Affichage des articles dont le libellé est giallo. Afficher tous les articles
    Affichage des articles dont le libellé est giallo. Afficher tous les articles

    mercredi 5 janvier 2022

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Le Manoir aux Milles Miroirs (gravure)

    Comme le veut la tradition, une Bonne Année à vous !

    Après avoir ramé dans une bonne grosse mélasse d'emmerdes (et on y est encore pour un moment, il me semble), j’ai retrouvé un peu de temps pour poursuivre une gravure que j’avais commencée il y a plus de six mois. Cette illustration a été pensée pour figurer d’abord en couverture de Massacre Payant.

    Cependant, je réalise que je n’apprécie plus ce premier titre et songe à le changer pour une dénomination qui embaume un peu plus les références cinématographiques auxquelles je m’adosse pour cette histoire, soit le Giallo :

    « Le Manoir aux Milles Miroirs »

    Cette histoire place Ethel Arkady au centre d’une réunion de banquiers sur fond de crise des subprimes, dans un huis clos meurtrier où la paranoïa et les coups bas seront légions.

    C’est aussi un chapitre important dans la vie de la féline puisqu’elle y affrontera, outre un tueur surnaturel, une de ses plus redoutables Némésis en la personne de Blake Masters, alias la fameuse Sorcière de l’Ouest. Une ennemie dont le sadisme n’a d’égal que le machiavélisme et face à laquelle Arkady ne fera pas le poids.

    J’ai adjoint aux impressions les premières recherches préliminaires. Je compte dans un futur plus ou moins proche me lancer dans d’autres planches en couleurs. Tout au moins, si la folie qui s’est emparée de notre réalité m’en laisse le loisir…

    Nous verrons bien...




    Recherches : 



    jeudi 20 août 2015

    Cinoche B comme Bon... : Le Venin de la Peur de Lucio Fulci, 1971.



    Je profite de la sortie en DVD/Blu-ray [1] d’un film de Lucio Fulci aux éditions du Chat qui Fume pour m’étendre un peu sur ce réalisateur italien, mais aussi sur un genre que j’apprécie : le Giallo.


    Le Venin de La Peur précède la célèbre Trilogie des Zombies [2] qui a occulté la carrière de Lucio Fulci, l'enfermant un peu vite dans une image de faiseur de pelloches gores décérébrées. Loin d'être les navets que l'on a voulu y voir, ces titres contiennent plus de scénario et d’idées que les quelques oripeaux de films d’horreur américains contemporains.

    Pour encadrer complètement le sujet du Venin…, il faut établir son genre cinématographique. Ce long-métrage appartient à la vaste famille des Giallos dont une brève définition me paraît nécessaire :

    Le nom provient de romans policiers à quatre sous qui étaient publiés en Italie des années 20 aux années 60 et dont la couverture affichait une couleur jaune, comme nos  Editions du Masque. Une œuvre littéraire en particulier a réuni tous les éléments narratifs du Giallo [3] et de son enfant américain abâtardi, le Slasher : les séminales Dix petits Nègres de l’incontournable Agatha Christie. Tous les ingrédients y sont : un lieu clos, un assassin aux méthodes aussi sanglantes que tarabiscotées et des suspects issus de la haute société… À noter que le Giallo connaîtra un ancêtre teuton : le Krimi [4] qui reprend les mêmes ingrédients mixés à la sauce Derrick


    Le Giallo est donc un mélange improbable entre le thriller à l’américaine – l’intrigue se situe dans un milieu bourgeois et le protagoniste principal est souvent un enquêteur amateur – et le film d’horreur – le tueur sème moult cadavres sur son chemin et ses actes sont dictés par un rituel fétichiste très particulier. Le Giallo marie des tonalités très différentes, du polar pur et dur au fantastique le plus baroque, accouchant d’une mixture expérimentale et typiquement italienne dans ses débordements. De nombreux artisans plus ou moins doués du cinéma populaire ont joué avec les limites de ce genre commercial pour lui faire subir mille et une mutations. [4]. Dernière particularité joyeuse des Giallos : des titres à rallonge aux sonorités excentriques et poétiques : Ton Vice est une chambre close dont moi seul ai la Clé, L’Oiseau au plumage de Cristal, Journée Noire pour un Bélier, La Tarentule au ventre Noir… ou ce Venin de la Peur aussi intitulé en italien : Una lucertola con la pelle di Donna ! Soit un lézard dans la peau d’une femme…

    Les cinéastes italiens ont toujours été de grands formalistes et leur traitement des décors revêt une importance capitale dans les films d'exploitations. Que ce soit la nature dans les Westerns Spaghettis où les immenses étendues arides font basculer une classique histoire de vengeance en un drame mythologique ou dans l'exploration de villes tentaculaires des Giallos, l'environnement acquiert les caractéristiques d'un personnage à part entière, une entité vivante qui réagit aux tensions internes des principaux protagonistes.


    Dans Le Venin… Carol Hammond (Florida Bolkan), une jeune femme oisive – son père est un avocat en vue qui s’apprête à se lancer dans une carrière politique – ne cesse de faire des cauchemars récurrents dans lesquels elle assassine sa voisine, Julia Dürer (Anita Strindberg) une actrice qui organise de bruyantes orgies en compagnie de quelques hippies adeptes du LSD.

    Le métrage se divise en deux pistes narratives qui se retrouvent mêlées l’une à l’autre. Un premier pan de l’intrigue concerne directement Carol et ses hantises fétichistes – faisant d’elle la tueuse sans équivoque possible dans le petit monde du Giallo – et la deuxième partie se concentre sur l’enquête policière dont Lucio Fulci se contrefout, tournant ces séquences en mode automatique.

    Une bonne part du film est narrée du point de vue de Carol et le moins que l’on puisse dire c’est que Fulci utilise tous les effets de mise en scène à disposition pour installer le spectateur dans les hallucinations de son personnage principal.

    Il faut saluer ici l’impressionnant travail effectué sur la lumière par le directeur de la photographie Luigi Kuveiller, tant le métrage ne cesse d’osciller entre des clairs obscurs tranchés et des plans baignés d’un éclairage blafard et clinique.

    Des visions claustrophobiques où Carol est écrasée par une foule grotesque de partouzards aux allures de zombies (déjà…), en passant par une poursuite dans une église aux proportions titanesques, la palette des effets de montage et des cadrages biscornus est ahurissante.

    Le zoom cher à Fulci se transforme en un outil pour aplatir le spectateur dans ce grouillement chaotique. Cette méthode sera employée plusieurs fois pour provoquer une sensation d’oppression de manière efficace. Lucio Fulci confère à son histoire une aura de malaise dès les premiers photogrammes.

    Les « rêves » et les fantasmes de Carol deviennent un champ d’expérimentation pour le réalisateur qui jette toute sa vaste culture au dans la bataille. On retrouvera ainsi la présence de peinture de Francis Bacon [5] dont les images seront récréées à l’identique lors certaines séquences clés, emprisonnant son héroïne dans des boîtes à l'intérieur d’autres boîtes. Cet enfermement de Carol au sein d’une bourgeoisie corsetée et hypocrite est le pivot de toute la rhétorique filmique de Lucio Fulci.




    C’est avec cette idée d’asphyxie mentale que le réalisateur va parfaire le contrepoint en opposant les mœurs de la voisine dépravée et celles de nos notables lors d’un split-screen vertigineux entre un repas de famille guindée et une scène d’orgie ayant lieue dans l’appartement de l’actrice libertine qui paraît être la projection de leurs fantasmes sexuels malsains. Les hippies ne sont d’ailleurs pas mieux lotis que leurs homologues de la haute aux yeux du cinéaste. Témoins aveugles d’un meurtre parce qu’abrutis par la drogue – deux visions étonnantes dans un métrage qui en regorgent – ils manifesteront un caractère aussi versatile, influençable et corruptible que les membres de la bonne société.

    Le cauchemar va contaminer tout le récit au fur et à mesure que Fulci se libère des contraintes de l’intrigue policière. Les espaces autour de Carol se feront labyrinthiques. Poursuivie par un tueur dans une clinique privée, elle se retrouvera prise dans une toile d’araignée de couloirs blancs dont les portes ouvertes mènent vers des pièces vides ou des mirages horrifiques comme ces chiens éviscérés que l’on maintient encore en vies. Outre que la violence de cette apparition confirme le goût du réalisateur pour la provocation gore, elle ne trouvera aucune explication par la suite.

    Jusqu’au dernier et inutile rebondissement, Lucio Fulci s’ingénie à prolonger le cauchemar autour de son héroïne. Après la claustrophobie, il traque la fuite de Carol dans des bâtiments gigantesques, dont une église aux proportions cyclopéennes, nous invitant à partager les délices de l'agoraphobie. Mais ce n’est pas parce que la surface à explorer est plus imposante que Carol recouvre sa liberté. Il existe plus d’une manière d’enfermer les individus. Les espaces intimes du premier acte - le lit, la chambre, les pièces d’une maison, le couloir étroit d’un train… - se muent en de grandes étendues qui dévorent le cadre, aidés par une optique de type fish-eyes qui exagérera encore plus les perspectives hallucinantes de ceux-ci. On ne s’échappe pas de ces lieux où l’on voit à des kilomètres à la ronde et où nulle cachette ne nous permet de nous dérober à un tueur anonyme.

    Que ce soient l'église titanesque ou des catacombes ténébreuses, les paysages engloutissent les acteurs et prennent vie, mus par une terrifiante volonté. Symbolisant la psyché fracturée de Carol, ces labyrinthes gigantesques achèveront de la perdre dans les méandres de ses fantasmes saturés de poursuivants chimériques et d’animaux agressifs [6]. L’attaque de chauves-souris enragées ne trouve aucune explication rationnelle ou scénaristique. Avec l'apparition-choc des chiens éviscérés, cette scène évoque les débordements des films plus tardifs de Lucio Fulci. Dans le cadre de ce Giallo, l’auteur semble abandonner à cet instant la logique policière pour faire des embardées non contrôlées dans les territoires bien plus obscurs du fantastique. Ces agressions animales vont devenir une signature du réalisateur que l’on retrouvera dans d’autres titres avec une pareille gratuité [7]…

    Lucio Fulci et les agressions animales... Les escargots de la mort d'Aenigma.

    Lucio Fulci, comme quelques-uns de ses collègues ritals excellent dans l’utilisation des paysages à des fins symbolistes. Excroissances de la psyché des personnages, envahissants et touffus, le décor est un acteur au même titre que les humains dans les Giallos [8]. Il y aurait une analyse à faire sur le soin procuré à la description visuelle des maisons, déserts, villes fantômes, manoirs qui peuplent le cinéma bis [9]. Je ne m’y risquerais pas, la besogne serait trop longue.

    Hélas ! le dernier acte du film retombe dans les ornières d’un whodunit classique. Le flic opiniâtre exposera la solution de l’énigme. Pirouette scénaristique imposée par un producteur frileux aux vues des expérimentations graphiques d’un Lucio Fulci déchaîné par son sujet ? Difficile de savoir, surtout qu’il n’existe pas de « director’s cut ». Toujours est-il que cette révélation finale tournée à l’arrache dans le cimetière du coin avec un pauvre brouillard artificiel entame la virtuosité d’un Giallo qui se sera hisser au-dessus des stéréotypes du genre pour le transformer de l’intérieur.

    Je ne me suis attardé que sur cet aspect de la mise en scène de Lucio Fulci qui apporte la preuve que celui-ci n’était pas un sinistre tâcheron, mais un cinéaste de première force qui pensait très précisément son film en fonction de l’effet recherché sur le spectateur.

    Que les amateurs de la signature sanguinolente de notre italien se rassurent cependant, les visions horrifiques sont bien présentes, mais diluées une atmosphère vénéneuse. Leurs impacts sont accrus par la musique d’un Ennio Morricone inspirée et par un jeu d’acteur impeccable [10].

    Une friandise qui ne se refuse pas, surtout en ces temps de super-héros manichéens triomphants…

    _____________________________________________

    [1] - Le DVD du Chat qui Fume est d’une bonne qualité et fait honneur dans son rendu au travail de Lucio Fulci et de son directeur photographique. Il y a pléthore de bonus, mais le plus important reste encore le film qui est enfin visible dans une version correcte (oubliez votre TVrip moisi…). Bonus non négligeable, le coffret propose la musique bien psychédélique et expérimentale de Morricone…

    [2] - L’Au-delà, La Maison près du cimetière et Frayeurs – dans le désordre…

    [3] - En plus de l’œuvre d’Agatha Christie, il faut citer les romans d’Edgar Wallace qui contiennent quelques figures que l’on retrouvera plus tard dans le Giallo comme des machinations complexes, des criminelles fétichistes et des manoirs emplis de passages secrets et autres traquenard. Mario Bava sera l’un des premiers a donner le la à ce genre avec La Fille qui en savait Trop (1963) ou se profile déjà l’hésitation entre l’approche polar et la tentation de basculer dans un fantastique psychanalytique…

    [4] - Je n’ai pas vu assez de Krimi pour en disserter sans faire d’erreur.s d'appréciations. Je me contenterais donc de signaler l’existence de cette branche teutonne du Giallo aux éventuels curieux

     [5] - Les Giallos baroques tardifs useront de l'argument fantastique, le tueur se métamorphosant parfois en sorcières (Suspiria de Dario Argento) ou devenant une incarnation de la mort elle-même qui prendra dans ses rets un quidam pour se jouer de lui lors d’une longue partie de cache-cache parsemés de meurtres paroxystiques orchestrés sur des airs d'Arias (Inferno de Dario Argento). Bloody-Bird (Michele Soavi) une pièce de théâtre d'épouvante verra un authentique serial-killer se mêler à la répétition, ouvrant sur une mise en abîme du genre. Ces Giallos évolueront ensuite en s'exportant aux États-Unis pour engendrer les Slashers, plus gores, mais bien moins intéressants...

    [6] - Un peintre dont les obsessions charnelles trouvent un parfait écho dans le cinéma de Fulci qui se plaira à déformer les corps humains lors de séquences aussi cauchemardesques que poétiques.

    [7] - À propos de la fuite de Carol dans le dédale des catacombes, une scène en particulier a attiré mon attention : acculée par son agresseur, Carol s’enferme dans un débarras pour lui échapper en érigeant un échafaudage incertain pour atteindre un vasistas hors de sa portée tandis que le tueur défonce la porte à grands coups d’épaules. Ce passage trouve un étrange écho avec une séquence similaire de Suspiria de Dario Argento… tourné six ans plus tard…

    [8] - Des asticots dans Frayeurs, encore une Chauve-souris enragée dans la Maison près du Cimetière, des araignées et un chien dans l’Au-Delà, un requin dans l’Enfer des Zombis, des oiseaux dans la Malédiction des Pharaons et même des escargots dans Aenigma...

    [9] – Quelques exemples : Les demeures impossibles de Suspiria et Inferno, la Rome anxiogène de Ténèbres de Dario Argento, l’université hallucinante de Torso, etc.…

    [10] - Ce qui est loin d’être le cas sur ses autres films qui souffrent d’une manière générale d’une interprétation à la ramasse, nuisant souvent à la bonne tenue de l’ensemble.

    Bibliographie : La seule et excellente monographie que je connaisse en français sur le Giallo est celle éditée par le Web-Magazine québécois Panorama.Cinéma : Vie & mort du Giallo : de 1963 à Aujourd’hui/dirigé par Alexandre François Rousseau .- 563 p.

    dimanche 11 janvier 2015

    Éphéméride 2015. L'Année des Ordures !

    Fan-Art de Omaha, the Cat Dancer. Cliquez ici pour la version intégrale !

    Je ne m’autorise que rarement, même sur ce blog, à vous faire part des élans de mon petit cœur fatigué. Parce que soyons sincère, qu’est qu’on en a foutre de mes récriminations ?

    Néanmoins, le premier message de l’année est l’occasion de parler un peu ensemble — enfin moi tout seul surtout — en toute cordialité. Ne vous étonnez donc pas de l’aspect décousu de ce texte, je ne cherche pas à rédiger quelque chose de construit ou à vous enseigner quoique ce soit, ce qui serait grotesque.

    C’est un billet d’humeur, comme je n’en ai plus fait depuis longtemps. Avec toute sa subjectivité viscérale collée à sa peau.

    1. L’Année des Ordures.




    On se réveille avec la gueule de bois avec la France au bord de la guerre civile parce que deux connards ont décidé de faire un carton dans une salle de rédaction. Et que d’autres, les experts télévisuels encartés ouvrent grand leurs claques-merde pour commenter un événement dont nous n’aurons la substantifique moelle que dans une bonne dizaine d’années. Si tant que ne l’ayons, car les deux connards s’étant faits dégommés en mode kamikaze, il va devenir difficile de démêler le vrai de l’affabulation. Les morts ne parlent pas, n’est-ce pas ?

    Que dire de cet acte qui n’ait pas déjà été disséqué par les médias mainstreams, que je n’écoute toujours pas du reste… Mais rien ! Il n’y a rien à en dire, justement. Puisque nous n’en savons que des échos, sur quelles bases solides pourrait-on argumenter ? Aucune ! Oh ! Pourtant, ce n’est pas fini, ça ne fait que commencer, ça va continuer de nous gangréner malgré nous. Comme si le travail des sapes commis par des décennies de « crise » ne suffisait pas à amollir nos cerveaux.

    Le plus idiot dans tout cela c’est que ces malheureux dessinateurs que nous porterons hypocritement aux nus seront instrumentalisés à droite et à gauche, voire serviront de parfait porte-étendard à l’Extrême Droite,[1] cette Extrême droite rampante qu’ils n’ont jamais cessé de brocarder même au pire de leur forme ! Ironie dramatique quand tu nous tiens…

    Alors avant d’entamer de grands discours, l’œil torve empli de certitudes, l’écume haineuse à la gueule, regardez-vous un peu pour voir si votre reflet ne vous renvoie pas l’image d’un beauf à la Cabu !

    Ma seule conviction c’est que le meilleur moyen de dépasser ce bourbier est de continuer à noircir des pages, quitte à déplaire. Ceci nous a rappelé que le crayon et la plume ont conservé intacte la magie qui les entoure.

    2015 promet d’être une belle année pour les ordures. Il ne manque plus que TAFTA passe et je pourrais dire que nous allons couler dans un océan de merdes si profond que nous n’en remonterons probablement jamais.



    Une BD largement fréquentable...

    Récemment, je me demandais pourquoi je n’arrivais plus à écrire de la Scince-Fiction comme à mes balbutiements adolescents. Les derniers mois m’ont suffisamment donné de matière à vomir pour trouver un début de réponse à la question. Non pas que je n’aimasse plus la SF, mais plus les années avance et plus je découvre effaré que mon imaginaire patine par rapport à la réalité. Ce commentaire n’englobe pas la SF de type poétique dont les ressorts ont plus avoir avec la Fantasy et le Fantastique que la véritable anticipation.

    Revoyez et relisez vos classiques ! Le futur c’est maintenant ! Les pires prévisions qu’ont pu faire les auteurs des années 50-70 sont désormais bien ancrées dans notre quotidien…

    Je me rappelle qu'enivré par les trips paranos de Phillip.K.Dick et Richard Matheson, je visualisais ce moment où nous serions tous obligés de contracter 2.300 assurances tandis que nous cotiserions pour une hypothétique retraite à 80 ans. Depuis un nabot est devenu le président de la France et a explosé « le tabou des retraites. ». Sur les traces nihilistes de notre Napoléon bis, des politiciens belges veulent monter l’âge de la retraite à 69 ans...

    Comment encore faire de la SF dans ce contexte ?

    J’ai pourtant essayé plusieurs fois avec des versions space opera du personnage d’Ethel Arkady mais ces tentatives n’ont jamais abouti. Il me manquait toujours quelque chose…

    Je n’arrive plus à me projeter dans un futur, fut-il lointain ou proche. En conséquence, l’univers que je construis autour d’Arkady s’axe à la fois dans le passé et dans la dernière partie sur un présent/futur très légèrement fantasmé. Ce n’est donc pas de la SF, ni de la Fantasy… Et n’ayant pied nulle part, tout du moins je le souhaite ainsi, il m’est loisible d’écrire comme je le veux.

    La Fantasy ne se penche que rarement dans ses soubassements sur des thématiques contemporaines. Notre rapport à la technologie, aux médias et à la politique lui est presque étranger. Le prisme indispensable de la fiction par rapport à l’altérité du présent me paraît avoir été laissé en friche. Je n’ai pas la prétention d’avoir lu tout ce qui ce faisait en Fantasy ou même en SF, ce serait impossible, mais sur la majorité des productions qui me passent entre les mains, et c’est déjà un beau panel, un très petit pourcentage se préoccupe de questions ayant un rapport plus ou moins lointain avec la réalité que nous vivons.

    La littérature de genre des débuts, jusqu’à la fin des années 80[2] me paraissait en phase avec le monde qui nous entourait, que ce soit de manière très directe en exploitant une avancée technologique ou de façon bien plus métaphorique. Les déclinaisons actuelles en revanche font preuve d’une fadeur exemplaire. Comme si le moindre élément susceptible d’entraîner une réflexion en avait été soigneusement expurgé.

    Bien sûr la fiction se doit et avant tout d'être divertissante. Elle doit proposer une bonne histoire et emmener le lecteur dans son univers. Mais c’est encore mieux si elle nous amène dans son sillage à adopter un autre point de vue, qu’elle cherche à nous interroger sur notre propre nature paradoxale.

    À mon humble niveau, c’est ce que je souhaiterais obtenir. J’ai toujours ce désir de ne pas présenter un texte insipide, sans fond, qui ne reprendrait que les stéréotypes que l’on attend de tel ou tel genre. Je veux me servir des genres et non être asservi par eux.

    D’où la forme chaotique qu’adopteront les Aventures d’Ethel Arkady, chaque nouvelle pouvant sauter dans le temps, être simplement divertissante ou posséder dans ses soubassements une allusion à un sujet qui m'interpelle.

    3. La Mort programmée de la Littérature (et affiliés…).

    Le système éditorial est une vieille chose moribonde encore agitée de quelques soubresauts qui nous envoie à la face des pets chargés d’effluves nauséabonds dans le fumet desquels nous pouvons distinguer des fragrances de Marc Levy, d'Amélie Nothomb et autres mastodontes multi-récompensés.

    La fuite en avant du monde du livre me fait peur. Ça sent la naphtaline. Que ce soit dans la Littérature ou dans la BD, ça se crispe, ça coince. Les rotatives tournent de plus en plus vite. Les ouvrages n’ont pas le temps de se gagner un public à la force de leurs idées qu’ils sont éjectés, direction le pilon, pour laisser place à la dernière blogueuse à la mode, à la dernière première dame bafouée.

    Et je ne parle pas de l’horreur logistique qu’entraîne cet état de choses dans mon boulot de bibliothécaire. Même avec un budget assez conséquent, c’est impossible à suivre. C’est ubuesque. Que les auteurs publiés ne touchent plus leurs vies ne me surprend pas quand on voit que la durée d'existence d’un livre ne dépasse pas les deux mois. Certains insectes vivent plus longtemps !

    Cette surproduction étouffe la pluralité de la culture, la tue. Au final, seuls ceux qui ont une promotion digne d’un blockbuster vont réussir à surnager, là où tant d’autres crèveront. Pourtant parfois des petits éditeurs mettent les mains dans le cambouis et accouchent d'un remarquable boulot, exhumant des perles des limbes de l’histoire artistique. Je les salue au passage et les remercie.

    Reste qu’il manque à mon sens une injection de sang neuf dans tout ce bordel. Je serais bien en peine de lister toutes les aberrations systémiques qui gangrènent l’économie du livre, elles sont si nombreuses que cela donne le tournis. Je laisse à des plus patients que moi le soin de se pencher sur la question.

    Dans ce microcosme, les rondes jambes et la cooptation mènent la danse. Je n’y ai pas ma place. J’ai déjà fort affaire, pris entre mon travail alimentaire et une santé parfois déficiente pour me soucier de plaire à untel ou à untel dans le mince espoir que celui-ci daigne jeter un œil approbateur aux modestes fruits de mes efforts.

    J’ai parcouru le long du dur chemin que l’on fait suivre aux auteurs débutants en quelques occasions. Chômeur à l’époque des faits, j’ai malgré tout sacrifié mon maigre pécule sur l’autel de l’un ou l’autre festival de BDs, arpentant des allées empestant le plastique et polluées par des sourires papelards. On a fait des promesses, aucune n’a été tenue.

    Je regrette amèrement d’avoir fait ces démarches, d’avoir engagé une somme de travail, colossale, auprès de dessinateurs croyant tout comme moi dans les possibilités de l’histoire que nous mettions sur pieds. Je suis d’autant plus agacé par cette situation quand je vois les livres et les BDs indigentes qui sont vomis par ce système[3].

    Alors non ! Mes propres productions ne sont pas parfaites. Qui peut prétendre à la perfection ? Elles sont ce qu’elles sont, mais en l’état je les pense ni pire, ni mieux que ce que je peux parfois feuilleter dans les étals des librairies.

    Et si c’est le cas, si elles peuvent trouver un public, se tordre dans tous les sens pour parvenir jusqu’à toi, lecteur, pourquoi n’userais-je pas des plate-formes éditoriales disponibles sur le Oueb ?

    Car c’est peut-être dans les entrailles de silicium que joue le futur de la littérature !

    4. Et donc...


    Recherche pour la couverture de Massacre Payant...


    Donc au fil des ces quelques réflexions que je me désole de vous imposer, mais qui sont restées depuis trop longtemps coincées dans ma gorge, quelle est la suite des événements ?

    Pour certains projets en cours, je continuerais les démarches éditoriales, en sachant que les chances sont infinitésimales. Pour d’autres, et notamment tout ce qui relève du Cycle d’Arkady comme je l’appelle, ce sera peu à peu mis à votre disposition sur la grande toile d’araignée.

    Si j’ai ne serait-ce que deux lecteurs, je considérerais cela comme une victoire ! Oui, je me contente de peu, mais je ne suis pas Valérie Trierweiler.

    En outre, les récits resteront accessibles aussi longtemps que le Web perdurera. J’en imprimerais également certains pour l’une ou l’autres occasions particulières.

    Produire de A à Z une nouvelle, un fascicule est une gageure. Il est toujours préférable d’avoir derrière soi une équipe éditoriale plutôt que de faire tout le boulot soi-même. Parce qu’il apporte un œil frais, un recul et un préposé à la correction des manuscrits, l’éditeur est un auxiliaire irremplaçable. S’en passer c’est ralentir singulièrement le temps d’écriture. Mais je crains soit de n’avoir pas assez de talent, soit de ne pas être commercialement fiable pour parvenir à convaincre un éditeur. Pour le moment au moins.

    Pourtant, je suis un pathétique accroc à l’écriture. Il faut bien que les récits tentent de trouver un lectorat, qu’ils volent de leurs propres ailes, dernières fôtes d’aurtografes incluses.

    Les nouvelles que je balancerais sur le Oueb 2.00 comporteront quelques petites lacunes orthographiques. Je m’en excuse d’avance et prie les éventuels lecteurs de faire preuves d’une certaine indulgence.

    Donc les chantiers en court pour 2015 seront :

    — Blog :

    Conséquemment à mon envie de propulser mes récits dans le Oueb, ce site devrait connaître plusieurs changements significatifs.

    — BD :

    1. Monatos (Avec DuarB) : Nouveau dossier, relance des éditeurs… le scénario est complet. Si rien ne se débloque d’ici l’année suivante, nous aviserons avec le dessinateur de ce que nous ferons… Encore un peu de patience…

    2. La Foie (avec Didizuka) : Je compte finir le scénario de cette histoire qui me tient à cœur dans le courant de cette année. Pour la réalisation ce sera un quatre mains avec Didizuka, bien que je ne sache pas encore la forme que cela prendra. Un dossier sera envoyé aux éditeurs…

    3. l’Ordre Noir : J’aimerais revenir à cette aventure en solo (pour le moment), mais la BD demande énormément d'investissement. Mes conditions d’existence actuelle font que pour un tas de raisons indépendantes de ma volonté, ce temps et surtout l’énergie me manque. Pourtant, l’envie de continuer cette histoire me taraude. Le synopsis est complet, la fin écrite et j'ai quelques pages de découpages d'avance...

    — Écrits :

    1. Quelques nouvelles sont déjà presque achevées. Il ne manque que la mise en forme et des relectures par des tiers pour éliminer au maximum les maladresses. Elles comporteront outre une couverture, des illustrations intérieures. Étant par nature modestement ambitieux, je souhaite que chaque histoire ait un style graphique différent.

    2. D’ici fin Janvier je devrais pondre un roman en quelque 52 heures. Un pari un peu stupide fait dans le cadre du Projet Bradbury, initié par l'écrivain/éditeur Neil Jomunsi. Depuis quelque temps déjà j'avais envie d’obtenir un résulte probant dans des délais resserrés, mais j’ai trop souvent tendance à tourner autour du pot. Ce sera la version finale d’une nouvelle intitulée Massacre Payant dont l’intrigue renvoie autant à la crise financière de 2008. [4] j'en reparlerais prochainement...

    3. Il y aura moins d’articles sans lien direct avec mes fictions sur le blog, pour la bonne raison que leur rédaction me demande du temps, et que ce temps, je veux le récupérer pour mes nouvelles.

    4. Si je participe encore à quelques Appels à Textes ce ne sera qu’avec parcimonie, ce type de concours ne m’inspirant que méfiance. Certaines réponses reçues ayant été très peu courtoises, trop laconiques ou carrément absentes après plusieurs relances. Tous les anthologistes ne sont pas à blâmer et je ne généralise pas, mais un peu de respect pour le travail d’autrui me paraît indispensable pour entamer des relations qui ne soient pas unilatérales entre auteurs et éditeurs… Nous ne sommes pas des chiens !

    Et enfin, malgré tout,

    Une bonne année à vous tous.

    ____________________________________

    [1] - Cela fait un moment que je n’avais plus lu de Charlie Hebdo

    [2] - Qu’on me pardonne mes erreurs de datations et autres approximations, si certains d’entre vous ont quelques meilleures notions que votre humble narrateur, n’hésitez pas à combler mes manques dans les commentaires.

    [3] - Heureusement, l'on trouve de bonnes choses de temps à autre, je vous conseille de vous en remettre à ma Bibliothèque des Ombres pour plus de détails.

    [4] - Toute proportion gardée, ce n’est pas un documentaire. Cette histoire est surtout l’occasion de faire de l’œil aux genres cinématographiques du Giallo et du Slasher dont je suis très friand. Ce roman s’inscrit dans le cadre du Cycle d’Arkady et devrait donc être mis en ligne après relecture. (Il faudra quand même compter plus de 6 mois après rédaction du premier jet.)

    vendredi 8 juin 2012

    Concert des Goblin, Retour en Mélancolie

    Photographie de studio en hommage à l'esthétique des films Giallo
    et particulièrement ceux de Dario Argento. 
    Hier j'ai eu la chance d'assister avec ma compagne à un concert des News-Goblin,  groupe de rock progressif italien qui a autrefois collaboré -sous le nom de Goblin- avec Dario Argento sur ses meilleurs films. Leurs illustrations musicales donnaient un cachet très particulier à des oeuvres parfois inégales. Impossible de ne pas se souvenir des accords électrisants de "Profondo Rosso", de la mélodie obsédante de "Suspiria", sorte de comptine maléfique que l'ajout de basses et de guitares stridentes métamorphosaient en une incantation de cauchemar...



        Hélas l'ambiance n'y était pas vraiment, la faute à un public vieillissant qui ne s'est pas renouvelé au fur et à mesure des années. Tous les amateurs d'horreur italienne, qui ont découvert simultanément les excentricités géniales de Dario Argento dans les 70's ont subi en même temps la musique expérimentale des Goblin. Marqués au fer rouge (comme moi) par ces sonorités, ils se sont rendus tels des zombies à l'Ancienne Belgique pour écouter religieusement le concert. Il faut préciser que si les italiens sont peu connus sous nos latitudes, il en est autrement chez eux ou au Japon.... 

    Cadeau surprise de la soirée, la première partie consistait en une riche composition personnelle du groupe, "Roller", un album de 1976 n'ayant eu aucun succès (comme leurs premier essais Cherry 5) mais enivrant au possible ! 



    Nous avons eu le plaisir de voir les membres des New Goblins démontrer leurs talents en dépit de leur grand-âge. Il faut savoir qu'à l'origine ni le bassiste, ni le batteur  présents ne faisaient partie de la formation musicale. Ils ont remplacés les ex-membres des Goblin partis fonder un autre groupe.

    Malgré un son parfois trop présent (les basses m'ont scotché au fauteuil), la magie a fonctionné : seules comptaient les mélodies, de temps en temps illustrées à l'aide d' images baroques extraites de films. Pas de mise en scène époustouflante, de simples jeux de lumière accompagnaient les musiciens, uniquement concentrés sur leurs morceaux.


    Noyés dans la masse ou ignorés par des producteurs frileux préférant inonder le marché de soupe Star-Académiesques ou d'émules de David Getta, nous n'avons plus de grands compositeurs, musiciens, chanteurs, groupes et autres formations capables de succéder à ces talents vieillissant , ceux qui ont inventé, défriché, posé des bases (à l'heure où j'écris ces lignes, un autre grand nom de la littérature cette fois, nous a quitté, Ray Bradbury alors que Marc Levy continue sa prose....).

    Chapeau bas, messieurs !
    ******************************************************
    Pour l'anecdote, le groupe Justice a "composé" ceci... 


    « Un collage, un bon collage, est quelque chose de nouveau, même si ses éléments ne le sont pas. »
    — Alvin Toffler



     En 1980, les Goblin travaillaient sur "Ténèbres" le dernier bon film d'Argento, ce qui donnait ça.... Sans commentaire....