Syzygy m’a aidé pour le crayonné, mais je m’occupe de l'encrage et de la couleur.

    Vu le sujet polémique de cette histoire, j’ai opté pour une approche allégorique plutôt qu'une pure représentation d'une scène du roman.

    Croquis de base.
     
    Crayonné de Syzygy

    Pendant l’encrage, j’ai transformé l’œil d’Arkady en un cristal, puisque à l’époque de ce récit, qui suit directement Vitallium25mg, elle n’a toujours pas retrouvé celui-ci. Comme j’écris Arkady de manière thématique et non chronologique, c’est parfois délicat pour les illustrateurs de se caler sur une représentation précise de la féline. Chacun à la sienne, ce qui me convient très bien, mais pour cette histoire, ce détail possède une certaine importance narrative.

    lundi 18 avril 2022

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis - L'inoculatrice (by ExpExp)

    Comme je planche toujours sur Pornopolis, j’ai confié l'illustration du premier chapitre au talentueux, mais très particulier EXP. qui, s’il s’aventure souvent dans l’humour trash, ne dédaigne pas les ornières de l’horreur. Un artiste idéal donc pour dépeindre l’intérieur de « l’inoculatrice » dans son style minimale…


    Brouillon

    dimanche 19 septembre 2021

    Les Aventure d'Ethel Arkady : Un Manteau d'Ecarlate sur une Neige Immaculée.

    Comme la publication de L’Œil & la Griffe demandera encore un certain temps – dû au fonctionnement en binôme qui ajoute un temps de latence variables pour les ultimes corrections –, j’ai achevé pendant ces vacances par l’édition numérique d’une nouvelle qui s'ajoutera sans problème au cycle.Pour l'occasion, j'ai même ressorti mes pinceaux de la poussière pour créer la couverture...

    Pour ce post de blog, je vous propose de lever le voile sur la manière dont je fonctionne au niveau de l’écriture. D’autant que cette nouvelle est un peu particulière, puisqu’il s’agissait à la base d’une commande pour compléter le sommaire d’une anthologie...

     Pitch :  

    Hiver 1875.
    Sur la piste d’Ethel Arkady, La Comtesse et ses compagnons chasseurs de prime échouent dans la petite bourgade de « Skinfolk Town ». Harassés par une interminable traque, les pistoleros interrogent les locaux dans l'espoir de mettre la main sur la hors-la-loi aveugle… et il semblerait que celle-ci ait établie ses quartiers dans une vieille tannerie abandonnée.

    Extrait :


    « L’annonce n’éveilla aucun intérêt chez les locaux. L’un des pistoleros s’emporta. Son visage blafard, mangé par une barbe hirsute et une imposante masse de cheveux envahie de poux, se décomposa en une grimace simiesque, révélant deux canines hypertrophiées. Ses doigts s’attardèrent près d’une paire de colts Dragoon dont la crosse en ivoire pointait hors des pans de son manteau. »

    Cliquez sur l'image pour acheter la nouvelle !

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    Je n’avais pas prévu de l’écrire, mais un éditeur (dont je tairai le nom) m’a envoyé un mail pour que je complète une anthologie consacrée au western.

    Ni une ni deux, je me penche sur ce projet en essayant d’additionner plusieurs idées qui s’intégreraient à l’univers de ma féline favorite. Que faire après le vaudou et les zombies des Esclaves de l’Or [1]?

    Et puis cette idée :

    D’où vient le pardessus écarlate d’Arkady ?

    Au départ c’était une réminiscence inconsciente d’Hellsing de Kouta Hirano et de Trigun de Yasuhiro Nightow, des œuvres qui m’auront parlé avec leur savoureux mélange de western, de fantastique et de science-fiction, portés par des personnages aussi charismatiques qu’ambigus, mais quid de cette couleur inhabituelle pour un manteau de cuir ?

    Et ça a fait « tilt » ! Arkady étant lancée sur la voie de la vengeance – dans la partie western de sa quête, tout au moins – pourquoi ne se confectionnerait-elle pas un pardessus en peau de vampires ? D’une part ça colle à son caractère jusqu’au-boutiste, d’autre part ça me permettait d’aborder l’univers de la tannerie dont la thématique cruelle se mêle bien à celle des chasseurs de primes, puisque ces deux corporations ont en commun la marchandisation du vivant…

    Une fois en possession de ce fil d’Ariane, le reste est venu tout seul : le vieux tanneur marqué par son métier, la petite équipe aux trousses d’Arkady et ses courtes retrouvailles avec Acht, un personnage qui prendra plus d’importance dans 100 cercueils[2]…

    J’ai effectué de rapides recherches – merci Internet – pour compléter le sujet. Il ne s’agit pas d’être exhaustif, mais de poser des bases, d’installer une forme de crédibilité minimale. Ainsi la tannerie au centre de cette histoire s’inspire d’une tannerie du XIXe siècle, bien que je confesse que le modèle que j’ai déniché soit français et non américain. Le fameux John Jacob Astor, que mentionne Doc Würger, a existé dans notre réalité véritable. Ce négociant né en 1763 et mort en 1848 est devenu le premier millionnaire américain en investissant dans l’opium, l’immobilier et les fourrures. Un margoulin de première, sans foi ni loi, qui bâtira une véritable dynastie de commerçants. Il avait toute sa place dans ce récit.

    Enfin, il me restait à trouver le ton. J’ai souvent mis Arkady en danger, voir parfois en position de victime, mais ici, je souhaitais changer de point de vue. Comme Arkady est une chasseuse de vampires émérites, je voulais la montrer dans une position de supériorité. J’ai donc inversé le postulat. Dans ce récit, elle endosse le rôle d’un Jason Vorhees au féminin qui traque ses proies de manière méthodique et implacable.

    La nouvelle obtenue tient autant du western-spaghetti que du slasher. Et je confesse que j’aime la saveur de ce panaché. J’ai éprouvé une réelle satisfaction à mettre en scène Arkady de cette manière. Même si dans ces grandes aventures, elle ne parvient à ses fins qu’au prix du sang versé, je n’exclus pas de la montrer à nouveau sous un jour plus « monstrueux ». Arkady est totalement amorale et si pour atteindre son but elle doit occire une centaine de bébés phoques, elle le fera, et en rigolant par-dessus le marché.

    Et l’édition dans tout ça ?

    Eh bien, à ce jour, je n’ai plus reçu la moindre nouvelle de l’éditeur. Même pas un mail de refus type. Rien, nada ! Sachant qu’un tel récit me demande six mois de travail, recherches et relectures incluses, vous comprendrez que je ne souhaite plus vraiment me plier à ce type d’exercice.

    Oh ! Bien sûr, j’enverrai les textes achevés en soumission spontanée, mais sans espoir démesuré. Le secteur s’est hyper-segmenté en micro-genres qui deviennent tous plus abscons les uns que les autres.


    Et j’avoue que, comme ma chère Arkady, je savoure à sa juste valeur une liberté de création totale et absolue.

    Et cela n’a pas de prix.

     ______________________________________________

    [1] - Je remercie au passage Tom Larret qui m'a gratifié de cette très belle critique pour ma précédente incursion dans le western sauce Arkady (Les Esclave de l'Or, donc...)


    [2] - Une histoire qu'il me reste à écrire, mais dont les plans et la préparation sont achevés. 

    dimanche 22 juillet 2018

    Dessin du Dimanche : L'Ordre Noir, découpage 02

    Suite de mon arlésienne : le découpage de ma BD en cours depuis plus de dix ans… Je crois que je vais enfin pouvoir achever une longue séquence d’action de plus de 30 pages… Une bonne manière de montrer les compétences d'Ethel Arkady en matière d’exécution de vampires... En attendant un résultat plus définitif, quelques recherches en cours. Bon dimanche à vous !
     


    Planche à refaire. La perte du collier protecteur...

    dimanche 15 juillet 2018

    Bibliothèque des Ombres : Kane : intégrale, vol.3/Karl Edward Wagner

    Ultime tome des aventures de Kane, où nous le retrouvons confrontés à des ennemis appartenant aux répertoires du Gothique (démons, vampire, loup-garou…) ce qui ne fait que confirmer les intentions de départ de K.E.Wagner d’épicer sa fantasy d’une bonne dose d’horreur. Conteur hors pair, l’auteur trouve souvent le moyen de nous embarquer dans des ambiances réussie, ce qui compense largement certaines faiblesses narratives. Cependant, le virage à 180° opéré dans les dernières nouvelles risque de prendre à revers la plupart des habitués aux récits de mécaniques de fantasy. Gare au choc ! Wagner bouleverse la donne en projetant Kane en plein dans les décadentes années 70…

    Éditeur : Gallimard
    Collection : Folio SF : Fantasy
    Traduit par Patrick Marcel
    714 p.

    Dernier recueil des aventures de Kane qui regroupe neuf nouvelles, un poème, le début d’un roman et un article de Wagner exposant les tenants et les aboutissants de sa création… Plus encore ici que dans les précédents volumes, Wagner s’emploiera à montrer les ravages du temps sur son personnage, jusqu’à un final surprenant resté – hélas – inachevé.

    — Le Nid du Corbeau.
    La jeune Klesst possède des yeux bleus hantés par la folie et pour cause : elle est née du viol de sa mère par Kane qui, en piteux état et pourchassé par les autorités de la région, va trouver refuge dans l’auberge de son ancienne victime… Une nouvelle qui revient sur l’ambivalence de Kane et les conséquences de ces actes. Wagner introduit une nouvelle variable dans son mythe avec la présence de Sathonis – Satan – auquel a été promise Klesst dans un souhait de vengeance. S’ensuivra une véritable quête pour Kane pour parvenir à sauver Klesst qui l’amènera à questionner son libre arbitre lors d’une joute verbale avec le seigneur-démon. Joli morceau atmosphérique en huis clos, peuplé de personnages tordus, nimbé d’un ton gothique, une orientation qui se confirmera durant tout ce troisième volume, Wagner abandonnant une fantasy plus classique pour verser avec encore plus d’assurance dans l'épouvante, évoquant au passage autant Edgar Allan Poe que les productions cinématographiques de la Hammer.

    — Réflexion pour l’hiver de mon âme.
    Cherchant à exterminer les derniers survivants de la secte de « La Croisade des Ténèbres », Kane est surpris par une tempête de neige. Obligé de se réfugier dans un château isolé, il devra s’accommoder d’un seigneur terrifié et d’un loup-garou en furie… Confirmant l’orientation horrifique de la saga, Wagner confronte cette fois son héros à un mythe de la littérature fantastique. La dénomination de « Gothique sous acide » convient à merveille à cette histoire qui dégage une brume d’angoisse et de folie exacerbée. Si l’identité du lycanthrope ne fait guère de doute pour le lecteur, l’énigme n’étant pas le point fort de Wagner, les tours et détours du récit s’avèrent souvent prenants et font de ce texte un des meilleurs de son auteur qui, à travers ses mélanges expérimentaux d’alchimistes, se détachent peu à peu de l’ombre de ses ainés.

    — La Froide Lumière.
    Gaéthaa, surnommé « le Croisé », est renommé pour détruire dans son sillage les « forces du mal » au nom de Dieu. Engageant la crème des mercenaires dans sa guerre sainte inextinguible, il prévoit d’éliminer Kane qui s’est retiré du monde dans une ville fantôme. Usant des méthodes les plus litigieuses pour parvenir à ses fins, Gaathéa attisera les braises du trouble dans l’esprit de son fidèle second, Alidore. Sans doute le chef-d’œuvre de ce volume ! Wagner nous fait partager les moments dépressifs de Kane, son vertige temporel qui ne cesse de le poursuivre, pour le confronter à une bande qui – sous couvert de morale – n’a rien à lui envier dans la rouerie et la brutalité. Il règne une imagerie de western dans ce texte, que ce soit dans l’emploi d'une ville en ruine, servant de toile de fond aux affrontements, ou dans le schéma de la lutte d'un héros isolé et mal en point face à une cohorte de mercenaires n’hésitant pas à molester et à violer les locaux pour parvenir à leurs fins. Alors qu’elle avait disparu, la thématique du fanatisme religieux remonte sur le devant de la scène avec une virulence renouvelée, les propos de Gaéthaa étant d'une rare violence tandis que Kane endosse malgré lui les oripeaux ambivalents d'un protecteur de la justice avec un certain panache.

    — Mirage.
    Dernière nouvelle à nous présenter un Kane dépressif, ce récit le confronte à une vampire qui ressuscite par nécromancie un royaume oublié pour l'attirer le maudit dans ses raies. Kane choisit de mettre à l’épreuve son invulnérabilité dans le creuset du vampirisme. Un texte qui vaut le détour ne serait-ce que par son travail sur les ambiances et un affrontement attendu. Insistant une fois de plus sur le fardeau de l’immortalité, Wagner s’emploie à décrire le spleen morbide de son héros lors d’une étincelante tentative de suicide dans un univers d’ombres.

    — L’autre.
    Kane parvient presque à se hisser sur le trône, sauf qu’il a omis un léger détail dans les religions locales… Un court récit qui croise les deux plus puissantes thématiques de Wagner d’une manière virtuose s'achevant sur un sacrifice absurde entraînant une réaction monstrueuse de Kane quelques siècles plus tard. Une des rares nouvelles qui repose sur une chute abrupte d'une logique imparable. Une pièce qui prouve qu’on peut tisser une fantasy passionnante en un minimum de mots tout en décochant un uppercut dans la face du lecteur. Brillant !

    — La Touche Gothique, Lacunes, Dans les tréfonds de l’entrepôt ACME, Tout d’abord juste un spectre.
    Les derniers textes du recueil amorcent un virage à cent-quatre-vingts degrés dans l’épopée de Kane. Après avoir subi sa malédiction, il prépare un plan d’action pour occire le Dieu qui l’a damné. En chemin, il croise les pas de l’albinos de Michaël Moorcock dans un court récit décousu et anecdotique dans sa conclusion, puis il débarque dans notre 20e siècle dans lequel il joue le rôle d’un bon petit diable, expérimentant sur ses contemporains des super-drogues aux effets aussi incongrus qu'atroce ou des sex-toys très particuliers... quand il ne se bat pas en duel avec sa fille Klesst contre Sathonis pour la possession de l’âme d’un écrivain… Effectuant un virage stylistique, Wagner se rit des attentes du lecteur pour diriger la saga de Kane vers son apothéose – qui ne sera jamais rédigée – dans un débordement de langage cru, de séquences érotiques et d’éthylisme forcené. L’ensemble des quatre nouvelles devait aboutir à un final exposant le plan complexe de Kane pour en finir avec Dieu. L’inachèvement de cette épopée nous laisse avec une kyrielle de points d’interrogation. Reste que ces textes dans lesquels Kane endosse un costume de biker décontracté demeurent jouissifs. En abandonnant le passé nébuleux de Kane pour notre monde, Wagner questionne la notion de « fantasy » pour l’installer dans notre époque contemporaine.

    Outre la première version de « Lynortis », le cycle se conclut par un fragment de roman : « Dans le Sillage de la Nuit » dont le prologue revenait vers une aventure plus caractéristique de Kane, celui-ci devant se confronter a un vaisseau extraterrestre crashé sur une plage. L’article « Kane passé et à venir » permet à l’auteur de disserter sur les rouages ayant abouti à la création de son personnage et aux grandes thématiques qu’il explore. Un texte passionnant pour tous ceux qui s'intéressent à l’écriture et à ses processus.

    Immense fresque de Fantasy, Kane s’impose dans la fantasy en nimbant sa prose d’une pincée d’horreur mais surtout – par-delà ses fulgurances sanglantes – dans l’exploitation d’un vertige temporel omniprésent. Si le « Dieu fou » qui a maudit Kane existe bien pour celui-ci, Wagner ne le définit jamais et les religions ne paraissent être pour lui que des illusions, quand il ne s’agit pas d’instruments employés pour contrôler les hommes afin de mieux les sacrifier sur l’autel d’intérêts cupides. En refusant tout manichéisme et toutes obédiences, Wagner nous met en face d’un personnage atypique au sein de ce genre codifié, un héros irrévérencieux qui se mue en une allégorie de la liberté dans ce qu’elle possède de plus ambigu.

    vendredi 16 février 2018

    Bibliothèque des Ombres : Silver/Stephan Franck (in Psychovision)

    Encore un ouvrage qui exploite à fond les ballons la mouvance « pulp », laquelle n'en finit pas d'être recyclé dans la culture populaire contemporaine. Ces hybridations accouchent souvent d'œuvres mort-nées ou la déférence compulsive le dispute au fan service le plus putassier, mais parfois cela aboutit à de solides séries B rondement menées par des auteurs qui ont une vision et une parfaite connaissance de leurs sujets, ce qui est le cas dans ce très fréquentable comics.

    http://www.psychovision.net/bd/critiques/fiche/791-silver-1
    
    Une case splash régit par le "nombre d'or"...
    ...ainsi qu'une héroïne pas commode, ingrédients d'un comics oscillant
    entre modernité et respect d'une certaine tradition picturale...

    dimanche 26 novembre 2017

    Cinoche B comme Bon... : Offscreen 2017 : Cannibales et Contes de Fées

    Apparu en marge du Festival Fantastique de Bruxelles, l’Offscreen dépoussière des pelloches rares et/ou peu connues du grand public. Une occasion donc pour s’abreuver à une autre source que celle des distributeurs classiques des multiplexes et de déguster des cinémas différents, de nous secouer dans nos habitudes audiovisuelles. La programmation – touffus comprenant autant des nouveautés que moult rétrospectives – ne m’a pas permis d’assister à toutes les projections, néanmoins j’ai pu découvrir quelques perles…



    1. Grave de Julia Ducornau (2017).



    L’œuvre d'ouverture de ce festival et en même temps la bête à hype du moment est-elle la hauteur de sa flatteuse réputation ? Pour ma part, je n’ai pas accroché à ce timide délire cannibale, la réalisatrice se refusant toute exagération propre à ce style de cinéma. Si la première demi-heure bien sociétale sur les bizutages en école supérieure de médecine annonce une ambiance anxiogène à base de rituels stupides, le reste demeure convenu, voire assez chiant.

    Comme c’est trop souvent le cas quand les français s’essaient au cinéma « de genre », la cinéaste se contemple en train filmer. C’est appliqué, parfois réussi, mais en général assez plat. La faute peut-être à un parti-pris graphique très faible – on est loin des décadrages, des focales déformantes, de l’emploi ingénieux du hors-champs et autres astuces qui font parties de la panoplie du réalisateur d’horreur – ce qui donne une consistance atonale à l’ensemble. Oui, c’est trash et vulgaire, mais cela ne suffit pas à transcender son sujet qui n’est qu’effleuré.

    La réalisatrice préfère perdre son temps à nous dépeindre les beuveries estudiantines dans toutes leurs décadences, échouant systématiquement à les utiliser pour nourrir son propos. Tous les acteurs mâchent leurs mots – une désagréable manie des dialogues « réaliste » qui plombe le cinéma « d’auteur » français – tant et si bien que je n’ai compris certains échanges qu’en lisant les sous-titres néerlandais. Le scénario ne décolle que vers la fin et la toute dernière image aurait pu servir d’incident déclencheur et nous emmener dans un autre film, plus perturbant.

    Une œuvre auteurisante, dans le mauvais du terme, qui a de plus à une fâcheuse tendance au fétichisme gratuit. Une projection dispensable, et ce n’est pas parce que c’est estampillé « de genre » et « réaliser par une femme » que cela en fait une merveille. En ce qui me concerne, dans un registre similaire, le Vorace d’Antonia Bird n’a pas encore trouvé d’équivalent dans l’excellence.

    2. La Belle et la Bête de Juraj Herz (1978).


    La rétrospective conte de fée tchèque m’aura permis de redécouvrir des adaptations de classiques pour le moins surprenantes, stylisées, souvent faites de bric et de broc, mais suffisamment audacieuses pour que l’absence de budget soit palliée par une inventivité de tous les instants. Cette version de la Belle et la Bête est une bonne entrée en matière, introduite par un préambule du réalisateur lui-même. Le recours à la fantasy n’a rien d’étonnant dans le contexte politique communiste de la Tchéquie de l’époque, la censure idéologique demeurant assez forte. Pourtant, les quelques échantillons de ce cinéma présentés à l’occasion de ce festival ont conservé une puissance d’évocation peu commune.

    Si le genre horrifique n’était pas permis, Juraj Herz se sera servi des contes pour laisser libre cours à ses envies de fantastiques et d’épouvante, conférant une aura maléfique au récit de Madame Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. Oubliez donc la mièvre Bête de l’oncle Walt, car la première demi-heure décrit un monstre impitoyable. Dans une forêt toujours enveloppée de brume, la « Bête » — d’abord filmé comme un tueur en série de slasher, souffle et caméra subjective incluse — fond sur une caravane de marchands en un enchaînement d'attaques mortelles. La créature, un mélange d’homme et d’oiseau de proie, ne plaisante pas et ceux qui entrent dans son territoire le paient au prix de leurs vies.

    Mais la Bête ne serait pas grand-chose sans un décor à sa démesure. Le château déliquescent qui renvoie à une noblesse en fin de règne, évoque plus la Maison de Usher et E.A. Poe que les fanfreluches que l’on appose volontiers à ce conte romantique. Peuplée d’anciennes statues inquiétantes, de serviteurs mutiques constitués de suie et de marécages méphitiques, la demeure de la Bête n’eût certes pas déplu au Dracula de la Hammer. D’autant que le réalisateur joue dès qu'il le peut avec les zones d’ombre et le hors champ (coucou Grave…) pour instaurer une atmosphère de cauchemar. Idée originale : la déformation en Bête, en partie inexpliquée, semble provenir d’une malédiction ancestrale se transmettant de génération en génération ainsi que le suggère une série de portraits.

    Si l’histoire d’amour demeure convenue, fleuretant avec le ridicule le plus achevé, c’est qu’elle n’intéresse pas Juraj Herz que l’on sent plus impliquée dans la création d’une ambiance ténébreuse et dont les nombreux effets de style saisissant n’ont rien à envier aux films gothiques de Mario Bava. Malgré ses faiblesses, en partie imputable aux conventions du genre, cette adaptation conserve une aura aussi fascinante que la version de Jean Cocteau.


    3. La Petite Sirène de Karel Kachyna (1976).


    Cette œuvre pousse la bizarrerie un cran plus loin par un procédé esthétique simple et efficace. Ne possédant pas les moyens pour un tournage en milieu sous-marin, le réalisateur a décidé de se passer d’eau. Ainsi les acteurs évoluent-ils dans une faille, illuminée par un complexe système d’éclairage bleutée. Les mouvements lents, quasi hypnotiques qu’ils doivent exécuter pour bouger sont accentués par des costumes céruléens au tissu lourd. Ce dispositif achève de poser sur l’ensemble une ambiance onirique qui sied à merveille à ce conte.

    Plus proche de la version d’Andersen que de celle de l’oncle Disney, le film dégage une impression prononcée de mélancolie et de déréliction. Une curiosité à voir pour son travail sur les couleurs, ses décors et sa mise en œuvre très particulière qui – avec pas grand-chose – parvient à nous emmener dans un autre monde.


    3. La Bête de Walerian Borowczyk (1975).
     


    Longtemps victime des foudres de la censure, cette bizarrerie a été récemment rééditée sur galette numérique, depuis la rétrospective consacrée au réalisateur par le centre Pompidou. Variation érotique de La Belle et la Bête, le film s’ouvre sur une situation vaudevillesque au possible : un châtelain désargenté tente de sauvegarder son domaine en mariant son fils à une riche américaine. Pour être valable, la cérémonie doit être célébrée par un Cardinal, et dans un temps imparti. C'est donc un groupe de personnages, tous plus cupides les uns que les autres, qui se retrouvent à attendre Godot.

    Sauf que cette introduction n’est qu’un prétexte élaboré pour préparer le morceau de bravoure. Car en s’ouvrant sur des gros plans de sexe de chevaux à l’occasion d’une sailli, le réalisateur nous vend assez vite la mèche. Son propos tournera autour de nos rapports contrariés avec le sexe et notre inconscient pulsionnel. Et le conte éponyme dans tout cela ? Il intervient lorsque ladite fiancée – un peu niaise – découvre une étrange légende locale et commence à fantasmer sur les exploits de son héroïne qui aura tenu en respect une fameuse « Bête »… Le film éclate en une séquence hallucinante dans laquelle une jeune châtelaine est poursuivie puis prise de force par un loup-garou priapique. Si les effets de la créature demeurent sommaires, il faut avouer que la scène reste d’une efficacité assez troublante. D’autant qu'elle dure, s'allonge excessivement, accompagnée par une sonate pour clavecin répétitive...

    En effectuant des ponts par le biais du montage entre le songe et la réalité, usant d’une certaine forme de pensée magique, ce film ne cesse de s’adresser à notre inconscient – peut-être la fameuse « Bête »… 



    4. The Cat who wore Sunglass de Vojtech Jasny (1963)


    Une petite ville de la province de Tchécoslovaquie accueil une bande de saltimbanques comportant dans leurs rangs un magicien volubile, mais surtout un certain chat portant des lunettes de soleil. Le félin possède un pouvoir : son regard révèle la nature des gens qu’ils fixent, les teintant d’une couleur symbolique. Ceux que le sortilège touche ne peuvent pas s’empêcher de danser et de se perdre dans une folle sarabande.

    Fable sur le communisme, avec ses mesquins délateurs zélés qui se retrouvent soudain exposés, comédie enfantine et musicale, ce film c’est un peu de tout cela à la fois. La photographie et la mise inventive finisse par emporter l’adhésion et ce sont surtout les morceaux d'anthologie comme le spectacle de magie ou les scènes pendant lesquelles le chat révèle la « nature » de chacun qu’explose la créativité des artisans tchèques.

    Si tout cela s’avère assez léger – quoique la parabole soit tout à fait applicable à notre économie capitaliste –, ce n’en est pas moins un plaisir pour les yeux, d’autant que les acteurs s’y adonnent avec un vrai entrain, en particulier les gamins qui sonnent souvent juste.


    5. Valerie and her Week of Wonder de Jaromil Jires (1970)


    Le jour de ses premières règles, la jeune Valérie bascule dans un monde menaçant dans lequel la guette un étrange vampire qui ressemble à son père.

    Comme dans énormément films présentés dans cette rétrospective la mise en scène et le jeu des lumières flattent les yeux et l’on sent que les artisans ont l’habitude de créer des enchantements avec pas grand-chose sous la main. Il n’y a pas un photogramme qui ne soit pensé et composé avec soin. En revanche, il n’en est pas de même pour le scénario.

    Décousu à l’extrême, mais surtout incroyablement malsain vis-à-vis de sa juvénile héroïne exposé de manière un peu trop équivoque, cette œuvre prête le flanc à une critique virulente. Car si l’on aurait pu avec un pareil canevas obtenir quelque chose de fantastique, les trop nombreux moments de gêne, même pas justifié par une idée narrative, plombent l’ensemble.

    À la limite du fétichisme pédophile, Valérie… ne parvient pas à combler son ambigüité morale complaisante par une légitimation scénaristique, nous laissant avec un arrière-goût nauséabond dans la bouche.