Après un assez long hiatus, presque 11 ans tout de même, je retrouve le dessinateur Horlod pour ce qui sera une des dernières illustrations du premier tome de Pornopolis, lequel s’achève tout doucement. Étant donnée la nature… mature du sujet, je ne montrerai pas l'image en entier sur ce blog, mais il faudra la chercher chez son jumeau maléfique, bien plus salé ! Vous êtes prévenus ! J’ajoute que m'associer pour un moment avec celui qui fut un des premiers créateurs d’Ethel Arkady, une sorte de retour aux sources pour ma féline, quoiqu’elle ait un peu changé avec les années, me met en joie ! Après tout, elle a bien grandi et elle entre dans sa glorieuse majorité !
vendredi 18 juillet 2025
Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis : Arkady & Hanzo
mardi 15 avril 2025
Starter Pack : Ethel Arkady !
En ce moment, je présente mes créations au Festival Fantastique de Bruxelles, ce qui fait que j'ai largement le temps de dessiner.
Mais je suis aussi tombé sur les derniers simulacres de Lia générative qui ont littéralement inondé les réseaux. Et bon… Voilà, en attendant d'éventuels amateurs de fantasy bizarroïdes et de romans gore, je me suis amusé avec cette mode pour faire… Disons pour présenter Ethel Arkady d'une autre manière. Sauf que moi, je n'ai pas utilisé un algorithme !
Parce qu'un jour je me sortirai les doigts du fion pour exprimer tout le bien que je pense de cette technologie… Même si mon avis ne doit pas être un grand mystère si vous me lisez….
jeudi 11 juillet 2024
Les Aventures d'Ethel Arkady : Adélaïde : le journal d'Herbert Engellmann
Cela a demandé un moment, et j’avoue que grand était mon empressement de voir l’œuvre achevée, mais la patience a payé : je suis maintenant à même de vous dévoiler la couverture – sans les titrages – de mon nouveau roman : Adélaïde !
D’une ambition un peu folle, je le concède, cette quête creuse en profondeur le monde chaotique d’Ethel Arkady. Dans ce récit, on suit quatre narrations éclatées autant dans le temps que dans l’espace – bien qu’une notable partie se déroule à New York et Baltimore pendant la guerre de Sécession américaine – qui sont toutes unies par un « personnage » particulier : Adélaïde, une épée de cristal qui a traversé les siècles, passant de mains en mains en laissant derrière elle une traînée sanguinolente de carnage. La synchronicité aidant, elle réapparaît donc durant les périodes troubles… Et Ethel Arkady croisera son chemin…
Voilà pour l’idée de départ. MakuZoku a eu la patience de lire tout le texte – plus de 600 p. tout de même avant de se lancer dans son illustration, un magnifique tableau qui rassemble les principaux protagonistes que vous accompagnerez dans cette longue saga. Après sa couverture de l’Œil & la Griffe, je suis un auteur comblé par ces visions de mon récite enluminé par un style expressionniste qui rend justice aux différents personnages. Je le remercie encore pour son indulgence à mon égard, mais aussi son talent qui donne chair à mes mots ! C’est un rare privilège que de travailler avec un tel artiste.
Je profite d’ailleurs de l’occasion pour vous présenter vous les personnages. Ce sont des infréquentables, comme il se doit dans mes fiction, mais je suis sûre que vous les apprécierez…
Pieters Minuit :
Cet ancien vampire puissant rôde autour d’Adélaïde pour l’utiliser à son avantage, quoiqu’il préfère toujours agir par l’intermédiaire de complices qu’il n’hésite jamais à sacrifier dans son complexe jeu d’échecs. Il a aussi initié Akemi Himiko au vampirisme en un baptême traumatisant.
Viravea :
Cette effrayante faërie se nourrit des vampires. Elle aidera un des protagonistes lors d’un moment particulièrement tendu.
Le Codex Barech :
À l’affiche de cette saga, Adélaïde n’est pas le seul personnage/objet qui tire son épingle du jeu. Ce fameux grimoire aux écritures incompréhensibles des profanes participera aussi à la danse mortelle ! Moins dangereux que sa cousine, il n’en possède pas moins une âme et des buts qui lui sont propres…
Akemi Himiko :
Déjà présente dans Pornopolis – un autre récit-fleuve –, l’accorte kitsune s’est invitée – presque sans mon autorisation – dans les pages d’Adélaïde.
Carrément immorale avec les humains, séductrice affable avec les
vampires, elle entretient un rapport ambigu avec les faëries du fait de
sa double nature. J’avoue qu’avec Ethel Arkady c’est l’un de mes
personnages favoris, et je pense qu’elle reviendra régulièrement sous ma
plume. Son apparition impromptue m’a permis d’explorer plus
en profondeur son organisation maffieuse qui comporte d’innombrables
corps de métiers et ramifications occultes.
L’épée au centre de tous ces événements. Elle possède ses différents porteurs, et le plus souvent, les corrompt, quoiqu’elle les rende immortelles. C’est une des rares « armes magiques » qui a survécu au passage des siècles, mais aussi une des pires…
Le Puritain :
Pasteur fanatique de la plus belle eau, celui qui s’affuble de ce nom est aussi le dernier porteur en date d’Adélaïde. De fait, il ne reste presque plus rien de sa première personnalité, remplacée par un violent délire religieux que l’épée a attisé…
Mokr :
Un orc qui se retrouvera mêlé à toute cette histoire en dépit de sa volonté. Plus intelligent que la moyenne de son espèce, il assistera Herbert Engellmann dans son voyage, glanant auprès de lui des bribes de connaissances magiques qui le métamorphoseront en un forgeron de talent…
Herbert Engellmann :
Un humain, pour une fois… et aussi le narrateur de toute la première partie, qui couvrira sa découverte du monde des faërie dans son enfance, jusqu’à sa rencontre avec Adélaïde qui lui coûtera son meilleur ami…
Viridiana de Monterrey :
Mais du coup, où se place Ethel Arkady dans cette histoire me direz-vous ? Eh bien, comme elle n’intervient que dans les premiers chapitres, soit même pas un quart de la narration, voilà qu’elle a été éjectée de la couverture ! En revanche, son absence a dirigé la lumière des projecteurs sur sa maman ! Aussi furieuse que sa progéniture, car « les chiens ne font pas des chats », elle recherche sa fille qui lui a été arrachée lors de l’attaque de l’armée américaine sur la ville mexicaine de Monterrey. Dans sa quête, Viridiana sera mêlée de prêt aux aventures d’Engellmann, lui servant à l’occasion de garde du corps en compagnie de Mokr. C’est le second personnage à prendre, en quelque sorte, son « indépendance » au fil de l’écriture et autour duquel je réfléchis encore. J’aimerais composer d’autres histoires à son sujet, mais je me dis aussi que sa fille m’occupe déjà pas mal !
lundi 10 juillet 2023
Les Aventures d'Ethel Arkady : Les Céruléens
Après plus de six mois passés sur la couverture (garantie sans IA !) dont la colorisation m'aura explosé les orbites, quelques semaines d'ultimes révisions, j’ai enfin achevé les Céruléens. Cette histoire intervient juste après l'affaire du Vitallium, que j'ai aussi révisé dans la foulée.
Malgré le fait qu’il s’agisse d’une aventure plus courte d’Ethel Arkady, le roman m’aura demandé plus d’efforts que je ne pensais lui en allouer. Au départ, cela devait être une récréation entre deux interminables sagas (Adélaïde & Pornopolis, toujours en court), mais j’ai bien cogité sur le sujet, risquant parfois ma santé mentale.
À ce propos, je signale aux éventuels curieux qu’il vaut mieux être un lecteur mature pour aborder le roman. Et j’insiste à tel point sur le terme, que je demande à passer directement par ma pomme pour se le procurer.
dimanche 26 février 2023
Les Aventures d'Ethel Arkady : Les Céruléens - couverture 02 (avec Syzygy)
Après une interminable gestation, j’en ai enfin fini avec la couverture des Céruléens, dont l’artiste Syzygy a réalisé le crayonné. J’avoue que je ne suis pas mécontent de cette illustration qui possède une ambiance bizarre due à son aspect allégorique. Je poste ici le récit avec et sans les titrages pour vous en donner une petite idée. Le roman me demandera encore un peu de travail avant d’être mis en vente, mais la fin se rapproche à grands pas.
Les lieux majestueux lui rappelaient ses innombrables pérégrinations entre le Wyoming et le Dakota, en d’autres temps. Par ricochet, cela éveillait en elle le souvenir de Josh Derringer. Elle était aveugle à l’époque de leur rencontre et seules ses mains avaient gravées les traits de son amant au bout de ses doigts. Hélas, ceux-ci s’évaporaient, avalés par le lent écoulement des décennies.
Elle s'était mise au vert dans la cabane de Rattle Snake, après les événements qui l’avaient conduite à fuir Los Angeles, pour se concentrer sur ce qu'elle souhaitait accomplir, maintenant qu'elle avait mené sa quête vengeresse à son terme. D’autres questionnements, plus angoissants, pointaient sous la surface de ses pensées. Cette présence qui la squattait, toujours à quelques encablures de sa conscience, un spectre mordoré qui ne se manifestait qu’à l’extrême limite de son champ de vision. Elle espérait capturer cette « entité » qui l’habitait et la dompter ! Peut-être que cette créature, quoi qu’elle soit, posséderait des réponses au sujet des régulières pertes de mémoire qui trouaient ses souvenirs ?
Elle dilapidait son temps en balades interminables sur les cimes voisines, profitant d’un soleil clément pour s’offrir de longues siestes avant de redescendre à la nuit tombée. Parfois, elle accompagnait Rattle-Snake dans des parties de chasse intenses, lorsque la pleine lune agitait de manière trop insistante le loup en lui. Elle se dévêtait pour traquer avec lui un cerf-mulet, un wapiti ou un simple couple de lièvres à raquette. Les proies de bonne taille étaient l’occasion d’orgies sanglantes au cours desquelles les deux prédateurs glissaient dans un délire lubrique. L'âme sœur de Rattle, la hackeuse Erzé, ne se formalisait pas de ces étreintes, car il lui arrivait de s’acoquiner à la féline en de lascives caresses quand son compagnon partait pour ses travaux nocturnes. Ainsi, son séjour s’éternisait en un songe agréable, à l’abri de la civilisation humaine. Arkady apaisait son tourment entourée par des individus avec qui elle partageait une saine amoralité païenne.
Picorant son assiette, elle attendait une vieille connaissance qui, quoique de sinistres mémoires, avait réussi l’exploit de la dénicher dans cette enclave. Arkady se demandait si elle ne devait pas féliciter sa mystérieuse correspondante avant de l'occire pour de bon. Elle avait presque achevé sa pièce de chair gargantuesque lorsqu’une ombre se pencha sur elle, la coupant dans sa contemplation des montagnes millénaires.
Vêtue d’une veste d’aviateur en cuir et d’une casquette à l’effigie des Rockies du Colorado, la nouvelle venue avait troqué son ancienne canne-épée contre un automatique d'un calibre imposant, comme en attestait la bosse provoquée par le holster d’épaule. Seul indice de son allégeance au Dieu des humains, une minuscule croix d’argent reposait sur les globes de ses seins proéminents sertis dans une chemise blanche. Ses cheveux couleur de blé coulaient en une masse ondulante autour d'elle. Une mèche couverte de poussière, témoin de la sénescence qui la taraudait, en voisinait une seconde à sa gauche qui portait de discrets reflets céruléens. Elle dissimulait son regard de tueuse aguerrie derrière d’épaisses lunettes à verres miroirs qui dévoraient son visage avenant.
Elle s’assit en face d’Arkady. Ses lèvres pâles, ornées de rides, esquissèrent un sourire de connivence. Les carreaux des lorgnons reproduisirent en dédoublés le mufle de la féline qui se léchait les babines de sa langue rêche, recueillant les ultimes gouttes de sang de son festin. La femme glissa son jean usé dans le fauteuil de bois grinçant, puis posa ses rangers militaires râpées jusqu'à la corde sur la table en signe de provocation. Elle croisa devant elle des mains ornées de mitaines de cuir clouté.
— Ça va comme tu veux, Ark’ ?
Arkady leva vers elle l’émeraude sertie dans son orbite droite. La gauche, dissimulée sous un chiffon crasseux, abritait une Pierre de Dragon, terrible artefact de pouvoir que la féline répugnait à utiliser. Elle lorgna un instant l’étrangère. »
mercredi 9 novembre 2022
Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis - Aux Bains ! - Teaser Final (by MakuZoku)
Enfin, après une longue gestation voici un léger aperçu de la petite séquence BD qui s’insère dans la vaste intrique de Pornopolis, toujours réalisée par MakuZoku. C’est un plaisir sans prix de voir un univers sur lequel on travaille depuis plus de dix ans prendre vie.
MakuZoku constituait une évidence pour cette scène complexe, dans laquelle la gestion de l’action était couplée à celle des sentiments contradictoires qui agitent nos deux duettistes. Je souhaitais que les « visages » des protagonistes de ce duel, qui s'achève sur une apothéose charnelle à forte teneur pornographique, soient un élément capital dans la mise en scène. D’où mon intérêt pour un style (sur)expressif.
L’ensemble me plaît tellement que je sortirais un comics séparé du roman. D’autant plus que MakuZoku farfouillera encore dans le vif des tripes de la dangereuse féline.
À propos de la couverture : Après quelques expériences plus ou moins réussies, nous avons choisi ces couleurs plutôt « pétantes » qui se rattachent d'une manière cinématographique à l’univers lovecraftiens, notamment via le film From Beyond de Stuart Gordon – qui apportait un zeste d’érotisme sadique dans la mythologie très chaste (en apparence) de l’écrivain – mais aussi la récente adaptation de la Couleur tombée du Ciel de Richard Stanley, dans laquelle la teinte magenta / cramoisie dévore peu à peu l’écran. Ces étranges nuances correspondaient donc bien à l’ambiance de Pornopolis, d’autant plus que les radiolaires et autres cnidaires disséminés dans les planches et le récit ne sont pas là que pour être décoratifs...
![]() | |
Ethel Arkady prisonnière des vampires en 1929… |
![]() |
Akemi Himiko prisonnière des Tokugawa en 1580 |
vendredi 8 juillet 2022
Les Aventures d'Ethel Arkady : Les Céruléens - couverture 01 (avec Syzygy)
Une nouvelle Aventure d’Ethel Arkady est sur le point de voir le jour. Je vous propose donc un aperçut de la couverture. L’illustrateur Syzygy m’a aidé pour le crayonné, mais je m’occupe de l'encrage et de la couleur.
Vu le sujet polémique de cette histoire, j’ai opté pour une approche allégorique plutôt qu'une pure représentation d'une scène du roman.
![]() |
Croquis de base. |
![]() |
Crayonné de Syzygy |
Pendant l’encrage, j’ai transformé l’œil d’Arkady en un cristal, puisque à l’époque de ce récit, qui suit directement Vitallium25mg, elle n’a toujours pas retrouvé celui-ci. Comme j’écris Arkady de manière thématique et non chronologique, c’est parfois délicat pour les illustrateurs de se caler sur une représentation précise de la féline. Chacun à la sienne, ce qui me convient très bien, mais pour cette histoire, ce détail possède une certaine importance narrative.
lundi 18 avril 2022
Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis - L'inoculatrice (by ExpExp)
Comme je planche toujours sur Pornopolis, j’ai confié l'illustration du premier chapitre au talentueux, mais très particulier EXP. qui, s’il s’aventure souvent dans l’humour trash, ne dédaigne pas les ornières de l’horreur. Un artiste idéal donc pour dépeindre l’intérieur de « l’inoculatrice » dans son style minimale…
![]() |
Brouillon |
dimanche 19 septembre 2021
Les Aventure d'Ethel Arkady : Un Manteau d'Ecarlate sur une Neige Immaculée.
Comme la publication de L’Œil & la Griffe demandera encore un
certain temps – dû au fonctionnement en binôme qui ajoute un temps de latence variables pour les ultimes corrections –, j’ai
achevé pendant ces vacances par l’édition numérique d’une nouvelle qui
s'ajoutera sans problème au cycle.Pour l'occasion, j'ai même ressorti mes pinceaux de la poussière pour créer la couverture...
Pour ce post de blog, je vous propose de lever le voile sur la manière dont je fonctionne au niveau de l’écriture. D’autant que cette nouvelle est un peu particulière, puisqu’il s’agissait à la base d’une commande pour compléter le sommaire d’une anthologie...
Pitch :
Hiver 1875.
Sur la piste d’Ethel Arkady, La Comtesse et ses compagnons chasseurs de prime échouent dans la petite bourgade de « Skinfolk Town ». Harassés par une interminable traque, les pistoleros interrogent les locaux dans l'espoir de mettre la main sur la hors-la-loi aveugle… et il semblerait que celle-ci ait établie ses quartiers dans une vieille tannerie abandonnée.
Extrait :
« L’annonce n’éveilla aucun intérêt chez les locaux. L’un des pistoleros s’emporta. Son visage blafard, mangé par une barbe hirsute et une imposante masse de cheveux envahie de poux, se décomposa en une grimace simiesque, révélant deux canines hypertrophiées. Ses doigts s’attardèrent près d’une paire de colts Dragoon dont la crosse en ivoire pointait hors des pans de son manteau. »
![]() |
Cliquez sur l'image pour acheter la nouvelle ! |
______________________________________________
Je n’avais pas prévu de l’écrire, mais un éditeur (dont je tairai le nom) m’a envoyé un mail pour que je complète une anthologie consacrée au western.
Ni une ni deux, je me penche sur ce projet en essayant d’additionner plusieurs idées qui s’intégreraient à l’univers de ma féline favorite. Que faire après le vaudou et les zombies des Esclaves de l’Or [1]?
Et puis cette idée :
D’où vient le pardessus écarlate d’Arkady ?
Au départ c’était une réminiscence inconsciente d’Hellsing de Kouta Hirano et de Trigun de Yasuhiro Nightow, des œuvres qui m’auront parlé avec leur savoureux mélange de western, de fantastique et de science-fiction, portés par des personnages aussi charismatiques qu’ambigus, mais quid de cette couleur inhabituelle pour un manteau de cuir ?
Et ça a fait « tilt » ! Arkady étant lancée sur la voie de la vengeance – dans la partie western de sa quête, tout au moins – pourquoi ne se confectionnerait-elle pas un pardessus en peau de vampires ? D’une part ça colle à son caractère jusqu’au-boutiste, d’autre part ça me permettait d’aborder l’univers de la tannerie dont la thématique cruelle se mêle bien à celle des chasseurs de primes, puisque ces deux corporations ont en commun la marchandisation du vivant…
Une fois en possession de ce fil d’Ariane, le reste est venu tout seul : le vieux tanneur marqué par son métier, la petite équipe aux trousses d’Arkady et ses courtes retrouvailles avec Acht, un personnage qui prendra plus d’importance dans 100 cercueils[2]…
J’ai effectué de rapides recherches – merci Internet – pour compléter le sujet. Il ne s’agit pas d’être exhaustif, mais de poser des bases, d’installer une forme de crédibilité minimale. Ainsi la tannerie au centre de cette histoire s’inspire d’une tannerie du XIXe siècle, bien que je confesse que le modèle que j’ai déniché soit français et non américain. Le fameux John Jacob Astor, que mentionne Doc Würger, a existé dans notre réalité véritable. Ce négociant né en 1763 et mort en 1848 est devenu le premier millionnaire américain en investissant dans l’opium, l’immobilier et les fourrures. Un margoulin de première, sans foi ni loi, qui bâtira une véritable dynastie de commerçants. Il avait toute sa place dans ce récit.
Enfin, il me restait à trouver le ton. J’ai souvent mis Arkady en danger, voir parfois en position de victime, mais ici, je souhaitais changer de point de vue. Comme Arkady est une chasseuse de vampires émérites, je voulais la montrer dans une position de supériorité. J’ai donc inversé le postulat. Dans ce récit, elle endosse le rôle d’un Jason Vorhees au féminin qui traque ses proies de manière méthodique et implacable.
La nouvelle obtenue tient autant du western-spaghetti que du slasher. Et je confesse que j’aime la saveur de ce panaché. J’ai éprouvé une réelle satisfaction à mettre en scène Arkady de cette manière. Même si dans ces grandes aventures, elle ne parvient à ses fins qu’au prix du sang versé, je n’exclus pas de la montrer à nouveau sous un jour plus « monstrueux ». Arkady est totalement amorale et si pour atteindre son but elle doit occire une centaine de bébés phoques, elle le fera, et en rigolant par-dessus le marché.
Et l’édition dans tout ça ?
Eh bien, à ce jour, je n’ai plus reçu la moindre nouvelle de l’éditeur. Même pas un mail de refus type. Rien, nada ! Sachant qu’un tel récit me demande six mois de travail, recherches et relectures incluses, vous comprendrez que je ne souhaite plus vraiment me plier à ce type d’exercice.
Oh ! Bien sûr, j’enverrai les textes achevés en soumission spontanée, mais sans espoir démesuré. Le secteur s’est hyper-segmenté en micro-genres qui deviennent tous plus abscons les uns que les autres.
Et j’avoue que, comme ma chère Arkady, je savoure à sa juste valeur une liberté de création totale et absolue.
Et cela n’a pas de prix.
______________________________________________
[1] - Je remercie au passage Tom Larret qui m'a gratifié de cette très belle critique pour ma précédente incursion dans le western sauce Arkady (Les Esclave de l'Or, donc...)
[2] - Une histoire qu'il me reste à écrire, mais dont les plans et la préparation sont achevés.
dimanche 22 juillet 2018
Dessin du Dimanche : L'Ordre Noir, découpage 02
![]() |
Planche à refaire. La perte du collier protecteur... |
dimanche 15 juillet 2018
Bibliothèque des Ombres : Kane : intégrale, vol.3/Karl Edward Wagner
Collection : Folio SF : Fantasy
Traduit par Patrick Marcel
714 p.
Dernier recueil des aventures de Kane qui regroupe neuf nouvelles, un poème, le début d’un roman et un article de Wagner exposant les tenants et les aboutissants de sa création… Plus encore ici que dans les précédents volumes, Wagner s’emploiera à montrer les ravages du temps sur son personnage, jusqu’à un final surprenant resté – hélas – inachevé.
— Le Nid du Corbeau.
La jeune Klesst possède des yeux bleus hantés par la folie et pour cause : elle est née du viol de sa mère par Kane qui, en piteux état et pourchassé par les autorités de la région, va trouver refuge dans l’auberge de son ancienne victime… Une nouvelle qui revient sur l’ambivalence de Kane et les conséquences de ces actes. Wagner introduit une nouvelle variable dans son mythe avec la présence de Sathonis – Satan – auquel a été promise Klesst dans un souhait de vengeance. S’ensuivra une véritable quête pour Kane pour parvenir à sauver Klesst qui l’amènera à questionner son libre arbitre lors d’une joute verbale avec le seigneur-démon. Joli morceau atmosphérique en huis clos, peuplé de personnages tordus, nimbé d’un ton gothique, une orientation qui se confirmera durant tout ce troisième volume, Wagner abandonnant une fantasy plus classique pour verser avec encore plus d’assurance dans l'épouvante, évoquant au passage autant Edgar Allan Poe que les productions cinématographiques de la Hammer.
— Réflexion pour l’hiver de mon âme.
Cherchant à exterminer les derniers survivants de la secte de « La Croisade des Ténèbres », Kane est surpris par une tempête de neige. Obligé de se réfugier dans un château isolé, il devra s’accommoder d’un seigneur terrifié et d’un loup-garou en furie… Confirmant l’orientation horrifique de la saga, Wagner confronte cette fois son héros à un mythe de la littérature fantastique. La dénomination de « Gothique sous acide » convient à merveille à cette histoire qui dégage une brume d’angoisse et de folie exacerbée. Si l’identité du lycanthrope ne fait guère de doute pour le lecteur, l’énigme n’étant pas le point fort de Wagner, les tours et détours du récit s’avèrent souvent prenants et font de ce texte un des meilleurs de son auteur qui, à travers ses mélanges expérimentaux d’alchimistes, se détachent peu à peu de l’ombre de ses ainés.
— La Froide Lumière.
Gaéthaa, surnommé « le Croisé », est renommé pour détruire dans son sillage les « forces du mal » au nom de Dieu. Engageant la crème des mercenaires dans sa guerre sainte inextinguible, il prévoit d’éliminer Kane qui s’est retiré du monde dans une ville fantôme. Usant des méthodes les plus litigieuses pour parvenir à ses fins, Gaathéa attisera les braises du trouble dans l’esprit de son fidèle second, Alidore. Sans doute le chef-d’œuvre de ce volume ! Wagner nous fait partager les moments dépressifs de Kane, son vertige temporel qui ne cesse de le poursuivre, pour le confronter à une bande qui – sous couvert de morale – n’a rien à lui envier dans la rouerie et la brutalité. Il règne une imagerie de western dans ce texte, que ce soit dans l’emploi d'une ville en ruine, servant de toile de fond aux affrontements, ou dans le schéma de la lutte d'un héros isolé et mal en point face à une cohorte de mercenaires n’hésitant pas à molester et à violer les locaux pour parvenir à leurs fins. Alors qu’elle avait disparu, la thématique du fanatisme religieux remonte sur le devant de la scène avec une virulence renouvelée, les propos de Gaéthaa étant d'une rare violence tandis que Kane endosse malgré lui les oripeaux ambivalents d'un protecteur de la justice avec un certain panache.
— Mirage.
Dernière nouvelle à nous présenter un Kane dépressif, ce récit le confronte à une vampire qui ressuscite par nécromancie un royaume oublié pour l'attirer le maudit dans ses raies. Kane choisit de mettre à l’épreuve son invulnérabilité dans le creuset du vampirisme. Un texte qui vaut le détour ne serait-ce que par son travail sur les ambiances et un affrontement attendu. Insistant une fois de plus sur le fardeau de l’immortalité, Wagner s’emploie à décrire le spleen morbide de son héros lors d’une étincelante tentative de suicide dans un univers d’ombres.
— L’autre.
Kane parvient presque à se hisser sur le trône, sauf qu’il a omis un léger détail dans les religions locales… Un court récit qui croise les deux plus puissantes thématiques de Wagner d’une manière virtuose s'achevant sur un sacrifice absurde entraînant une réaction monstrueuse de Kane quelques siècles plus tard. Une des rares nouvelles qui repose sur une chute abrupte d'une logique imparable. Une pièce qui prouve qu’on peut tisser une fantasy passionnante en un minimum de mots tout en décochant un uppercut dans la face du lecteur. Brillant !
— La Touche Gothique, Lacunes, Dans les tréfonds de l’entrepôt ACME, Tout d’abord juste un spectre.
Les derniers textes du recueil amorcent un virage à cent-quatre-vingts degrés dans l’épopée de Kane. Après avoir subi sa malédiction, il prépare un plan d’action pour occire le Dieu qui l’a damné. En chemin, il croise les pas de l’albinos de Michaël Moorcock dans un court récit décousu et anecdotique dans sa conclusion, puis il débarque dans notre 20e siècle dans lequel il joue le rôle d’un bon petit diable, expérimentant sur ses contemporains des super-drogues aux effets aussi incongrus qu'atroce ou des sex-toys très particuliers... quand il ne se bat pas en duel avec sa fille Klesst contre Sathonis pour la possession de l’âme d’un écrivain… Effectuant un virage stylistique, Wagner se rit des attentes du lecteur pour diriger la saga de Kane vers son apothéose – qui ne sera jamais rédigée – dans un débordement de langage cru, de séquences érotiques et d’éthylisme forcené. L’ensemble des quatre nouvelles devait aboutir à un final exposant le plan complexe de Kane pour en finir avec Dieu. L’inachèvement de cette épopée nous laisse avec une kyrielle de points d’interrogation. Reste que ces textes dans lesquels Kane endosse un costume de biker décontracté demeurent jouissifs. En abandonnant le passé nébuleux de Kane pour notre monde, Wagner questionne la notion de « fantasy » pour l’installer dans notre époque contemporaine.
Outre la première version de « Lynortis », le cycle se conclut par un fragment de roman : « Dans le Sillage de la Nuit » dont le prologue revenait vers une aventure plus caractéristique de Kane, celui-ci devant se confronter a un vaisseau extraterrestre crashé sur une plage. L’article « Kane passé et à venir » permet à l’auteur de disserter sur les rouages ayant abouti à la création de son personnage et aux grandes thématiques qu’il explore. Un texte passionnant pour tous ceux qui s'intéressent à l’écriture et à ses processus.
Immense fresque de Fantasy, Kane s’impose dans la fantasy en nimbant sa prose d’une pincée d’horreur mais surtout – par-delà ses fulgurances sanglantes – dans l’exploitation d’un vertige temporel omniprésent. Si le « Dieu fou » qui a maudit Kane existe bien pour celui-ci, Wagner ne le définit jamais et les religions ne paraissent être pour lui que des illusions, quand il ne s’agit pas d’instruments employés pour contrôler les hommes afin de mieux les sacrifier sur l’autel d’intérêts cupides. En refusant tout manichéisme et toutes obédiences, Wagner nous met en face d’un personnage atypique au sein de ce genre codifié, un héros irrévérencieux qui se mue en une allégorie de la liberté dans ce qu’elle possède de plus ambigu.
vendredi 16 février 2018
Bibliothèque des Ombres : Silver/Stephan Franck (in Psychovision)
![]() |
Une case splash régit par le "nombre d'or"... |
![]() |
...ainsi qu'une héroïne pas commode, ingrédients d'un comics oscillant entre modernité et respect d'une certaine tradition picturale... |