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    samedi 16 décembre 2017

    Les Chroniques de Yelgor : La Nuit de l'Auberge Sanglante chap 23/25

    Comme vous le remarquerez peut-être, le nom d'un personnage a été modifié, en raison d'une homonymie avec le nom d'une héroïne dont les aventures ont été récemment mises en image par Hollywood...



    [Chapitre 1 : Le Chevalier]                                                           
    [Chapitre 16 : Ark'Yelïd]
    [Chapitre 17 : Des Adieux]
    [Chapitre 18 : Le Dauphin]
    [Chapitre 19 : Allytah]
    [Chapitre 20 : L'Arsenal]
    [Chapitre 21 : Chevaux d'Acier]
    [Chapitre 22 : Le Grand Réfectoire]

     Le Dauphin exécuta encore une dizaine d’allers-retours pour servir tous les convives. Il reconnut du coin de l’œil quelques prêtresses d’Erzulie, un attribut divin dissimulant le fait qu’il s’agissait de vulgaires putains. Son père avait régulé de manière très stricte cette activité licencieuse, à défaut de pouvoir l’interdire. Elles reluquaient avec insistance son auguste personne. Dans un monde ordonné, elles auraient dû détourner le regard de sa présence. Elles n’étaient même pas dignes de ramasser son pot de chambre. Il frissonna sous le poids de cet espionnage malsain, mais il n’en continua pas moins de suivre les instructions qu’on lui avait données à la lettre. Lorsque toute l’assistance fut pourvue d’une assiette grasse, les responsables des cuisines quittèrent leurs casseroles pour s’attabler à leur tour.

    On attendait un événement dont le Dauphin ne saisissait pas la nature. La pitance ne servait qu’à patienter, qu’à rasséréner les corps alors que l’esprit battait les chemins de l’angoisse. Le Dauphin écoutait les rumeurs qui circulaient d’un auditoire à l’autre. Lui-même n’ignorait pas que les assauts des adorateurs de Sol, que certains conseillers soupçonnaient d’attiser les dissensions entre les seigneurs, demeuraient un sujet de préoccupation dans les alcôves du palais. Son père avait eu beau jeu de tenir le royaume d’une main de fer grâce aux sigils même si n’importe quel mage débutant pouvait retourner ces gadgets contre lui. L’origine trouble des membres de la secte nihiliste et leurs indéniables pouvoirs de fascination sur toutes les couches de la population ajoutaient à la perplexité de la commanderie qui était incapable de prévoir les attaques. Les quelques prisonniers vivants qui étaient amoureusement travaillés par les tortionnaires de l’armée se laissaient mener à l’abattoir sans desceller les lèvres. Mais ce qui se passait à Mabs dépassait en amplitude tout ce qui avait eu lieu jusqu’à maintenant, car la secte était parvenue à mettre la main sur un fief entier.

    Le Dauphin songea qu’il rentrait dans ses prérogatives d’avertir son père. Son éviction du palais l’avait vexé bien plus qu’il ne le pensait. Mais ses devoirs envers sa terre lui intimaient de taire ses griefs personnels, tout au moins de manière temporaire. Il n’excluait pas, ce fâcheux épisode derrière lui, d’éjecter de son trône ce vieillard qui n’en finissait pas d’agoniser. Place à un sang neuf ! Peut-être profiterait-il du chaos naissant pour enrôler quelques fidèles sous sa férule et se bâtir une faction dévouée à sa cause, prête à renverser l’hégémonie de Jehan pour son unique bénéfice ? Dès que sa voix s’éclaircirait, il commencerait ses entreprises de séduction parmi tous les gueux qu’il avait sous la main.

    En attendant, il se sustentait avec difficulté, chaque bouchée lui arrachant des trépidations de douleur. Les aliments griffaient les parois de sa trachée en feu. Il perçut un mouvement sur la petite scène qui surplombait la salle. Dans un premier temps, il ne reconnut pas les deux personnes qui s’avançaient vers eux, puis ses yeux se dessillèrent. Son protecteur progressait, accompagné d’un des héros de la Prophétie. Et il comprit soudain pourquoi son père l’avait entraîné vers cette saleté d’auberge miteuse. Si on lui avait demandé quelques jours auparavant, jamais il n’aurait parié que l’un – ou l’une – des pires compagnons de quête de l’Élu filait des jours mornes dans une gargote forestière insalubre. Même après le tir ajusté dont il avait été la première victime, il aurait nié l’évidence. Jusqu’à maintenant.

    Toutes les conversations cessèrent. Les regards se tournèrent vers la présence ténébreuse qui les embrassait tous. Le Dauphin éprouva un authentique frisson de terreur. Les muscles de sa gorge se rétractèrent, lui rentrant la tête dans les épaules, lui conférant une expression pincée du plus haut ridicule. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, cherchant un coin où il aurait pu se couler pour échapper à la silhouette noire qui le toisait, comme si elle lisait à travers lui, découvrant le crime dont il s’était rendu coupable.

    Elle s’avança encore près du bord dans un silence surnaturel que même ses pas ne venaient pas troubler. Sa grande cape de cuir s’enroulait autour d’elle, gommant ses formes. Son visage disparaissait dans les ombres du chapeau et seul l’unique œil valide brillait d’un éclat luciférien. Un bras sortit des plis du tissu. C’était un membre d’acier beaucoup plus imposant que le premier, hérissé d’écailles. Il émanait de ses arêtes tranchantes une indéniable menace. Derrière elle, Eldridge, toujours engoncé dans son armure, paraissait presque fluet. Enfin, le timbre rauque de la Noctule sectionna le silence.

    — À ce que je vois, vous êtes encore nombreux… Je vous remercie d’avoir survécu, sincèrement. Et je suis désolée que le seigneur Vanakard ait agi comme il l’a fait. Ce soir, nous pouvons lécher nos plaies, mais en atten…

    Une voix s’éleva depuis le fond de la salle. Le Dauphin reconnut l’énorme cuistot qui l’avait humilié. Il ne s’étonna guère que le rustre interrompe l’héroïne de la Prophétie de façon aussi cavalière. Il n’avait aucune manière !

    — C’est bien tout ça, mais vous êtes qui, par la couille droite de Bakkhuas ? Et où diable la patronne est-elle passée ?

    Le Dauphin se cala dans son siège pour savourer la réaction de la tueuse. Eldridge s’avança, le regard mauvais vers l’impudent, prêt à dégainer sa lame. Allytah tendit sa main valide vers lui, l’arrêtant dans son mouvement.

    — Vous avez raison de demander, et je suis désolée d’avoir dû vous duper pendant si longtemps…

    Elle ôta son chapeau, révélant son mufle. Elle conservait une posture hiératique et calme face aux jugements. On chuchota à voix basse. Le Dauphin la contempla avec une attention accrue et en conclut deux choses : elle était habituée à la prise de parole en public et son maintien, sa gestuelle théâtrale et soignée lui évoquaient la noblesse. Lui aussi avait eu des précepteurs, des entraînements pour dompter son corps dans l’éventualité qu’il ait à prendre possession du trône plus tôt que prévu. Ces prérogatives royales impliquaient qu’il sache parler, mais également bouger à la perfection pour fasciner les foules. La Noctule n’était pas la première venue, mais rien dans les chansons et les légendes – toutes déformées puisque les bardes et les chroniqueurs avaient sans vergogne changé son sexe – n’indiquait ses origines. Le Dauphin se promit de lever le mystère.

    — Avant de tenir l’auberge qui a été notre havre de paix à tous, cet endroit où l’on a travaillé, étudié ou mangé, j’étais Allytah Nédérata.

    Une vieille Gobelin à la peau épinard constellée de taches de jade ouvrit ses larges yeux jaunes. Elle balbutiait presque.

    — Vous êtes censée être… morte !
    — Non ! Cette rumeur arrangeait mes affaires. Écoutez-moi, je vous prie. En m’installant ici, avec cet abri à proximité, je voulais tirer un trait sur mon passé de guerrière, mais les récents événements m’ont fait comprendre que je devais sortir de ma retraite. Je ne vais pas vous mentir, j’ai été très bien avec vous pendant de nombreuses années… Mais maintenant le seigneur Vanakard a ouvert les hostilités et il devra en répondre devant moi ! Avant ça, je souhaiterais vous proposer de m’accompagner pour mettre vos familles à l’abri, si c’est encore possible.

    — À l’abri, mais où ça ?

    Un des paysans du coin se redressa, se grattant la tête. Il portait un très vieux galurin qui dégoulinait sur son visage, lui conférant l’air d’un chien battu.

    — Toutes ces terres appartiennent au seigneur Vanakard. Quand bien même vous parviendriez à abattre quelques hommes, il vous égorgerait, et nous avec.
    — Je vous assure, Heldar d’Avon, que j’ai de quoi le tuer sans même qu’il le réalise, mais cela ne changera pas le problème. Le plus urgent est de mettre vos familles à l’abri. Le Chevalier Eldridge et moi-même allons au mont Auroch. Ce ne sera pas une partie de plaisir, mais vous y serez à l’abri, le temps de laisser passer le gros de la tempête.

    Un couple de lagomorphes avala de travers son ragoût. Ils orientèrent leurs oreilles vers la Noctule et Eldridge.

    — Le mont Auroch ? Dans les Hautes Marches ? Mais c’est à plus de vingt jours. Et encore… En prenant le sentier des pendus, c’est plus rapide, mais pour ça, il faut traverser le nid des Araknees. L’autre voie, c’est par le chemin des Éplorées dans le comté de Brune, mais le coin est réputé hanté…

    Allytah claqua de la langue. Sans paraître désarçonnée par les récriminations de ses ouailles, elle continua.

    — Je ne crois pas que les hommes de Vanakard soient tentés de nous poursuivre à travers le nid. Et de toute façon, sachez que la reine des Araknees est, en quelque sorte, une de mes connaissances… Nous pourrons donc traverser son territoire. De plus, les soldats auront trop peur de déclencher une guerre avec eux. Réfléchissez, pesez le pour et le contre. Je ne vous cache pas que le voyage sera périlleux et que nous n’avons qu’un ou deux jours avant que Vanakard réalise que le prévôt et les siens ne sont plus que cendres…

    Un brouhaha gagna l’assemblée, chacun évaluant les pertes possibles. Personne ne se décidait. Le Dauphin observait les visages, tous crispés dans une intense réflexion. Pour sa part, il n’avait pas le choix tant qu’il était sous la tutelle d’Eldridge, mais il ne comprenait pas l’hésitation des gueux.

    — Et nos familles ?
    — Embarquez-les avec vous.

    Allytah les embrassa du regard. Elle posa une main sur l’épaule d’Eldridge qui lui jeta un étrange coup d’œil, mélange de réprobation et de gêne.

    — Je sais que vous n’êtes pas rassurés, vous tous. Et vous n’êtes pas obligés de me croire sur parole, mais le Chevalier ici présent est aussi apte que moi à vous défendre. Et si vous pensez que je mens…

    Allytah rabattit d’un geste vif les pans de sa cape, dégainant un Poing de Feu de son abri de cuir. Le mouvement ne dura qu’un battement de cœur. Une détonation terrifiante résonna dans toute la pièce, écrasant l’assemblée de son vacarme. Le chapeau d’Heldar d’Avon percuté par un projectile invisible gicla de son crâne, révélant sa calvitie avancée. Le vieux paysan se figea sur son siège alors que la décharge chaude roussissait les quelques rares poils qui ornaient sa tonsure. Allytah tira encore deux fois. Le couvre-chef valsa en l’air pour atterrir sur les longs cheveux blancs d’une ancienne prostituée. L’arme tournoya sur les doigts d’Allytah qui l’escamota dans les replis de sa cape. Seule la lourde fumée bleue qui s’échappait du canon trahissait sa présence. Eldridge avait à peine cligné des yeux durant toute la démonstration.

    — Sachez que j’ai une certaine expérience de la guerre. Mais encore une fois, je ne vous oblige pas à me suivre…

    La prostituée qui avait reçu l’antique couvre-chef s’avança vers Allytah, tenant l’étrange offrande en équilibre sur sa tête. Elle mesurait deux pieds de plus que les personnes rassemblées dans la salle. Ses traits épais, ses canines hypertrophiées et sa pilosité abondante l’apparentaient à une ethnie fière et combative qu’elle n’avait plus eu l’occasion de croiser depuis la fin de la Grande Guerre.

    — Ça faisait longtemps que les filles et moi habitions à l’auberge. Ça nous a fait mal, ce qui s’est passé ce soir. Certaines sont restées sur le carreau pour défendre ces lieux. Je sais une chose, toute guerrière que vous êtes, vous ne pourrez pas mener tout un convoi à vous toute seule. Nous, Hyksos, avons aussi été les premières victimes collatérales des Dieux Noirs, mais ça, les bardes l’ont oublié. Même notre héros Warwülf, qui vous a accompagnée, a été effacé des balades, n’est-ce pas ?
    — C’est exact.
    — Mais certains d’entre nous sont restés en Yelgor.

    Elle se tourna vers les quelques femmes qui se serraient les unes contre les autres, indécises et encore éprouvées par les événements de la soirée.

    — Les filles, il ne fait aucun doute que si les adorateurs de Sol arrivent ici, nos jours sont comptés. Voulez-vous vivre sous leur joug ou continuer à vivre comme vous l’entendez ? Comme nous l’avons toujours fait ? Librement !

    Les femmes se consultèrent du regard, ignorant quelle attitude adopter. Puis, d’un même mouvement, elles dégainèrent leurs dagues ornementales qu’elles tendirent vers la Noctule.

    — Nous vous accompagnerons. Nous ferons de notre mieux pour vous aider.

    Allytah se gratta le crâne, soulevant le rebord de son chapeau.

    — Je ne vous en demandais pas tant, mesdames…

    La Hyksos monta le long des marches, rejoignant la Noctule. Elle lui ouvrit les bras en signe de fraternité.

    — Mon vrai nom est Gyer de Landebury.

    Les deux femmes s’accordèrent une accolade. Aussitôt, une partie de l’atmosphère délétère se dissipa. Les filles se rassemblèrent autour de Gyer et d’Allytah. Une sorte de fièvre s’empara de tout le monde. Chacun offrait ses compétences pour participer au voyage. Malgré les récriminations de leur mère adoptive, Tigrishka et Yvain proposèrent leurs talents, s’investissant dans la construction de la caravane. Même si Allytah répugnait à les voir prendre leur indépendance et à se risquer droit dans une aventure pleine de dangers, il ne lui appartenait plus de brider leurs aspirations.


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    Un peu de musique pour se mettre dans l'ambiance...


    dimanche 11 janvier 2015

    Éphéméride 2015. L'Année des Ordures !

    Fan-Art de Omaha, the Cat Dancer. Cliquez ici pour la version intégrale !

    Je ne m’autorise que rarement, même sur ce blog, à vous faire part des élans de mon petit cœur fatigué. Parce que soyons sincère, qu’est qu’on en a foutre de mes récriminations ?

    Néanmoins, le premier message de l’année est l’occasion de parler un peu ensemble — enfin moi tout seul surtout — en toute cordialité. Ne vous étonnez donc pas de l’aspect décousu de ce texte, je ne cherche pas à rédiger quelque chose de construit ou à vous enseigner quoique ce soit, ce qui serait grotesque.

    C’est un billet d’humeur, comme je n’en ai plus fait depuis longtemps. Avec toute sa subjectivité viscérale collée à sa peau.

    1. L’Année des Ordures.




    On se réveille avec la gueule de bois avec la France au bord de la guerre civile parce que deux connards ont décidé de faire un carton dans une salle de rédaction. Et que d’autres, les experts télévisuels encartés ouvrent grand leurs claques-merde pour commenter un événement dont nous n’aurons la substantifique moelle que dans une bonne dizaine d’années. Si tant que ne l’ayons, car les deux connards s’étant faits dégommés en mode kamikaze, il va devenir difficile de démêler le vrai de l’affabulation. Les morts ne parlent pas, n’est-ce pas ?

    Que dire de cet acte qui n’ait pas déjà été disséqué par les médias mainstreams, que je n’écoute toujours pas du reste… Mais rien ! Il n’y a rien à en dire, justement. Puisque nous n’en savons que des échos, sur quelles bases solides pourrait-on argumenter ? Aucune ! Oh ! Pourtant, ce n’est pas fini, ça ne fait que commencer, ça va continuer de nous gangréner malgré nous. Comme si le travail des sapes commis par des décennies de « crise » ne suffisait pas à amollir nos cerveaux.

    Le plus idiot dans tout cela c’est que ces malheureux dessinateurs que nous porterons hypocritement aux nus seront instrumentalisés à droite et à gauche, voire serviront de parfait porte-étendard à l’Extrême Droite,[1] cette Extrême droite rampante qu’ils n’ont jamais cessé de brocarder même au pire de leur forme ! Ironie dramatique quand tu nous tiens…

    Alors avant d’entamer de grands discours, l’œil torve empli de certitudes, l’écume haineuse à la gueule, regardez-vous un peu pour voir si votre reflet ne vous renvoie pas l’image d’un beauf à la Cabu !

    Ma seule conviction c’est que le meilleur moyen de dépasser ce bourbier est de continuer à noircir des pages, quitte à déplaire. Ceci nous a rappelé que le crayon et la plume ont conservé intacte la magie qui les entoure.

    2015 promet d’être une belle année pour les ordures. Il ne manque plus que TAFTA passe et je pourrais dire que nous allons couler dans un océan de merdes si profond que nous n’en remonterons probablement jamais.



    Une BD largement fréquentable...

    Récemment, je me demandais pourquoi je n’arrivais plus à écrire de la Scince-Fiction comme à mes balbutiements adolescents. Les derniers mois m’ont suffisamment donné de matière à vomir pour trouver un début de réponse à la question. Non pas que je n’aimasse plus la SF, mais plus les années avance et plus je découvre effaré que mon imaginaire patine par rapport à la réalité. Ce commentaire n’englobe pas la SF de type poétique dont les ressorts ont plus avoir avec la Fantasy et le Fantastique que la véritable anticipation.

    Revoyez et relisez vos classiques ! Le futur c’est maintenant ! Les pires prévisions qu’ont pu faire les auteurs des années 50-70 sont désormais bien ancrées dans notre quotidien…

    Je me rappelle qu'enivré par les trips paranos de Phillip.K.Dick et Richard Matheson, je visualisais ce moment où nous serions tous obligés de contracter 2.300 assurances tandis que nous cotiserions pour une hypothétique retraite à 80 ans. Depuis un nabot est devenu le président de la France et a explosé « le tabou des retraites. ». Sur les traces nihilistes de notre Napoléon bis, des politiciens belges veulent monter l’âge de la retraite à 69 ans...

    Comment encore faire de la SF dans ce contexte ?

    J’ai pourtant essayé plusieurs fois avec des versions space opera du personnage d’Ethel Arkady mais ces tentatives n’ont jamais abouti. Il me manquait toujours quelque chose…

    Je n’arrive plus à me projeter dans un futur, fut-il lointain ou proche. En conséquence, l’univers que je construis autour d’Arkady s’axe à la fois dans le passé et dans la dernière partie sur un présent/futur très légèrement fantasmé. Ce n’est donc pas de la SF, ni de la Fantasy… Et n’ayant pied nulle part, tout du moins je le souhaite ainsi, il m’est loisible d’écrire comme je le veux.

    La Fantasy ne se penche que rarement dans ses soubassements sur des thématiques contemporaines. Notre rapport à la technologie, aux médias et à la politique lui est presque étranger. Le prisme indispensable de la fiction par rapport à l’altérité du présent me paraît avoir été laissé en friche. Je n’ai pas la prétention d’avoir lu tout ce qui ce faisait en Fantasy ou même en SF, ce serait impossible, mais sur la majorité des productions qui me passent entre les mains, et c’est déjà un beau panel, un très petit pourcentage se préoccupe de questions ayant un rapport plus ou moins lointain avec la réalité que nous vivons.

    La littérature de genre des débuts, jusqu’à la fin des années 80[2] me paraissait en phase avec le monde qui nous entourait, que ce soit de manière très directe en exploitant une avancée technologique ou de façon bien plus métaphorique. Les déclinaisons actuelles en revanche font preuve d’une fadeur exemplaire. Comme si le moindre élément susceptible d’entraîner une réflexion en avait été soigneusement expurgé.

    Bien sûr la fiction se doit et avant tout d'être divertissante. Elle doit proposer une bonne histoire et emmener le lecteur dans son univers. Mais c’est encore mieux si elle nous amène dans son sillage à adopter un autre point de vue, qu’elle cherche à nous interroger sur notre propre nature paradoxale.

    À mon humble niveau, c’est ce que je souhaiterais obtenir. J’ai toujours ce désir de ne pas présenter un texte insipide, sans fond, qui ne reprendrait que les stéréotypes que l’on attend de tel ou tel genre. Je veux me servir des genres et non être asservi par eux.

    D’où la forme chaotique qu’adopteront les Aventures d’Ethel Arkady, chaque nouvelle pouvant sauter dans le temps, être simplement divertissante ou posséder dans ses soubassements une allusion à un sujet qui m'interpelle.

    3. La Mort programmée de la Littérature (et affiliés…).

    Le système éditorial est une vieille chose moribonde encore agitée de quelques soubresauts qui nous envoie à la face des pets chargés d’effluves nauséabonds dans le fumet desquels nous pouvons distinguer des fragrances de Marc Levy, d'Amélie Nothomb et autres mastodontes multi-récompensés.

    La fuite en avant du monde du livre me fait peur. Ça sent la naphtaline. Que ce soit dans la Littérature ou dans la BD, ça se crispe, ça coince. Les rotatives tournent de plus en plus vite. Les ouvrages n’ont pas le temps de se gagner un public à la force de leurs idées qu’ils sont éjectés, direction le pilon, pour laisser place à la dernière blogueuse à la mode, à la dernière première dame bafouée.

    Et je ne parle pas de l’horreur logistique qu’entraîne cet état de choses dans mon boulot de bibliothécaire. Même avec un budget assez conséquent, c’est impossible à suivre. C’est ubuesque. Que les auteurs publiés ne touchent plus leurs vies ne me surprend pas quand on voit que la durée d'existence d’un livre ne dépasse pas les deux mois. Certains insectes vivent plus longtemps !

    Cette surproduction étouffe la pluralité de la culture, la tue. Au final, seuls ceux qui ont une promotion digne d’un blockbuster vont réussir à surnager, là où tant d’autres crèveront. Pourtant parfois des petits éditeurs mettent les mains dans le cambouis et accouchent d'un remarquable boulot, exhumant des perles des limbes de l’histoire artistique. Je les salue au passage et les remercie.

    Reste qu’il manque à mon sens une injection de sang neuf dans tout ce bordel. Je serais bien en peine de lister toutes les aberrations systémiques qui gangrènent l’économie du livre, elles sont si nombreuses que cela donne le tournis. Je laisse à des plus patients que moi le soin de se pencher sur la question.

    Dans ce microcosme, les rondes jambes et la cooptation mènent la danse. Je n’y ai pas ma place. J’ai déjà fort affaire, pris entre mon travail alimentaire et une santé parfois déficiente pour me soucier de plaire à untel ou à untel dans le mince espoir que celui-ci daigne jeter un œil approbateur aux modestes fruits de mes efforts.

    J’ai parcouru le long du dur chemin que l’on fait suivre aux auteurs débutants en quelques occasions. Chômeur à l’époque des faits, j’ai malgré tout sacrifié mon maigre pécule sur l’autel de l’un ou l’autre festival de BDs, arpentant des allées empestant le plastique et polluées par des sourires papelards. On a fait des promesses, aucune n’a été tenue.

    Je regrette amèrement d’avoir fait ces démarches, d’avoir engagé une somme de travail, colossale, auprès de dessinateurs croyant tout comme moi dans les possibilités de l’histoire que nous mettions sur pieds. Je suis d’autant plus agacé par cette situation quand je vois les livres et les BDs indigentes qui sont vomis par ce système[3].

    Alors non ! Mes propres productions ne sont pas parfaites. Qui peut prétendre à la perfection ? Elles sont ce qu’elles sont, mais en l’état je les pense ni pire, ni mieux que ce que je peux parfois feuilleter dans les étals des librairies.

    Et si c’est le cas, si elles peuvent trouver un public, se tordre dans tous les sens pour parvenir jusqu’à toi, lecteur, pourquoi n’userais-je pas des plate-formes éditoriales disponibles sur le Oueb ?

    Car c’est peut-être dans les entrailles de silicium que joue le futur de la littérature !

    4. Et donc...


    Recherche pour la couverture de Massacre Payant...


    Donc au fil des ces quelques réflexions que je me désole de vous imposer, mais qui sont restées depuis trop longtemps coincées dans ma gorge, quelle est la suite des événements ?

    Pour certains projets en cours, je continuerais les démarches éditoriales, en sachant que les chances sont infinitésimales. Pour d’autres, et notamment tout ce qui relève du Cycle d’Arkady comme je l’appelle, ce sera peu à peu mis à votre disposition sur la grande toile d’araignée.

    Si j’ai ne serait-ce que deux lecteurs, je considérerais cela comme une victoire ! Oui, je me contente de peu, mais je ne suis pas Valérie Trierweiler.

    En outre, les récits resteront accessibles aussi longtemps que le Web perdurera. J’en imprimerais également certains pour l’une ou l’autres occasions particulières.

    Produire de A à Z une nouvelle, un fascicule est une gageure. Il est toujours préférable d’avoir derrière soi une équipe éditoriale plutôt que de faire tout le boulot soi-même. Parce qu’il apporte un œil frais, un recul et un préposé à la correction des manuscrits, l’éditeur est un auxiliaire irremplaçable. S’en passer c’est ralentir singulièrement le temps d’écriture. Mais je crains soit de n’avoir pas assez de talent, soit de ne pas être commercialement fiable pour parvenir à convaincre un éditeur. Pour le moment au moins.

    Pourtant, je suis un pathétique accroc à l’écriture. Il faut bien que les récits tentent de trouver un lectorat, qu’ils volent de leurs propres ailes, dernières fôtes d’aurtografes incluses.

    Les nouvelles que je balancerais sur le Oueb 2.00 comporteront quelques petites lacunes orthographiques. Je m’en excuse d’avance et prie les éventuels lecteurs de faire preuves d’une certaine indulgence.

    Donc les chantiers en court pour 2015 seront :

    — Blog :

    Conséquemment à mon envie de propulser mes récits dans le Oueb, ce site devrait connaître plusieurs changements significatifs.

    — BD :

    1. Monatos (Avec DuarB) : Nouveau dossier, relance des éditeurs… le scénario est complet. Si rien ne se débloque d’ici l’année suivante, nous aviserons avec le dessinateur de ce que nous ferons… Encore un peu de patience…

    2. La Foie (avec Didizuka) : Je compte finir le scénario de cette histoire qui me tient à cœur dans le courant de cette année. Pour la réalisation ce sera un quatre mains avec Didizuka, bien que je ne sache pas encore la forme que cela prendra. Un dossier sera envoyé aux éditeurs…

    3. l’Ordre Noir : J’aimerais revenir à cette aventure en solo (pour le moment), mais la BD demande énormément d'investissement. Mes conditions d’existence actuelle font que pour un tas de raisons indépendantes de ma volonté, ce temps et surtout l’énergie me manque. Pourtant, l’envie de continuer cette histoire me taraude. Le synopsis est complet, la fin écrite et j'ai quelques pages de découpages d'avance...

    — Écrits :

    1. Quelques nouvelles sont déjà presque achevées. Il ne manque que la mise en forme et des relectures par des tiers pour éliminer au maximum les maladresses. Elles comporteront outre une couverture, des illustrations intérieures. Étant par nature modestement ambitieux, je souhaite que chaque histoire ait un style graphique différent.

    2. D’ici fin Janvier je devrais pondre un roman en quelque 52 heures. Un pari un peu stupide fait dans le cadre du Projet Bradbury, initié par l'écrivain/éditeur Neil Jomunsi. Depuis quelque temps déjà j'avais envie d’obtenir un résulte probant dans des délais resserrés, mais j’ai trop souvent tendance à tourner autour du pot. Ce sera la version finale d’une nouvelle intitulée Massacre Payant dont l’intrigue renvoie autant à la crise financière de 2008. [4] j'en reparlerais prochainement...

    3. Il y aura moins d’articles sans lien direct avec mes fictions sur le blog, pour la bonne raison que leur rédaction me demande du temps, et que ce temps, je veux le récupérer pour mes nouvelles.

    4. Si je participe encore à quelques Appels à Textes ce ne sera qu’avec parcimonie, ce type de concours ne m’inspirant que méfiance. Certaines réponses reçues ayant été très peu courtoises, trop laconiques ou carrément absentes après plusieurs relances. Tous les anthologistes ne sont pas à blâmer et je ne généralise pas, mais un peu de respect pour le travail d’autrui me paraît indispensable pour entamer des relations qui ne soient pas unilatérales entre auteurs et éditeurs… Nous ne sommes pas des chiens !

    Et enfin, malgré tout,

    Une bonne année à vous tous.

    ____________________________________

    [1] - Cela fait un moment que je n’avais plus lu de Charlie Hebdo

    [2] - Qu’on me pardonne mes erreurs de datations et autres approximations, si certains d’entre vous ont quelques meilleures notions que votre humble narrateur, n’hésitez pas à combler mes manques dans les commentaires.

    [3] - Heureusement, l'on trouve de bonnes choses de temps à autre, je vous conseille de vous en remettre à ma Bibliothèque des Ombres pour plus de détails.

    [4] - Toute proportion gardée, ce n’est pas un documentaire. Cette histoire est surtout l’occasion de faire de l’œil aux genres cinématographiques du Giallo et du Slasher dont je suis très friand. Ce roman s’inscrit dans le cadre du Cycle d’Arkady et devrait donc être mis en ligne après relecture. (Il faudra quand même compter plus de 6 mois après rédaction du premier jet.)